Les Veillées des chaumières est une publication hebdomadaire de 60 pages, créée en novembre 1877. Elle perpétue depuis l'origine la tradition du roman feuilleton, et édite par ailleurs des poésies et articles à coloration culturelle, notamment liés au patrimoine français et international.
ISSN : 0750-4039
eANNةE - HEBDOMADAIRE N° 3532
18 MAI 2022
Des Chaumières
Qui peut mieux
qu’un enfant nous arracher à toutes nos
amarres ?
Christiane Singer
|
Actualité |
par Hugues
Berthon |
Pas folle, l’abeille
Déforestation, pesticides, changement climatique, pollution
urbaine… on dirait que l’Homme fait tout pour se débarrasser de ces précieux
insectes auxquels il doit tant. Un constat qui donne le bourdon. Réagissons!
|
|
e n’est pas une lubie
buco- |
une heure. Sacrée
performance! |
des céréales et du riz, il
ne reste- |
|
|
|
lique qui a conduit
l’ONU à |
Si les abeilles
disparaissaient, c’est |
rait plus grand-chose
pour ravir |
|
|
C |
décréter le 20 mai
Journée |
une grande partie de nos
plantes |
nos papilles. Sans oublier
bien |
|
|
|
mondiale des abeilles,
mais une |
sauvages, de nos
cultures vivrières |
sûr que nous n’aurions
plus de |
|
|
|
réalité scientifique. |
et, dans une moindre
mesure, de |
miel!» Une perspective
qui fait |
|
|
|
La pollinisation des
plantes à |
nos terres agricoles qui
serait |
froid dans le dos. |
|
|
|
fleurs, c’est-à-dire le
processus |
rayée de la carte car,
sur la cen- |
Pour lutter contre la
disparition |
|
|
|
de fécondation
indispensable à |
taine d’espèces de
plantes alimen- |
des abeilles, le 20 mai,
chacun |
|
|
|
leur reproduction, se
porte mal. |
taires les plus
cultivées au monde, |
peut prendre quelques
initiatives |
|
|
|
Et pour cause, elle est
assurée |
elles en pollinisent
plus de 70 %. |
simples: diversifier ses
plantations |
|
|
|
par le transport des
grains de |
«Nous dépendons tous de
la |
au jardin ou au balcon,
bannir pes- |
|
|
|
pollen grâce au vent, à
quelques |
survie des abeilles»,
précise sans |
ticides, fongicides et
herbicides, |
|
|
|
espèces d’oiseaux, de
rongeurs, |
détour l’ONU. « Sans
abeilles, |
protéger les nids sauvages,
laisser |
|
|
|
d’insectes comme les
papillons, |
notre régime alimentaire
devien- |
dehors un récipient
propre avec |
|
|
|
mais surtout aux
abeilles. Une |
drait très monotone,
renchérit |
de l’eau, mais aussi
acheter du |
|
|
|
seule abeille peut en
effet stocker |
l’Union nationale de
l’apiculture |
miel brut aux
apiculteurs locaux, |
|
|
|
grains
de pollen sur une |
française, syndicat
apicole. Dans |
parrainer une ruche ou
soutenir la |
|
|
|
seule patte et butiner
250 fleurs en |
la pire des hypothèses, en
dehors |
reforestation. Bzzz… |
• |
|
SOMMAIRE |
Une publication du
groupe Reworld Media |
HEBDOMADAIRE N° 3532 - 18
MAI 2022
ةDITEUR
NOTRE COUVERTURE : Arroser
et regarder pousser les fleurs,
REWORLD MEDIA MAGAZINES
(SAS)
une satisfaction pour tout
jardinier !
, avenue Aristide-Briand -
92220 Bagneux
Photo : Shutterstock
Directeur
de la publication : Gautier Normand Actionnaire : Président Reworld Media
France (RCS Nanterre 477 494 371)
|
Actualité |
par Hugues Berthon |
Tél. accueil :
01-41-33-50-00 |
|
Pas
folle, l’abeille |
|
RةDACTION |
redaction.veillees@reworldmedia.com
|
Exposition |
par Antoine Bienvenu |
Directrice de la
rédaction : Stéphanie Pic |
Rédactrice en chef : Annie
Viaud
Voyage au pays des objets
précieux
Assistante de la rédaction
: Patricia Molnar
Cheffe de service fiction : Valérie Dufils
|
Nouvelle |
par Gabrielle Adam |
Secrétaire générale de la
rédaction :
|
Avares,
snobs et envieux |
Anne Dumoulin |
Première secrétaire de
rédaction :
|
Le monde
religieux |
par Karine Touboul |
Annie Touzé |
Courrier des lecteurs :
Ouarda Akdache
Anne de Guigné, l’enfant
oakdache@reworldmedia.com
qu’on appelait « la petite
sainte »
Première rédactrice
graphiste : Soifia Hanami
Rédactrice graphiste : Ouarda Akdache
|
Agenda médical |
par Sandrine
Catalan-Massé |
Iconographe : Christian
Rousselet |
|
Méfiez-vous
du syndrome de la cabane ! |
|
DIRECTION-ةDITION |
Directeur exécutif :
Germain Perinet
|
Feuilleton |
par Gabrielle Adam |
Directrice adjointe aux
activités presse : |
Charlotte Mignerey
En justes noces
ABONNEMENT ET DIFFUSION Directrice marketing direct : Catherine
Grimaud
|
Il était une fois… |
par Paul Lapaque |
Cheffe de marché senior :
Thea Ripamonti
Casablanca. اa, c’est Hollywood !
Directeur des ventes :
Christophe Chantrel
|
Nos jeux de la
semaine |
par Laurence Tournay |
SERVICE ABONNEMENT |
Tél. 01-46-48-48-99
|
Les sœurs célèbres |
par Victor Cascales |
Du lundi au samedi de 8
h à 20 h |
Mail : formulaire sur
www.serviceabomag.fr
Françoise et Catherine
Laborde,
Courrier : Service
abonnement
|
unies
pour le meilleur et pour le pire |
Les Veillées des
Chaumières |
59898 LILLE Cedex 9.
|
Feuilleton |
par Suzanne de Arriba |
FABRICATION
Les héritiers de Val-Vert
Directeur des opérations
industrielles :
Bruno Matillat
|
Cap sur… |
par Jean-Philippe Noël |
Directrice de la
fabrication : Isabel Delanoy
|
Madère,
un jardin sur l’océan |
Chefs de fabrication :
Agnès Châtelet, Daniel Rougier |
Prépresse : Sylvain
Boularand,
responsable de service ;
Christophe Guérin,
|
C’est arrivé le… |
par Astrid Delarue |
|
|
|
|
|
|
responsable de service
adjoint |
|
21 mai
1927. Charles Lindbergh |
|
|
|
|
|
|
|
Impression : Rotochampagne, |
|
réussit
la traversée de l’Atlantique |
|
|
, rue
des Frères-Garnier, 52000 Chaumont |
|
|
|
|
AFFICHAGE ENVIRONNEMENTAL |
|
Toutes vos
lettres |
par Ouarda Akdache |
|
|
|
|
|
Origine du papier |
Allemagne |
|
|
|
Taux de fibres recyclées |
% |
|
Série |
par Anne Rondepierre |
|
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|
|
Certification |
PEFC |
|
1 - Les
Paimpolaises à la plage |
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|
Impact sur l’eau |
Ptot 0,006 kg/tonne |
|
La bonne cuisine |
par Caroline Alice |
|
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|
Grandes
salades de printemps |
|
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DةPشT LةGAL : mai 2022 |
PRIX AU NUMةRO : 2,30 €
|
Nos amis les animaux |
par Karine Touboul |
N° ISSN : 0750-4039 |
N° CPPAP : 0218 K 80260
Des animaux à l’hôpital
Les manuscrits non insérés dans Les Veilléesne sont pas
rendus à
|
Allons au jardin |
par Carole Bourset |
leurs auteurs. Dans nos
textes de
fiction, toute ressemblance avec
Le chardon bleu, roi
incontesté des Alpes
des situations, des
personnes ou
des patronymes existant ou
ayant
|
|
LemuséedesVeillées |
existé serait purement
fortuite. |
Exposition
Antonio Tempesta, La Pêche
des perles aux Indes (XVI-XVIIe
siècles). Huile sur lapis-lazuli.
Voyage au paysdes
objets précieux
L’exposition Venus d’ailleurs du Louvre
offre au public un périple aux multiples surprises via des objets en matériaux
rares et précieux, importés et sublimés loin de leur pays d’origine, depuis la
plus Haute Antiquité.
|
|
es trésors fabuleux
venus de contrées loin- |
Certains ont étéfabriqués
dans unpays avant d’être |
|
|
taines: bijoux,
vases, horloges, statuettes, |
transformés,
magnifiés dans un autre. |
|
D |
services à thé,
coffrets, éventails… sont |
Ils mettent ainsi
enlumièreles échanges avec des |
|
|
exposés dans la
Petite Galerie, au cœur du Louvre. |
mondes lointains
bien avant les grandes explora- |
|
|
Ils viennent
d’Irak, Iran, Afghanistan, Chine, Inde, |
tionsduXVIesiècle.
«Le matériau signifie beaucoup |
|
|
Japon,
Papouasie-Nouvelle-Guinée, Sri Lanka, |
de choses, explique
Philippe Malgouyres, conser- |
|
|
Philippines, ةgypte, Nigeria, Soudan, Mexique |
vateur en chef au
département des objets d’art du |
|
|
mais aussi
deFrance, Espagne, ItalieouAllemagne. |
musée du Louvre et
commissaire de l’exposition. |
Sa présence loin de sa
source dessine en
pointillé
des réseaux d’échanges
que l’on connaissait
par
fois ou que l’on
ignorait. Nous voulons montrer comment les objets portent en eux-mêmes l’empreinte
complexe du monde dans lequel ils ont été produits. Les artistes choisissent de
les créer à
partir de matériaux
qu’ils n’ont pas, qui
ne sont pas disponibles
sur place, qu’il
faut donc faire venir
de loin. Parfois,
ce matériau est plus important
même
que la fonction de
l’objet ou que son iconographie. »
Colporteur (1702
1703, Allemagne). Ivoire
Des matériaux rares
d’éléphant, diamants,
|
venus de loin |
or
émaillé, argent doré. |
|
Sculptés, ciselés,
modelés… certains objets sont en |
|
|
ivoire, d’autres en
pierres et bois précieux, écailles |
|
|
de tortue,
coquillages rares, concrétions, corne… |
|
|
L’exposition met en
avant le dialogue entre maté- |
Pyxide au
nom d’Al-Mughira |
|
|
(968,
Cordoue, Espagne). Ivoire d’éléphant. |
|
riau et forme. « Elle
assume une nouvelle façon d’en- |
|
|
visager les œuvres,
dont elle dresse de véritables |
|
|
biographies, rendant
ainsi les objets plus vivants |
L’une des parties les
plus fournies de l’exposition |
|
pour les visiteurs »,
explique Jean-Luc Martinez, |
concerne les objets
fabriqués à partir des défenses |
|
président-directeur
honoraire du musée du Louvre. |
d’éléphants. L’ivoire
restant rare, il est très souvent |
|
L’un des plus anciens
de ces objets est une perle |
importé. «Nous avons
mis ce matériau en avant, car |
|
en lapis-lazuli, une
pierre outremer sculptée en |
chacun sait d’où il
vient, à la différence de certaines |
|
forme de grenouille.
Sa datation couvre une four- |
pierres », explique
Philippe Malgouyres. Son autre |
|
chette assez large,
entre 2900 et 2340 avant notre |
particularité, c’est
que sa forme détermine toujours |
|
ère. Elle a été
découverte à Tell Asmar, en Irak, qui |
la sculpture à venir.
Comme toute contrainte, elle |
|
est l’ancienne ville
sumérienne d’Eshnunna. Cette |
oblige les artistes à
faire preuve de créativité. ہ eux |
|
probable amulette
peut être rattachée à Enki, le dieu |
de jouer avec, de
tenir compte de sa courbure ou de |
|
des eaux et de la
sagesse du Proche-Orient ancien. |
ne pas en faire le
centre de leur œuvre. Un exemple |
|
Un élément de
mobilier, un pied sculpté, daté entre |
magnifique nous est
offert par une sculpture repré- |
|
-656
avant J.-C, c’est-à-dire de la XXVedynastie |
sentant saint Michel
terrassant les démons, œuvre |
égyptienne, en bois de
dalbergia melanoxylon, aussi appelé ébène du Mozambique, représente un nain
grimaçant. Il s’agit aussi d’un dieu, certainement originaire de Nubie, le dieu
Bès, devenu en ةgypte le protecteur du foyer.
La rareté, et donc la préciosité, d’un objet sont variables d’une contrée à une
autre. Dans les pays pauvres en forêts, comme l’ةgypte,
on fait venir
Petite perle en forme
|
du bois, notamment de
l’ébène. |
de
grenouille |
|
|
|
(2900-2340
av. J.-C., |
Le
rhinocéros Clara |
|
|
Irak). Lapis-lazuli. |
(XVIIIe siècle,
Allemagne). |
Porcelaine de Meissen.
Coupe : nautile monté en
orfèvrerie.
Exposition
(1617-1618, Allemagne).
Nautile,
argent, argent doré, camées.
|
d’un sculpteur
germanique actif |
|
ces objets se dessine
une coutume : |
|
à Naples vers 1 700. ہ partir |
|
dans les cours
allemandes, à la |
|
d’un unique bloc
d’ivoire, il a |
|
fin du XVIIesiècle
et au début du |
|
produit une scène
aérée. Les ailes |
|
XVIIIesiècle,
des fêtes étaient organi- |
|
des démons sont aussi
fines que |
|
sées où les gens se
déguisaient en per- |
|
du papier et leurs
queues filiformes. |
|
sonnes exerçant de
petits métiers, tenant |
|
L’artiste rappelle
l’origine du matériau en |
|
des stands de
marchands. » En observant de |
|
|
donnant une forme
incurvée à cet ensemble. |
près ce colporteur en
ivoire, on remarque que |
|
|
Un autre objet en
ivoire attire l’attention des |
son chapeau trop
grand lui couvre à moitié les |
|
|
visiteurs. Fabriqué
en Chine, il est destiné au |
yeux et lui tombe sur
le nez. Il est vêtu d’une |
|
|
monde occidental
puisqu’il s’agit d’un crucifix. |
épaisse veste et de
guêtres. On comprend que |
|
|
Il est créé avec des
techniques locales d’après |
son accoutrement
vient d’un fripier. Sa malle, |
|
|
des modèles importés,
et est des- |
qui devait être une
tabatière, s’ouvre et |
|
|
tiné à un marché
lointain. ہ |
contient encore des
surprises. ہ l’in- |
|
|
l’époque, la Chine
fabriquait |
térieur, une plaque
émaillée : l’une de |
|
|
déjà de nombreux
objets |
ses faces montre un
homme qui court |
|
|
pour l’exportation.
C’est notam- |
sur une grève. Une
inscription dans une langue |
|
|
ment le cas de ses
porcelaines. Des |
latine indéterminée
indique : Speranto mio niento, que |
|
|
millions de pièces
étaient envoyées par |
l’on peut traduire
par « l’espoir est anéanti », avec, en |
|
|
bateau vers l’Europe
et en Amérique |
arrière-plan, un
bateau qui brûle et de la fumée. Le |
|
|
aux XVII et XVIIIesiècles. |
revers indique
«Marchandise de Vigos » et présente |
|
|
|
des bagues, des
couverts, un canif, un petit miroir, |
|
|
Minutie et orfèvrerie |
|
|
|
|
trois flacons de parfum,
une lancette et un clys- |
|
|
« Ces objets ne sont
pas là pour illus- |
tère, un compas, du
ruban et des perles, une tasse |
|
|
trer l’Histoire. Ils
ont leur propre his- |
et sa soucoupe en
porcelaine, du café et du chocolat. |
|
|
toire. L’idée est de
s’arrêter pour les |
|
|
|
|
Des objets sublimés |
|
|
regarder
attentivement et écouter ce |
|
|
|
qu’ils nous racontent
», poursuit Philippe |
Parfois, dans leur
pays d’origine, les matériaux |
|
|
Malgouyres. ہ ce titre, un autre objet en |
ne valent rien. Comme
cette calebasse des Caraïbes |
|
|
ivoire est
extraordinaire. Enrichi d’or et |
montée en Allemagne
vers 1585-1615 sur une struc- |
|
|
de diamants, il
provient des collections |
ture en argent doré,
jaspe sanguin, améthyste, |
|
|
d’Ana Maria Luisa
(1667-1743), der- |
grenat et topaze. Ou
une noix de coco, montée en |
|
|
nière représentante
des Médicis. Plus |
vermeil, avec
également un travail d’orfèvre. Ces |
|
|
tard, il a appartenu
à Marie-Antoinette, |
objets exotiques ont
été rendus encore plus extraor- |
|
|
qui l’a apporté de Vienne.
Il s’agit de la |
dinaires par leur
transformation. |
|
|
représentation d’un
colporteur qui tend |
Parfois, des objets
finis sont retravaillés pour |
|
|
la main. « Au début
du XVIIIesiècle, |
devenir encore plus
extraordinaires. L’un d’eux |
|
|
l’aristocratie se passionne
pour les petits |
est un coffret en
teck couvert d’écailles de nacre |
|
|
métiers de la rue,
raconte le commissaire. |
découpées dans un
coquillage, le turbo, pêché en |
|
|
Notamment leur
représentation sous |
Inde. Cette
production artisanale, simple et relative- |
|
|
forme de petites
statuettes précieuses. |
ment sérielle,
revêtait un caractère précieux pour les |
|
|
Aussi étonnant que
cela puisse paraître, |
Européens par son
origine lointaine. ہ Paris, l’orfèvre |
|
Pied de |
|
|
|
|
des gens fortunés
achetaient ces babioles |
Pierre Mangot le
transforma en œuvre d’art unique |
|
meuble :
le dieu |
|
|
|
|
de luxe représentant
des personnes un |
de grand luxe en lui
créant une monture en 1532. |
|
Bès
(780-656 |
|
|
|
av.
J.-C., |
peu misérables,
mendiants ou rémou- |
D’autres matières issues
de la mer reçoivent |
|
ةgypte). ةbène. |
leurs. Le sujet est
rendu agréable parce |
des montures
d’orfèvrerie, comme le nautile, un |
|
|
que c’est une œuvre à
petite échelle |
céphalopode des plus
extraordinaires qui soit. La |
|
|
et qu’elle est constituée
de matériaux |
coquille de cet
animal marin est une merveille de |
|
|
très précieux.
Derrière la passion pour |
perfection
géométrique. En effet, sa croissance se |
Triptyque : Le Christ en
croix entre saint François d’Assise et saint Jérôme, la Vierge et saint Jean.
(1530-1570, Mexique).
Plumes, feuilles d’or, rehauts peints, bois, cuir.
|
fait selon une
spirale logarithmique qui se décom- |
Une exposition à
aborder comme un véritable |
|
pose en rectangles
aux proportions parfaites, le rec- |
voyage, truffé
d’objets et de découvertes étonnantes |
|
tangle d’or selon
lequel est construit le Parthénon. |
qui évoquent les
échanges entre pays éloignés. |
Fabriqués pour l’export
Antoine BIENVENU
L’histoire complexe de certains des objets n’est pas forcément
évidente au premier abord. Ainsi, Exposition Venus
d’ailleurs, matériaux
l’exposition montre
deux aiguières de bois laqué et objets voyageurs, musée du
Louvre, 75001 Paris. Jusqu’au 4 juillet.
au décor japonais,
fabriquées au Japon pour l’ex
Rens. :
petitegalerie.louvre.fr
portation. Mais leur
long col, terminé par un fin bec verseur, est d’origine perse. « Ces aiguières
devaient être exportées où ? Vers l’Europe ? Il serait bizarre d’avoir choisi
une forme qui ne parlait pas particulièrement aux Européens, remarque Philippe
Malgouyres. Ceux-ci préféraient des objets soit conçus pour eux, soit à la
forme purement japonaise. Cette formeci est perse, mais elle est courante dans
tout le monde musulman,
par exemple au
Maghreb. Aujourd’hui encore, on vend dans les souks des
aiguières en laiton de cette forme, qui existe depuis le Ve
ou le VIesiècle
et a été copiée dans
tous les matériaux, y compris la porce
laine. » On en conclut
donc que ces aiguières
furent conçues pour le
marché ottoman.
Nouvelle
Avares, snobs et envieux
|
|
h bien, dis-moi, tes
parents, ils avaient |
en tee-shirt et que
sa mère devait mourir |
|
|
déjà les moyens, à
peine fiancés, |
de chaud sous son
manteau en fourrure. |
|
E |
d’avoir une aussi
belle voiture ? |
- Tu veux visiter la
maison? éluda |
|
|
- Et regarde le
manteau de maman, du |
Mathilde. |
|
vison! |
|
Cette dernière venait
d’arriver dans la |
|
|
Mathilde avait invité
son amie Clémence |
région - où son père
avait pris la direc- |
|
|
à venir passer ce
mercredi après-midi chez |
tion d’une petite
entreprise de menuiserie |
|
|
elle, et elle avait
sorti l’album de photos de |
industrielle - avec
sa sœur, un peu plus |
|
|
famille. Sur celle
qu’elles étaient en train |
jeune qu’elle, et
leur mère, et Mathilde se |
|
|
de contempler, un
jeune couple, appuyé |
félicitait d’avoir
déjà trouvé une amie. Leur |
|
|
sur la carrosserie
d’un magnifique coupé |
nouvelle maison était
grande, lumineuse, |
|
|
Triumph, souriait à
pleines dents à l’objectif. |
et donnait sur un
grand parc arboré. Ils |
|
|
Clémence fit
remarquer en riant que des |
avaient eu la chance
de pouvoir l’acheter |
|
|
passants, à
l’arrière-plan de la photo, étaient |
car les anciens
propriétaires, très pressés |
par Gabrielle Adam
|
de vendre, en avaient
considérablement |
dans le vestibule et
ouvrit une double porte |
|
|
baissé le prix. « Une
affaire en or ! Une |
qui donnait sur une
vaste pièce vitrée sur |
|
|
bouchée de pain ! »,
s’était réjoui le père. |
trois côtés. |
|
|
Les deux adolescentes
s’engagèrent dans |
|
Clémence perçut tout
de suite un cou- |
|
le couloir. Mathilde
ouvrait une à une toutes |
rant d’air froid qui
parvint jusqu’à elle et |
|
|
les pièces. Il y en
avait huit en tout. Elle |
ne demanda pas à pénétrer
dans cette gla- |
|
|
la fit entrer dans sa
chambre où son amie |
cière. Elle montra
juste du doigt, impres- |
|
|
remarqua tout de
suite le papier peint |
sionnée, un
majestueux piano à queue qui |
|
|
défraîchi, où se
multipliaient à l’infini de |
trônait au milieu de
la salle et demanda qui |
|
|
petits oursons, ce
qui aurait mieux convenu |
en jouait dans la
famille. |
|
|
à un bébé qu’à une
fille de quatorze ans. |
|
- Oh! ma mère tapote
un peu de temps en |
|
- Nous allons le
changer, bien entendu ! |
temps. Elle était
assez douée étant jeune, |
|
|
dit Mathilde. |
paraît-il, lui fut-il
répondu d’un air faus- |
|
|
Clémence avisa
ensuite les deux lits qui |
sement distrait. |
|
|
occupaient la pièce
et s’étonna qu’avec |
|
Son amie jeta un œil
à l’horloge comtoise |
|
tant d’espace à disposition,
les deux sœurs |
qui trônait dans
l’entrée. |
|
|
n’aient pas chacune
leur chambre. |
|
- Ne t’y fie pas,
elle n’est pas à l’heure. |
|
- Louise a peur la
nuit. Tu te rends |
Elle s’est détraquée
dans le déménagement. |
|
|
compte ? ہ bientôt douze ans, elle ne peut |
|
- Mon grand frère
doit venir me chercher |
|
encore pas dormir
toute seule ! |
à cinq heures. Il
devrait déjà être là. Dis, tu |
|
|
Une porte coulissante
masquait au fond |
ne m’as pas dit que
vous aviez un portail |
|
|
de la pièce une
petite salle de bains, dont |
automatique ? Je n’ai
jamais vu comment |
|
|
les étagères étaient
vides. |
ça fonctionne. Tu me
montres? |
|
|
- Ouah! c’est le
grand luxe! Vous allez |
|
- Désolée, c’est mon
père qui a la télé- |
|
avoir votre propre
salle de bains! C’est bien |
commande. Une autre
fois ! |
|
|
pratique le matin,
quand il n’y en a qu’une |
|
|
|
et que tout le monde
se dispute pour l’oc- |
|
|
|
cuper ! |
|
lémence enfila son
manteau et, en |
|
Mathilde sourit
modestement, avançant |
|
attendant son frère,
jeta un œil à la |
|
que son père gagnait
très bien sa vie. Elle |
C |
rangée de livres, à
la tranche dorée, |
|
dit ensuite que, par
discrétion, elle ne mon- |
qui ornait un des
murs de l’entrée. Folle de |
|
|
trerait pas la
chambre de ses parents. |
littérature, elle
poussa un petit cri : |
|
|
Elles retournèrent à
la cuisine où l’album- |
|
- Oh! Tolstoï,
Balzac… tout ce que j’aime! |
|
photos était resté
ouvert sur la table. |
|
Et elle voulut
s’emparer d’un livre. Une |
|
Clémence sortit alors
d’un sac en plastique |
espèce de longue
boîte vide lui tomba dans |
|
|
une bouteille de jus
de fruits et une autre |
les mains. Elle
regarda son amie qui affi- |
|
|
de Coca-Cola. |
chait une mine un peu
dépitée. |
|
|
- Ma mère a dit que,
comme ça, on aurait |
|
- Oh ! je comprends !
C’est pour la déco ! |
|
le choix ! |
Il faut avouer que ça
fait son petit effet. Je |
|
|
- Je suis désolée, je
t’avais dit que la |
m’y suis laissée
prendre. |
|
|
mienne ferait un
gâteau, mais apparem- |
|
Un coup de klaxon se
fit entendre à |
|
ment, elle n’a pas eu
le temps. Je n’ai trouvé |
l’extérieur. En
marchant vers le portail, |
|
|
que ça dans le
placard. |
Clémence remarqua
un bassin vide et cou- |
|
|
Et elle déposa sur la
table un paquet de |
vert de mousse, dit
qu’il faudrait y mettre |
|
|
petits-beurre déjà
entamé. |
des poissons. |
|
|
Elles grignotèrent
les biscuits en papo- |
- C’est prévu,
répondit Mathilde. |
|
|
tant gaiement. |
|
Elles rejoignirent le
frère de Clémence |
|
- Oh ! je ne t’ai pas
montré le salon ! |
qui tournait,
admiratif, autour d’une impo- |
|
|
Elle entraîna par la
main sa camarade |
sante Mercedes. |
|
Avares, snobs et envieux
|
- Vieux modèle, dit
le jeune homme, mais |
- En marchant,
j’économise près de |
|
c’est de la bonne
camelote. |
quatre euros par
jour. Et même si j’achète |
|
- Oui. Papa n’arrive
pas à s’en séparer. Il |
les tickets par
carnets, je gagne quand |
|
se ruine en
réparations, mais c’est son père |
même presque quinze
euros par… |
|
qui la lui a donnée
avant de mourir, alors… |
- On a compris, papa.
Moi, j’ai faim, dit |
|
Les deux adolescentes
se firent la bise |
Louise, déjà à table. |
|
et se donnèrent
rendez-vous le lendemain |
- J’arrive, ma puce.
Juste le temps d’en- |
|
au lycée. |
lever mon costume. Il
ne manquerait plus |
|
- J’en ai marre de ne
jamais avoir de vête- |
que j’y fasse une
tache. |
|
ments neufs, à moi!
se plaignait la petite |
Il réapparut bientôt,
dans un survête- |
|
sœur de Louise, en
aidant sa mère à mettre |
ment hors d’âge, d’un
orange clinquant, qui |
|
le couvert dans la
cuisine. Tu as déjà défait |
datait, il s’en
vantait, de son service mili- |
|
deux fois l’ourlet de
la veste verte et ça se |
taire. ہ l’époque, les produits étaient de |
|
voit ! |
meilleure qualité. Il
n’y avait pas, disait-il, |
|
- Pourquoi acheter
des habits neufs alors |
cette ruineuse
obsolescence programmée. |
|
que ta sœur les a si
peu usés ? Vous n’êtes |
- Rentre tes coudes,
Louise ! Tu prends |
|
pas dans le même
établissement scolaire. |
trop de place. |
|
Alors, qui s’en
apercevra ? |
Les deux gamines,
comme souvent, |
|
« Heureusement que
nous n’avons pas eu |
se chamaillaient. Ce
soir-là, serrées sur |
|
des jumelles ! »
songeait la mère. |
la petite table en
Formica achetée dans |
|
ہ croire que la nature avait tout prévu. |
une brocante (« ça
fait vintage », avait dit |
|
- Mets de l’eau dans
la bouteille, Louise. |
Clémence), elles ne
perdaient pas une occa- |
|
Ton père va bientôt
arriver. |
sion. La mère se mit
de la partie : |
|
- Elle pue l’eau de
Javel, maman! |
- Louise, ne mets pas
tant de sucre dans |
|
Mathilde, qui
déballait une baguette de |
ton yaourt ! Ce n’est
pas bon pour la santé. |
|
pain de supermarché,
dit qu’elle avait lu |
La fillette soupira
et sortit de table en |
|
quelque part qu’en
laissant reposer l’eau |
ayant encore faim,
comme tous les soirs, car |
|
quelque temps, l’eau
du robinet perdait son |
la mère prétendait
qu’il n’était pas bon de |
|
affreux goût. |
trop manger au dîner.
Heureusement qu’il |
|
|
y avait toujours du
supplément à la cantine |
|
|
du collège, au repas
de midi. Pour un peu, |
|
a porte de la cuisine
s’ouvrit et |
les parents auraient
fait graver sur le mur |
|
laissa place au père
de famille. |
de la cuisine, tel
l’Harpagon de Molière: |
|
L |
|
|
- Tu es trempé!
Qu’est-ce qui s’est |
« Il faut manger pour
vivre et non vivre |
|
passé ? demanda la
mère. |
pour manger. » |
|
- Il s’est mis à
pleuvoir des cordes sur |
Mathilde se retira
dans sa chambre pour |
|
le trajet entre mon
bureau et la gare, et |
lire, avec la
recommandation expresse de |
|
j’avais oublié mon
parapluie, voilà ce qui |
son père de ne pas
éteindre trop tard. Les |
|
s’est passé. |
ampoules étaient
homologuées « basse |
|
- Pourquoi ne
prends-tu pas le métro ? |
consommation », mais
bon… Quant aux |
|
demanda Mathilde. Tu
gagnerais un bon |
parents, ils
s’installèrent bientôt à cette |
|
quart d’heure. |
même table de la
cuisine. Madame avait |
|
- Et je perdrais le
prix d’un ticket. Deux, |
fini la vaisselle. Il
y avait bien un lave-vais- |
|
même, si je fais
cette dépense à l’aller et au |
selle, qui faisait
partie de la cuisine inté- |
|
retour. Multiplié par
cinq jours par semaine, |
grée quand ils
avaient acheté la maison, |
|
ça fait… |
mais puisqu’elle
avait l’habitude de la faire |
|
Et, le nez en l’air,
plongé soudain dans |
à la main depuis son
mariage, pourquoi se |
|
une espèce de
ravissement, il se livrait à |
mettre maintenant à
cette pratique man- |
|
son passe-temps
favori : calculer. |
geuse d’eau et
d’électricité ? |
|
Monsieur sortit alors
d’un tiroir le fameux |
- Mais… ajouta sa
femme. J’ai laissé un |
|
carnet noir, son
fétiche, son doudou. Tous |
euro de pourboire. |
|
les soirs, il y
notait scrupuleusement les |
- Chérie ! dit le
mari avec un air de |
|
dépenses de la
journée, des uns et des |
reproche. Est-ce
qu’on te donne des pour- |
|
autres. Au début du
mois, il inscrivait en |
boires, à toi, au
bureau ? |
|
haut d’une colonne la
somme qu’il donnait |
- Je n’ai pas pu
faire autrement, je t’as- |
|
à son épouse (en
liquide, car il jugeait qu’on |
sure. Notre voisine,
pas de chance, était |
|
maîtrisait mieux les
espèces sonnantes et |
venue aussi se faire
coiffer aujourd’hui, et |
|
trébuchantes que ces
fichues cartes ban- |
elle était derrière
moi à la caisse. Elle s’en |
|
caires qui rendaient
l’argent complète- |
serait aperçue si je
n’avais pas… |
ment immatériel) pour les dépenses du ménage,
puis, chaque jour, lui demandait des comptes. Les dépenses
imprévues ou
|
exceptionnelles lui
arrachaient presque des |
En plus
d’être pingres |
larmes.
à l’extrême, les époux
tenaient à
Madame alla chercher
son porte-monnaie
où elle devait
conserver tous les justifica
afficher un certain standing
tifs de ses achats.
Elle se vanta ce soir-là
d’avoir fait de bonnes affaires au super
|
marché. Elle avait
sauté sur une promo- |
Car, en plus d’être
pingres à l’extrême, les |
|
|
|
|
’’ |
|
tion de vingt paquets
de pâtes (cela se |
époux tenaient à
afficher un certain stan- |
|
|
conserve longtemps,
n’est-ce pas) et réa- |
ding, ne serait-ce
qu’eu égard à la profession |
|
|
lisé une affaire dont
elle n’était pas peu |
de monsieur. Mais
tout ce qui était censé |
|
|
fière. Ayant pris
dans un rayon un paquet |
faire de l’effet
était faux, hors d’usage, ou |
|
|
de lentilles, elle
s’était aperçue qu’il avait un |
abîmé. Dans ce
dernier cas, on mettait en |
|
|
minuscule trou, d’où
avaient pu s’échapper |
avant « la patine
du temps ». La voiture et la |
|
|
au pire quinze
misérables lentilles. Elle s’en |
fourrure de la photo
de fiançailles avaient |
|
|
était plainte au
responsable du rayon qui, |
été empruntées, et
tant pis effectivement si |
|
|
affable, lui avait
proposé d’aller en cher- |
elle avait été prise
en été. L’essentiel était |
|
|
cher un autre. Mais
non, elle avait insisté |
d’afficher une
certaine aisance. Il manquait |
|
|
pour qu’on lui fasse
un rabais sur le paquet |
des touches au piano
du salon et la com- |
|
|
endommagé. Et, ça
avait été décidément un |
toise n’avait
jamais fonctionné, mais ils pro- |
|
|
jour faste, elle
avait trouvé plusieurs lots de |
venaient tous deux
d’un héritage et donc |
|
|
produits frais dont
la date de péremption |
n’avaient rien coûté. |
|
|
proche réduisait le
prix de moitié. Il y en |
|
|
|
avait peut-être
beaucoup, mais bon, on n’al- |
|
|
|
lait pas en mourir,
de manger des yaourts |
|
ourtant, monsieur
avait un bon |
|
dont la date serait
un peu dépassée. |
|
salaire, mais il
rognait sur tout, |
|
Pour le reste, elle
avait utilisé des bons |
P |
jamais si content que
lorsque |
|
de réduction
distribués dans la boîte aux |
les dépenses prévues
s’avéraient en fait |
|
|
lettres. |
moins importantes.
Il chérissait les écono- |
|
|
- Et puis, j’ai bien
dû aller chez le coif- |
mies, regardait
grimper les tas de grosses |
|
|
feur, ajouta-t-elle,
contrite. Tu sais, la petite |
coupures dans les
différentes cachettes |
|
|
échoppe au coin de
la rue. Mais j’ai demandé |
qu’il avait ménagées
dans la maison. En |
|
|
qu’on me les coupe
bien court. Cela tiendra |
cas de cambriolage,
n’est-ce pas, mieux |
|
|
au moins trois mois. |
valait ne pas mettre
tous ses œufs dans le |
|
|
- Bon, admit
monsieur. Combien? |
même panier, et
surtout pas à la banque, |
|
|
- Trente euros. |
en laquelle il
n’avait qu’une confiance |
|
|
Il ajouta la somme
dans sa colonne. |
limitée. Et puis,
quelle jouissance de palper |
|
Avares, snobs et envieux
|
à pleines mains son
trésor, plutôt que de |
finalement, c’était
le premier enfant qui coû- |
|
|
regarder bêtement
un chiffre augmenter sur |
tait le plus cher. |
|
|
un relevé bancaire.
Et l’odeur des billets! |
|
- Tu verrais la
nouvelle voiture de |
|
Il déployait une
ingéniosité inouïe pour |
Durandel! Elle en
jette! |
|
|
trouver des caches
qu’il changeait d’ailleurs |
|
- Encore ! mais tu ne
m’avais pas dit qu’il |
|
régulièrement.
L’essentiel était de tromper |
en avait déjà changé
l’année dernière ? |
|
|
l’éventuel ennemi.
Qui irait deviner que le |
|
- Oui. C’est
littéralement une honte de |
|
sachet marqué «
oseille » dans le congéla- |
jeter ainsi l’argent
par les fenêtres. Mais |
|
|
teur contenait cinq
mille euros ou que la |
ce qui me tracasse,
c’est qu’il occupe un |
|
|
contremarche de la
deuxième marche de |
poste bien moins
élevé que le mien. Il n’est |
|
|
l’escalier était
amovible et abritait elle aussi |
que chef de bureau.
J’ai l’air de quoi, moi, |
|
|
une coquette somme
d’argent ? |
à arriver à pied! |
|
|
Monsieur y pensait
avec un sourire extasié |
|
- Ne pourrait-on
remettre en état la voi- |
|
à chaque fois qu’il
mettait le pied dessus. |
ture de ton père? |
|
|
Et que dans la
terre de l’énorme potiche de |
|
- Malheureuse! tu n’y
penses pas. Cela |
|
l’entrée se cachait
une autre grosse liasse |
coûterait une
fortune. Non, il faudrait en |
|
|
savamment emballée
dans du plastique ? |
trouver une neuve, ou
quasi neuve, une |
|
|
Toute la vie du
couple tournait autour |
belle grosse berline
allemande! |
|
|
de l’argent. C’était
leur unique source de |
|
Madame se mit
littéralement à trembler. |
|
plaisir, et ils
étaient en train, peu à peu, |
Son mari était-il
devenu fou ? |
|
|
de communiquer leur
névrose à leur fille |
|
- Il y a des
combines. Et, au pire, je pour- |
|
aînée. Ne
disaient-ils pas que les plus beaux |
rais ne la prendre
qu’une fois par semaine, |
|
|
jours de leur vie
avaient été ceux où mon- |
juste histoire de la
montrer. |
|
|
sieur avait retrouvé
un billet de cent euros |
|
|
|
dans la poche de son
manteau, en le res- |
|
|
|
sortant de l’armoire
après la belle saison, |
|
l passa sa nuit à
consulter des |
|
ou celui où, par le
plus grand des hasards, |
|
journaux d’occasions
automo- |
|
madame en avait
trouvé un sur le trottoir ? |
I |
biles. Peu importait
l’année ou le |
|
Tremblante, elle
l’avait prestement ramassé, |
kilométrage, ce qui
comptait, c’était la car- |
|
|
et si personne ne
l’avait vue, c’était bien |
rosserie, les pneus,
les jantes. Bref, tout ce |
|
|
que le Ciel
encourageait leur manie. Ils en |
qui se voyait. On
verrait bien après. Il avait |
|
|
avaient débouché
une bouteille de mousseux |
de plus entendu
quelque part qu’on pouvait |
|
|
le soir, pour fêter
l’heureux événement. Et |
louer sa voiture à
des touristes pendant les |
|
|
quel désespoir en
revanche quand un billet |
vacances, comme on
loue une maison. |
|
|
oublié dans un
pantalon était passé dans la |
|
Les filles, ravies,
virent donc bientôt |
|
machine à laver!
Monsieur en aurait pleuré, |
revenir leur père
avec une BMW qui, effec- |
|
|
à la vue de ce pauvre
morceau de papier |
tivement, faisait
encore bonne figure. |
|
|
délavé et essoré,
quasiment déchiqueté. Ah! |
|
- Tu nous emmènes
faire un tour? |
|
c’était finalement
toute une gestion, un tra- |
demanda l’aînée. |
|
|
vail à plein temps
que de penser à tout, de |
|
- Même pas dans tes
rêves, dit Louise, |
|
parer à la moindre
éventualité, d’anticiper |
maussade. |
|
|
le pire ! Et le jour
où il avait perdu son por- |
|
La petite, au fur et
à mesure qu’elle gran- |
|
tefeuille! Il aurait
embrassé le fonctionnaire |
dissait, comprenait
tout de la maladie de |
|
|
de police qui le lui
avait rapporté intact. |
ses parents et se
doutait qu’elle était irré- |
|
|
Ils en venaient même parfois,
avec |
médiable. |
|
|
Madame, à envisager
la possibilité de mettre |
|
Elle souffrait
évidemment d’être privée |
|
en route un troisième
enfant, pour béné- |
d’à-peu-près tout ce
dont ses camarades |
|
|
ficier de la valeur
ajoutée des allocations |
jouissaient, mais
surtout de voir ses parents |
|
|
familiales à ce
stade d’une fratrie. Parce que |
s’acharner à
compter sou par sou, alors que |
|
|
leur père avait un
salaire des plus conve- |
Quand vinrent les
premiers froids, il reculait |
|
|
nables. |
de jour en jour le moment
d’allumer la chau- |
|
|
Elle était amie au
collège avec la fille d’un |
dière, comme si le
combustible était payé par |
|
|
manutentionnaire de
supermarché. Avec sa |
ses propres deniers.
Les secrétaires, gelées |
|
|
femme, caissière, ils
économisaient toute |
à force de rester
immobiles toute la journée |
|
|
l’année pour que
leurs deux enfants aient |
devant leur bureau
s’en plaignaient quoti- |
|
|
un Noël décent et
une semaine de vacances |
diennement. Il mit
alors en cause leurs vête- |
|
|
au bord de la mer en
été. Mathilde et elle |
ments trop légers. «
Mettez des pantalons |
|
|
n’avaient pour seuls
cadeaux que ceux de |
et des pulls, que
diable ! ہ la place de vos |
|
|
l’arbre de Noël du
personnel de l’entreprise |
jupes et chemisiers.
» |
|
|
de leur père, ce
dernier ayant décrété que |
Elles le prirent au
mot: il les découvrit un |
|
|
cette fête avait
perdu tout sens religieux et |
matin, toutes les
quatre, habillées de dou- |
|
|
était devenue une
simple affaire de consom- |
dounes et chaussées
d’après-ski, un gros |
|
|
mation. Combien de
fois leur avait-il répété |
bonnet de laine
enfoncé jusqu’aux oreilles |
|
|
l’histoire de sa
grand-mère qui, autrefois, se |
et d’épaisses moufles
aux mains. Les four- |
|
|
réjouissait, au
retour de la messe de minuit, |
nisseurs et clients
qui passaient riaient |
|
|
de trouver simplement
deux oranges dans |
sous cape. Il eut
beau leur demander de |
|
|
ses souliers, et de
boire une tasse de cho- |
cesser leur mascarade
et de se mettre au |
|
|
colat ? |
travail, elles
montrèrent leurs mains, signi- |
|
|
Il imposait aussi sa
folie dans son entre- |
fiant qu’elles ne
pouvaient se servir de leur |
|
|
prise, faisait régner
une stricte économie |
ordinateur ainsi
gantées. Elles menacèrent |
|
|
qui réjouissait les
actionnaires. N’avait-il |
ensuite de prévenir
leur syndicat. |
|
|
pas demandé qu’on
utilise le verso des |
La mort dans l’âme,
il descendit à la chauf- |
|
|
photocopies ratées
pour l’imprimer à nou- |
ferie et appuya sur
le bouton « marche ». |
|
|
veau? Après tout,
si c’était pour les besoins |
Entendre ronronner la
machine lui fut un |
|
|
internes de la
boîte, où était le problème? Et |
vrai crève-cœur. |
|
|
sous prétexte de
voir si tout allait bien dans |
Toute la journée
ensuite, il calcula le |
|
|
tous les secteurs,
il utilisait tous les w.-c. du |
nombre de litres de
fuel engloutis au fur |
|
|
bâtiment, dans le but
d’y dérober à chaque |
et à mesure des
heures, puis le multiplia |
|
|
fois quelques
feuilles de papier toilette. |
par le nombre de
jours de froid qui restaient |
|
|
Tel un vautour
tournant autour de sa proie, |
avant le printemps.
La somme vertigineuse |
|
|
il surveilla
pendant des semaines un chan- |
l’épouvanta. |
|
|
tier, guetta le
départ des ouvriers et se hâta |
|
|
|
d’aller ramasser les
vis, clous, boulons ou |
|
|
|
morceaux de tasseaux
qu’ils avaient aban- |
|
uis il fallut bien un
jour rendre |
|
donnés là. Le
garage de la maison était une |
|
les invitations que
lui avaient |
|
véritable caverne
d’Ali-Baba qui regorgeait |
P |
gentiment faites ses
collègues à |
|
de vieux matériel,
plus ou moins rouillé ou |
son arrivée.
Accueillir la reine d’Angle- |
|
|
cassé, mais qui, on
ne savait jamais, pou- |
terre n’aurait pas
posé plus de soucis. Avec |
|
|
vait un jour
servir. Car il sortait souvent au |
Madame, il décida de
les recevoir ensemble. |
|
|
petit matin, avant
le passage des éboueurs, |
Après tout, quand il
y en a pour six, il y en |
|
|
le jour où l’on
déposait les « encombrants ». |
a pour huit. Le menu
posa bien sûr pro- |
|
|
Il avait ainsi
déniché récemment, une vieille |
blème. Il fallait
faire chic sans dépenser |
|
|
tondeuse mécanique,
qui mettrait certes |
trop. On servirait
des filets de limande au |
|
|
longtemps à couper
l’herbe du vaste terrain, |
lieu de l’onéreuse
sole. Il y avait au congé- |
|
|
mais avait l’immense
avantage de n’user ni |
lateur un gros
gâteau, acheté en promotion |
|
|
essence, ni électricité. |
il y avait longtemps
déjà, qui ferait l’affaire |
|
|
Pourtant, son avarice
faillit une fois |
en dessert. Pour
l’apéritif, on confectionne- |
|
|
déclencher une grève
dans l’établissement. |
rait de roboratifs
canapés qui rempliraient |
|
Avares, snobs et envieux
|
déjà bien l’estomac
des convives. C’est bien |
Mais au moment de
redémarrer, il se |
|
|
connu, ce moment du
repas traîne toujours |
retourna vers la
banquette arrière : de |
|
|
en longueur et,
affamés, on se jette sur les |
grosses larmes coulaient
sur les joues de |
|
|
amuse-gueule. Quant
au vin, monsieur |
Louise. |
|
|
comptait épater les
invités avec une bou- |
- Tu me fais honte,
papa. |
|
|
teille d’excellent
bordeaux, dont un fournis- |
|
|
|
seur lui avait fait
cadeau. Et pour l’eau, il ne |
|
|
|
faudrait pas oublier
le truc de Mathilde pour |
|
out débutait bien. On
avait mis |
|
enlever le goût d’eau
de Javel. On la servi- |
|
en marche le portail
automa- |
|
rait dans la jolie
carafe en cristal offerte |
T |
tique, qui avait fait
son petit effet, |
|
par Mamie. |
madame avait revêtu
sa « petite robe noire » |
|
|
Restait l’épineux
problème du chauffage |
qui lui servait
depuis vingt ans dans toutes |
|
|
de la salle à
manger. On ne l’avait pas encore |
les occasions un peu
« habillées », bien que |
|
|
utilisée depuis qu’on
était dans la maison. |
Louise lui ait fait
remarquer une fois qu’elle |
|
|
Un bon feu dans la
cheminée, voilà qui serait |
la boudinait un peu,
et n’était plus vraiment |
|
|
bien ! Mais le bois
était hors de prix dans |
à la mode. «
Penses-tu, c’est classique! », lui |
|
|
le commerce. |
avait-elle répondu. |
|
|
- Les filles! je vous
emmène en balade |
Madame s’excusa de
devoir faire le ser- |
|
|
dans la nouvelle
voiture ! annonça-t-il |
vice, son employée de
maison ayant déclaré |
|
|
quelques jours plus
tard. |
forfait justement ce
jour-là. Mathilde sourit, |
|
|
Les gamines sautèrent
de joie, un peu |
gênée, tandis que
Louise levait les yeux au |
|
|
déçues qu’on soit à
la tombée de la nuit, |
ciel. Tout semblait
sous contrôle, on avait |
|
|
mais bon. |
verrouillé le
couvercle du piano au cas où |
|
|
Au bout de quelques
kilomètres, il s’en- |
un curieux voudrait
jeter un œil sur le cla- |
|
|
gagea dans un chemin
de terre, puis s’ar- |
vier, et balayé la
pièce dans les moindres |
|
|
rêta à proximité
d’une vieille maison, qui |
recoins. Pourquoi pas
un aspirateur? C’était |
|
|
jouxtait un énorme
tas de bois. |
un objet bruyant,
gourmand et pas spé- |
|
|
- Qu’est-ce qu’on
vient faire ici? demanda |
cialement efficace.
Comment faisaient nos |
|
|
Mathilde. |
ancêtres ? Ils se
servaient d’un balai et bat- |
|
|
- L’aider à charger
du bois, pardi, dit |
taient les tapis. Pas
besoin ici, d’ailleurs, |
|
|
amèrement Louise. |
il n’y en avait pas.
La pièce offrait en effet |
|
|
- Mais il
n’appartient plus à personne! |
une décoration des
plus minimalistes, voire |
|
|
Regardez, les volets
sont fermés. |
austère, mais les
hôtes s’en excusèrent et |
|
|
- N’empêche qu’il y a
une clôture, fit |
prétendirent n’avoir
pas encore déballé tous |
|
|
remarquer Louise. |
leurs cartons. |
|
|
Il les pressa de
descendre, enjamba le fil |
Le vin, débouché la veille,
suscita les |
|
|
barbelé et commença à
faire des allers et |
exclamations
attendues. Les connaisseurs |
|
|
retours entre le tas
de bois et le coffre de |
claquèrent la langue.
Mais une bouteille |
|
|
sa voiture,
enjoignant ses filles à en faire |
pour huit… Un invité
fit remarquer qu’il |
|
|
autant. |
lui semblait bien que
le généreux fournis- |
|
|
- Papa ! il y a de la
lumière derrière les |
seur avait donné
plusieurs bouteilles. |
|
|
volets ! chuchota
soudain Louise dans |
- Je me souviens, je
les ai vues sur ton |
|
|
l’ombre, et j’entends
du bruit. |
bureau! |
|
|
- Allez, vite! encore
une bûche chacun. |
- En effet, mais… le
bon vin doit s’aérer, |
|
|
Quelle excitation !
Monsieur était tout |
être chambré à
température ambiante. |
|
|
guilleret, ravi de
son bon coup. Après tout, |
- Eh bien,
débouche-le et on le mettra au |
|
|
il y avait là des
stères et des stères de bois. |
coin de la cheminée !
On a bien le temps ! |
|
|
Les propriétaires n’y
verraient que du feu, |
La mort dans l’âme,
monsieur redescendit |
|
|
c’était le cas de le
dire! |
à la cave et prit une
seconde bouteille dans |
|
|
|
le casier, qui ne
contenait d’ailleurs que |
- On verra, répondit
effectivement mon- |
|
|
celles qui lui
avaient été offertes. Avisant |
sieur. |
|
|
le robinet au mur, il
faillit même couper le |
- On verra quoi?
explosa Louise à l’ar- |
|
|
grand cru avec de
l’eau, mais y renonça. Ses |
rière. Toutes mes
copines ont déjà vu ce |
|
|
invités avaient
apparemment la gueule fine, |
film ! Y’en a marre,
papa, franchement ! |
|
|
comme l’avait montré
la moue discrètement |
Marre de porter des
vêtements usagés qui, |
|
|
dégoûtée d’une dame
en grignotant un toast |
en plus, sentent
parfois mauvais parce que |
|
|
qui se voulait
recouvert de foie gras. |
maman rogne sur la
lessive, marre d’user |
|
|
On parlerait
longtemps de cette soirée |
les savons jusqu’à ce
qu’ils deviennent |
|
|
dans l’entreprise,
dans le dos de monsieur, |
transparents, marrer
de tirer la chasse |
|
bien sûr. |
|
d’eau une fois sur
deux seulement… |
|
|
ne autre source de
dépense se |
|
|
|
présenta bientôt. Il
fallait bien se |
Après
lui, ce sera les pompiers. |
|
U |
rendre à l’évidence:
le lit de Louise |
|
Ces gens-là, vous leur donnez la était
devenu trop petit pour elle, au point ‘‘
que ses pieds en
dépassaient. Bon sang!
main, ils vous prennent le
bras
Quand arrêterait-elle
donc de grandir ? Mais, dans leur malheur, les époux radins
|
eurent la chance
qu’on soit en période de |
- Il faut avouer que
Louise n’a pas tout à |
|
|
’’ |
|
soldes. On se rendit
donc dans une grande |
fait tort, la coupa
Mathilde. |
|
surface d’ameublement
que monsieur affec- |
- J’ai eu douze ans
la semaine dernière |
|
tionnait car, à
l’entrée, étaient mis à dispo- |
et, comme chaque
année, vous vous êtes |
|
sition des clients de
petits crayons à papier |
contentés de me
souhaiter mon anniver- |
|
portant le nom du
magasin, pour qu’ils |
saire, sans le fêter!
Et j’en ai aussi marre |
|
notent des mesures,
par exemple. Monsieur |
de ne pas avoir
d’argent de p… |
|
en prit une pleine
poignée qu’il fourra dans |
- M…, l’interrompit
soudain monsieur, en |
|
sa poche. Non qu’il
en ait besoin, non plus |
arrivant aux abords
de la maison. Il y a le |
|
que ses filles, à qui
il en avait déjà donné |
facteur à la porte.
Sans doute pour son fichu |
|
tout un stock (que
Louise refusait d’ail- |
calendrier en échange
d’étrennes. |
|
leurs de mettre dans
sa trousse d’école |
- Il est déjà venu
deux fois cette semaine, |
|
par peur des
moqueries), mais parce que |
gémit Madame. ہ chaque fois, je n’ai pas |
|
c’était « gratuit ».
Mot magique qui mettait |
répondu. Gare-toi
derrière les buissons et |
|
toujours monsieur
dans un état proche de |
éteins les phares. |
|
l’extase. De même
qu’il adorait, en été, en |
- D’autant plus
qu’après lui, ce sera les |
|
guise de distraction,
emmener sa famille |
pompiers. Ces
gens-là, vous leur donnez la |
|
aux feux d’artifice
ou aux concerts de rue. |
main, ils vous
prennent le bras. |
|
Il était également
très fier de lui d’avoir pu |
|
|
écouler, à la quête
d’une messe d’enterre- |
Les filles revinrent
à la charge pour le |
|
ment à laquelle il
avait assisté, ses pièces de |
cinéma et il finit
par accepter. Lui seul les |
|
monnaie tchèques
que, la mort dans l’âme, |
accompagnerait, pas
besoin de payer une |
|
il n’avait pu changer
au retour d’un séjour |
entrée supplémentaire
pour madame que |
|
professionnel dans ce
pays. |
le film n’intéresserait
sûrement pas d’ail- |
|
En parlant de
réjouissances, les filles ce |
leurs. Mais les
petites en vinrent presque |
|
soir-là,
quémandèrent pour aller au cinéma. |
à regretter cette
sortie tant attendue. Une |
|
La semaine prochaine
bien sûr, car elles |
réduction étant
consentie aux moins de |
|
savaient qu’un tel
projet nécessitait toujours |
douze ans, monsieur
batailla avec la cais- |
|
une période de
réflexion de plusieurs jours. |
sière pendant un bon
quart d’heure pour |
Avares, snobs et envieux
|
|
qu’elle accepte
d’admettre que Louise |
|
- Il va manger avec
moi et nous lui trou- |
|
|
n’avait douze ans que
depuis une semaine. |
|
verons un coin pour
la nuit, dit-elle d’un |
|
|
La dame, brandissant
la carte d’identité de |
ton décidé. |
|
|
|
Louise, résistait, la
loi, c’était la loi. |
|
- Mais… commença à
protester le père. |
|
|
Devant la file
d’attente (d’où provenaient |
|
Nous ne connaissons
pas cet… |
|
|
des remarques
excédées ou ironiques) qui |
|
- Ce serait de la
non-assistance à per- |
|
|
s’allongeait, elle
finit par céder et monsieur |
|
sonne en danger,
décréta avec emphase |
|
|
se retourna vers la
foule avec un air de |
|
l’adolescente. Il
peut dormir dans mon lit. |
|
|
triomphe, tandis que
les pauvres gamines |
|
- Tu n’y penses pas!
dit la mère. Avec |
|
|
se précipitaient vers
la salle obscure. Quant |
Mathilde à côté ! |
|
|
|
à demander du
pop-corn ou des friandises |
|
- N’importe où, dit
doucement l’homme, |
|
|
à l’entracte, il n’y
fallait même pas songer, |
|
dans le garage si
vous voulez. |
|
|
cela gâtait les
dents, n’est-ce pas. |
|
- Il y gèle, dit
Mathilde. |
|
|
|
|
- Nous allons vous
installer un matelas |
|
|
|
|
pneumatique ici,
dit le père avec réticence. |
|
|
n soir d’hiver,
alors que Louise quit- |
|
La cuisine est la
seule pièce chauffée la nuit. |
|
|
tait le collège vers dix-neuf
heures, |
|
- Ce sera très bien,
merci beaucoup, |
|
U |
car elle était restée
à l’étude du |
|
affirma le protégé de
Louise. |
|
|
soir, elle aperçut à
l’arrêt du car à côté de |
|
Les parents n’en
dormirent pas de la nuit, |
|
|
la gare, un homme, un
peu hagard, grelot- |
|
guettant le moindre
bruit dans la maison. |
|
|
tant dans un mince
blouson en coton et dont |
|
Et si cet inconnu se
mettait à fureter par- |
|
|
le visage lui disait
quelque chose. Bientôt, |
|
tout, dans le but de
dérober quelque chose? |
|
|
elle le reconnut:
c’était un des agents de |
|
ہ la première heure, ils se levèrent. Le |
|
|
service du collège.
S’approchant de lui, elle |
|
matelas pneumatique
était dégonflé et soi- |
|
|
lui demanda ce qu’il
faisait là. Il répondit |
|
gneusement roulé dans
un coin, les meubles |
|
|
qu’il habitait la
banlieue opposée et avait |
|
de la cuisine remis à
leur place. L’homme |
|
raté le dernier
train. |
|
était parti. |
|
|
|
- Mais qu’est-ce que
vous allez faire ? |
|
- Sans un merci,
grommela monsieur. |
|
|
demanda Louise,
apitoyée. |
|
Voilà ce qu’on gagne
à vouloir se montrer |
|
|
- Je vais marcher
toute la nuit, made- |
généreux ! |
|
|
|
moiselle, histoire de
ne pas me refroidir. |
|
- On ne fait pas une
bonne action pour |
|
|
- Vous n’y pensez pas
! Et s’il y a un |
|
obtenir des
remerciements, dit Louise qui |
|
contrôle de police ? |
|
|
venait d’entrer.
Grâce à nous, cet homme |
|
|
Elle connaissait
l’histoire de ce pauvre |
|
n’est peut-être pas
mort de froid. |
|
|
homme : réfugié d’un
lointain pays, il avait |
|
Les parents
opinèrent. Après tout, leur |
|
|
obtenu tant bien que mal
un emploi à mi- |
|
hôte ne leur avait
coûté qu’un reste de soupe |
|
|
temps au collège, qui
lui suffisait à peine à |
et de pâtes. |
|
|
nourrir sa famille. |
|
|
|
|
|
Louise ne réfléchit
pas longtemps. Elle |
|
|
|
|
l’embarqua avec elle
dans le car, lui disant |
|
rois jours après,
tandis que |
|
|
qu’elle l’emmenait
chez elle. |
|
madame apprêtait le
dîner, elle |
|
|
Il protesta mais elle
tint bon. |
T |
aperçut par la
fenêtre une sil- |
|
|
- Maman, j’ai ramené
un pauvre homme |
|
houette qui
s’enfuyait vers le portail. Elle |
|
|
qui ne sait pas où
dormir. J’ai pensé que… |
|
eut le temps de
reconnaître leur « invité » |
|
|
Ses parents étaient
déjà en train de faire |
|
et se mit à trembler.
Son mari avait bien |
|
|
leurs comptes du
soir. Louise dînait après |
|
raison. Le voilà qui
revenait pour faire le |
|
eux ces soirs-là. |
|
|
tour de la maison,
essayer de trouver un |
|
|
Devant leur air
épouvanté à la vue de cet |
|
endroit par où s’y
introduire, dans le but |
|
|
individu basané, elle
s’arrêta. |
de les voler ! |
|
Vite! Dans un premier
temps, fermer tous
les volets.
L’avare
qui a perdu
- Maman! regarde ce que j’ai
trouvé sur le paillasson !
|
Louise entrait, les
bras chargés d’un |
son
trésor |
énorme bouquet de
fleurs.
|
- Oh ! Louise, cria
madame de loin, si tu |
L’Usage
seulement fait la possession. |
savais ce qui nous
arrive! L’étranger est
Je
demande à ces gens de qui la passion
revenu!
Est
d’entasser toujours, mettre somme sur somme,
Elle s’arrêta net à la
vue de Louise.
Quel
avantage ils ont que n’ait pas un autre homme.
- Oui, il vient
apparemment de déposer
Diogène
là-bas est aussi riche qu’eux,
cela.
Et
l’avare ici-haut comme lui vit en gueux.
Méfiante, la mère
s’approcha, retira du
L’homme
au trésor caché qu’ةsope nous propose,
bouquet une lettre, où,
en une écriture et
Servira
d’exemple à la chose.
un langage malhabiles,
leur hôte d’un soir
Ce
malheureux attendait
exprimait ses plus vifs
remerciements pour
Pour
jouir de son bien une seconde vie;
leur hospitalité.
|
Madame restait
interdite devant ce bou- |
Ne
possédait pas l’or, mais l’or le possédait. |
|
quet magnifique.
Jamais elle n’en avait vu |
Il
avait dans la terre une somme enfouie, |
|
de si gros dans sa
maison, où d’ailleurs les |
Son
cœur avec, n’ayant autre déduit |
|
fleurs étaient rares. |
Que
d’y ruminer jour et nuit, |
- Maman, tu as une idée
du prix de ce
Et
rendre sa chevance à lui-même sacrée.
bouquet ?
Qu’il
allât ou qu’il vînt, qu’il bût ou qu’il mangeât,
Bien sûr qu’elle en
avait une idée! De quoi
On
l’eût pris de bien court, à moins qu’il ne songeât
ne connaissait-elle pas
le prix ?
ہ
l’endroit où gisait cette somme enterrée.
- Tu sais ce que cela
doit représenter par
Il
y fit tant de tours qu’un Fossoyeur le vit,
rapport au salaire de
ce malheureux ?
Se
douta du dépôt, l’enleva sans rien dire.
Le ton de Louise monta
soudain :
Notre
Avare un beau jour ne trouva que le nid.
- Et quand je pense que
vous, vous cher
Voilà
mon homme aux pleurs; il gémit, il soupire.
chez à faire des
économies sur tout, êtes
Il
se tourmente, il se déchire.
incapables de la
moindre…
|
Mais Madame
n’écoutait déjà plus sa fille. |
Un
passant lui demande à quel sujet ses cris. |
|
Elle pensait qu’elle
allait diviser le bouquet |
C’est
mon trésor que l’on m’a pris. |
|
en trois, au moins,
et en apporter une partie |
-Votre trésor? où pris?-Tout joignant cette pierre. |
|
sur son bureau. Ses
collègues en seraient |
-Eh! sommes-nous en temps de guerre, |
vertes de jalousie.
Pour
l’apporter si loin? N’eussiez-vous pas mieux fait
« On me l’a livré hier,
en remerciements.
De
le laisser chez vous en votre cabinet,
Il y a des gens qui
savent vivre, n’est-ce
Que
de le changer de demeure?
pas ? »
Vous
auriez pu sans peine y puiser à toute heure.
Son mari arriva à ce
moment-là.
- ہ toute heure? bons
Dieux! ne tient-il qu’à cela? - Tu as vu? Il y a quelques fleurs
séchées.
L’argent
vient-il comme il s’en va?
Il n’y a qu’à les
retirer et les placer dans
Je n’y touchais jamais.-Dites-moi donc, de grâce, un vase dans le vestibule.
Elles tiendront
Reprit
l’autre, pourquoi vous vous affligez tant,
longtemps.
Puisque
vous ne touchiez jamais à cet argent:
Décidément, c’était une
cause perdue.
|
On ne referait pas
monsieur et madame |
Mettez
une pierre à la place, |
|
Lepingre. |
Elle
vous vaudra tout autant. |
|
FIN |
Jean de
LA FONTAINE, extrait desFables |
Le monde religieux
Anne de Guigné
L’enfant qu’on appelait «la
petite sainte»
La trajectoire hors normes
de cette enfant rebelle, disparue
voici tout juste un
siècle, alors qu’elle avait à peine 11 ans, a conduit le pape
Jean-Paul II à la déclarer vénérable, en 1990.
|
|
’est l’histoire d’une
petite |
pratiquante. ةveillée et très vive, la |
dans la plaine d’Alsace.
Anne, |
|
|
fille comme les autres,
mais |
petite fille possède
également un |
âgée d’à peine 4 ans, est
désem- |
|
C |
dotée d’une exception- |
sacré caractère.
Arrogante, colé- |
parée face au chagrin de
sa mère. |
|
|
nelle grandeur d’âme. Si,
durant |
rique, jalouse, elle mène
son petit |
«Si tu veux me consoler,
il faut être |
|
|
sa courte vie, Anne n’a
accom- |
monde à la baguette et
n’en fait |
bonne», dit à son aînée
madame |
|
|
pli aucun prodige, elle a
su don- |
toujours qu’à sa tête.
Quand ses |
de Guigné. Elle
n’imagine pas l’im- |
|
|
ner une dimension
extraordinaire |
nombreux cousins et
cousines |
pact que ces simples mots
vont |
|
|
à une existence ordinaire.
Grâce |
viennent jouer avec elle
au château |
avoir sur la fillette. Dès
lors, l’en- |
|
|
à son amour pour Jésus,
cette |
de la Cour, où elle vit,
elle en profite |
fant rebelle va peu à peu
laisser |
|
|
enfant capricieuse,
autoritaire |
pour les malmener et leur
impo- |
place à une véritable
sainte. |
|
|
et égocentrique, s’est peu
à peu |
ser ses quatre volontés. ہ l’occa- |
|
|
|
|
|
Une petite fille modèle |
|
|
muée en une vraie petite
sainte, à |
sion d’un Noël en famille,
alors que |
|
|
|
la fois douce, humble et
entière- |
son grand-père offre une
chaise de |
Son amour pour cette mère, |
|
|
ment dévouée aux autres. |
poupée à Anne et une
petite table |
qu’elle entend
réconforter par tous |
|
|
Peu après sa mort, en
1922, |
à sa cousine, folle de
jalousie, Anne |
les moyens, va devenir son
che- |
|
|
Anne acquiert une
réputation de |
pique une grosse colère et
arrache |
min vers Dieu. Mais cette
trans- |
|
|
sainteté. Deux ans plus
tard, sa |
le meuble des mains de la
pauvre |
formation ne relève en
rien du |
|
|
biographie est publiée.
Vendue à |
enfant. Elle vit très mal
la venue |
miracle. Pour lutter
contre son |
|
|
plus de 100 000
exemplaires, elle |
au monde de son frère,
Jacques, |
tempérament difficile et
deve- |
|
|
sera traduite en une
vingtaine de |
d’un an son cadet ; ses
sœurs, |
nir une bonne personne,
Anne |
|
|
langues. La sainte chérie
devient |
Magdeleine et
Marie-Antoinette, |
va faire des efforts
quotidiens et |
|
|
alors célèbre dans toute
la France, |
nées deux et quatre ans
après elle, |
s’imposer des «petits
sacrifices». |
|
|
puis dans le monde entier.
Le |
seront, en revanche, bien
accep- |
ةlevée
dans une famille très |
|
|
mars
1990, Jean-Paul II recon- |
tées. Pourtant, un jour,
elle assène |
pieuse et intéressée par
les choses |
|
|
naît ses vertus héroïques.
Ouvert |
à l’une un violent coup de
pied à la |
de Dieu, elle va puiser
cette force, |
|
|
en 1932, son procès en
béatifica- |
tête et, une autre fois,
lui jette de la |
exceptionnelle pour son
très jeune |
|
|
tion est toujours en
cours. |
poussière dans les yeux. |
âge, dans l’amour de
Jésus. «Je |
|
|
|
Mais un événement tragique |
veux donner tous mes
sacrifices |
|
|
Transfigurée |
|
|
|
|
|
va radicalement
métamorpho- |
à Marie, pour qu’au ciel,
elle les |
|
|
par la mort de son père |
|
|
|
|
|
ser cette enfant difficile
en petite |
donne à Jésus»,
écrit-elle. Sa |
|
|
Anne voit le jour le 25
avril 1911, |
fille modèle, puis en
sainte. Le |
mère raconte: «Au
moindre écart, |
|
|
dans l’ancienne commune
d’An- |
juillet
1915, alors que la Grande |
Anne était tentée de
faire son petit |
|
|
necy-le-Vieux, au nord-est
de la |
Guerre fait rage, son
père, lieute- |
sermon. Jacques
marchait-il trop |
|
|
ville d’Annecy, dans le
départe- |
nant des chasseurs
alpins, meurt |
vite pour les jambes de
ses petites |
|
|
ment de la Haute-Savoie,
au sein |
au champ d’honneur, lors
du ter- |
sœurs, Magdeleine
entrait-elle |
|
|
d’une famille aisée et
catholique |
rible assaut de la crête
du Linge, |
dans un pré pour y
cueillir des |
par Karine Touboul
sœurs. Alors que, pour Noël,
elle reçoit en cadeau des petits sol
dats de plomb - auxquels
elle tient
car ils lui rappellent son
père -, elle fait l’énorme sacrifice de les
donner aux enfants pauvres.
Pour
faire comme elle, Magdeleine
et
Marie-Antoinette décident
de faire
don, à leur tour, de leur
ours et de
leur chien en peluche. Plus
l’amour
d’Anne pour Jésus grandit,
plus
elle se détache d’elle-même
et se
montre attentive et dévouée aux autres, que ce soit sa famille,
les pauvres ou même les pécheurs. Apprenant qu’un de ses voisins,
surnommé «le vieux Louis»,
qui ne
croit pas en Dieu et ne va
jamais à
la messe, est sur le point
de mou
rir, Anne se met à prier
pour lui et
multiplie les petits
sacrifices pour
le salut de son âme. Peu
avant sa
mort, le vieillard demandera
à voir
un prêtre pour se confesser.
Mais, en décembre 1921, alors âgée de 11 ans et demi, Anne
est
Anne (1911-1922), une
enfant terrible métamorphosée en sainte.
prise de violents maux de
tête et de
fortes fièvres. Elle est
atteinte d’une
|
fleurs, Anne intervenait
et mul- |
radical, sa
mère demande à |
méningite. «Mon Dieu, je
veux tout |
|
|
tipliait les
recommandations. La |
l’évêque la permission
pour Anne, |
ce que vous voulez»,
dit-elle dans |
|
|
gouvernante lui rétorque
un jour: |
qui n’a pas encore 6 ans,
de faire |
ses prières. Et d’ajouter:
«Et gué- |
|
|
«Laissez vos sœurs
tranquilles et |
sa première communion.
Comme |
rissez aussi les autres
malades.» |
|
|
Jacques aussi. Vous les
fatiguez!» |
la fillette n’a pas l’âge
requis, le |
Alors qu’elle souffre le
martyre, elle |
|
|
Le reproche fait pleurer
Anne |
prélat lui fait passer un
petit exa- |
demande chaque jour au
médecin |
|
|
mais, très vite, elle
essuie ses |
men, qu’elle réussit haut
la main. |
des nouvelles de ses
patients et se |
|
|
larmes et dit, d’un ton
serein: «Je |
« Madame, je souhaite que
nous |
réjouit pour ceux qui
guérissent. |
|
|
vous remercie. C’est pour
que je |
soyons tous au niveau
d’instruc- |
Malgré la maladie, elle conti- |
|
|
devienne meilleure.»
Désormais, à |
tion religieuse de cette
enfant- |
nue à rendre la vie facile
et |
|
|
chaque fois qu’on lui
adresse une |
là », déclare-t-il,
émerveillé, à |
agréable à ses proches, se
sou- |
|
|
remarque, elle répond
«merci». Et |
madame de Guigné. Sur le
billet |
ciant de tous,
s’intéressant à cha- |
|
|
tout le monde admire son
humi- |
qu’elle dépose sur
l’autel, lors de |
cun. Courageuse, mais à
bout de |
|
|
lité, sa patience, sa
bonne humeur |
la cérémonie, Anne écrit:
«Mon |
forces, elle demande à la religieuse |
|
|
et son acceptation des
«observa- |
petit Jésus, je vous aime
et, pour |
qui la veille: «Ma sœur,
puis-je aller |
|
|
tions» qu’on lui fait. |
vous plaire, je prends la
résolution |
avec les anges?» «Oui, ma
belle |
|
|
|
de vous obéir, toujours.» |
petite fille», lui répond
la religieuse. |
|
|
Instruction religieuse |
|
|
|
|
|
Anne souhaite transmettre
aux |
« Merci, ma sœur, ô,
merci…» Ce |
|
|
Petit à petit, ses crises
s’es- |
autres son amour pour
Jésus. |
seront ses dernières
paroles. |
|
|
pacent, jusqu’à totalement
dis- |
Pour cela, elle commence
par |
Le 14 janvier 1922, à
l’aube, |
|
|
paraître. Face à ce
changement |
montrer l’exemple à ses
jeunes |
Anne part rejoindre les
anges. |
• |
Agenda médical
Méfiez-vous du
syndrome de la cabane !
Depuis l’épidémie de Covid, il vous arrive de vous demander à quoi
bon mettre le nez dehors quand on est si bien chez soi ? Ce serait une bien
mauvaise habitude à prendre. On vous explique pourquoi.
Ils sortent juste lors de
contraintes
extrêmes comme un examen
médi
cal, un scanner à passer,
les achats
Se sentir bien
|
à la
maison ne doit |
qui ne peuvent pas se
faire sur |
pas être confondu
Internet. Il y a eu une
sorte de ratio
avec la peur de sortir
nalisation. Dans leur
esprit, malgré
de chez soi.
le
vaccin, il y a encore un danger. » Pourtant, continuer à s’isoler alors que la
menace est passée, c’est rompre le lien social, ce qui
peut entraîner des
dépressions ou
un syndrome de glissement
chez
les plus âgés qui ne se
raccrochent
plus
à rien. S’il a été facile de se barricader à double tour, le retour à la vie
sociale se fera progressivement. Sylvie Angel nous donne quelques conseils pour
y arriver.
Lâchez les infos
Télé, Internet ou réseaux
sociaux
ont tendance à nous
surinformer.
Cette dose d’angoisse distillée
|
|
ous y avons tout le
confort, il |
amplifié les peurs
internes. Tous |
au quotidien par nos
écrans nous |
|
|
y fait bon… Tout, dans
notre |
ceux qui avaient un
terrain anxieux |
fige et nous empêche
d’aller vers |
|
N |
maison, est fait pour nous |
ont vu leurs phobies
s’accentuer |
l’extérieur. « Ne laissez
pas la chaîne |
|
|
rassurer, d’autant plus en
cette |
et, par réflexe, se sont
mis dou- |
d’info branchée en
permanence et |
|
|
période morose. « تtre bien chez |
blement au vert. |
informez-vous de ce qui se
passe |
|
|
soi n’a rien d’inquiétant,
rassure |
« Le syndrome de la
cabane, c’est |
dans le monde une fois par
jour |
|
|
la psychiatre Sylvie
Angel. Ce qui |
l’aggravation d’une
difficulté que les |
seulement », conseille
Sylvie Angel. |
|
|
peut poser problème, c’est
d’y res- |
gens avaient avant la
pandémie. ہ |
|
|
|
|
|
Soignez votre apparence |
|
|
ter constamment et de se
couper |
ce jour, j’ai toujours des
patients |
|
|
|
du monde extérieur. » La
crise du |
qui ne sont pas encore
sortis de |
Ce n’est pas parce que
vous ne |
|
|
Covid a eu bon dos. Le
repli forcé |
chez eux, raconte la
psychiatre. |
mettez pas le nez dehors
que vous |
|
|
pour se protéger de la menace
invi- |
Ils refusent tout
rendez-vous fami- |
devez rester en pantoufles
et jog- |
|
|
sible durant la pandémie a
surtout |
lial sous prétexte qu’il
est trop tôt. |
ging. « Les gens qui
n’arrivent pas |
par Sandrine Catalan-Massé
|
à se laver tous les jours
sont des |
calmer le rythme de sa
respiration, |
phrases bienveillantes et
emplies |
|
gens déprimés, a pu
constater la |
abaisser sa fréquence
cardiaque |
de bon sens. Au lieu de
dire «De |
|
psychiatre. Ils sont
victimes d’un |
et se sentir plus fort
pour affronter |
toute manière, on en a
pour des |
|
ralentissement moteur.
Tout leur |
de grosses émotions
lorsque vous |
mois», on se répète
«Aujourd’hui, |
|
coûte: se lever, se laver,
se coif- |
aurez mis un pied dehors.
Inspirez |
il y a des difficultés,
mais demain |
|
fer devient compliqué.»
Faites l’ef- |
lentement cinq secondes et
expi- |
il y en aura moins.» On
peut veil- |
|
fort chaque jour de vous
préparer |
rez cinq secondes. Ce qui
corres- |
ler à ne pas commencer une
dis- |
|
comme pour une sortie
agréable. |
pond à six respirations
par minute. |
cussion par des phrases
négatives |
|
Inconsciemment, en prenant
soin |
Faites cet exercice cinq
minutes, |
(«اa ne sert à rien de…»), et les |
|
de vous, vous revalorisez
votre |
pourquoi pas en marchant
dans la |
remplacer par des plus optimistes |
|
image et renforcez votre
confiance |
rue, dans les transports
en com- |
(«On va essayer de…»). Au
bout de |
|
en vous, celle qui vous
soutiendra |
muns ou dans la file
d’attente à la |
trois semaines de pensées
posi- |
|
dans vos tentatives de
sortie. |
caisse du supermarché. |
tives (comptez un peu
plus, car il |
y a des périodes de rechute)
votre
|
Reconnectez-vous aux
autres |
Reprenez les activités |
cerveau aura changé
d’optique.
qui vous ont fait du bien
C’est par l’interaction
sociale
Osez consulter
|
que l’humain se renforce,
échange, |
Garder des repères
quotidiens |
|
|
|
exprime et partage.
«L’absence de |
dans le cadre de sa vie
sociale et |
Quelques séances de thé- |
|
|
lien social limite
l’élaboration men- |
familiale permet de
conserver un |
rapie peuvent vous être
d’un |
|
|
tale, affirme la
spécialiste. Il n’y a |
sentiment de contrôle. Les
activi- |
grand secours. Un
psychologue |
|
|
plus d’échanges pour
dynamiser |
tés favorisent le lien
social, nous |
saura vous rassurer sur le
fait |
|
|
la réflexion. On finit par
tourner en |
donnent un objectif et
rythment |
que vous n’êtes pas le
seul à |
|
|
rond, tout seul avec ses
idées.» |
notre journée. Si vous
aviez l’ha- |
vivre ce syndrome de la
cabane. |
|
|
Si vous n’avez pas encore
le cou- |
bitude de vous rendre à la
gym ou |
Inconsciemment, les
rendez-vous |
|
|
rage de rendre visite à
vos amis ou |
au cinéma tous les mardis,
pour- |
avec votre thérapeute
seront une |
|
|
à votre famille, vous
pouvez leur |
quoi ne pas prendre un
abonne- |
occasion de mettre un
pied dehors |
|
|
demander de passer vous
voir. |
ment sans plus attendre?
S’il s’agit |
et de vous reconnecter peu
à peu |
|
|
|
d’activité physique, elle
boostera |
au monde et aux autres. |
• |
|
Fixez-vous des petits
objectifs |
|
|
|
|
|
en plus votre organisme en
favo- |
|
|
|
Inutile de brûler les
étapes en |
risant la production des
hormones |
|
|
|
voulant trop en faire (à
l’extérieur) |
du bien-être (endorphine,
dopa- |
Reconnaître
les signes |
|
|
le premier jour. Allez-y
par petites |
mine). Plus serein dans votre
tête, |
|
|
|
|
|
de
ce syndrome |
|
|
touches en tentant de
brèves sor- |
vous reprendrez confiance
en vous |
|
|
|
ties, mais tous les jours.
Pourquoi |
et en vos capacités (dont
celle d’af- |
|
|
ous ressentez une
fatigue
ne pas aller prendre son
café à la fronter le monde).
V chronique avec un besoin
terrasse d’un bistrot ou
encore
|
Pensez positif |
de dormir dans la
journée, |
pousser sa balade jusqu’à la
tout en vous réveillant
le matin
pâtisserie du quartier pour
acheSaviez-vous que nous sommes
fatigué. Vous avez
perdu votre
ter ce gâteau dont vous
raffolez? tous capables d’échanger nos
motivation, annulez des
rendez
En bonus, chacune de vos
sorties pensées négatives (celles qui nous
vous ou refusez des invitations
vous permettra de faire le
plein paralysent et nous clouent à la mai
en inventant un prétexte. Tout
de lumière (pensez à relever
vos son) contre des pensées positives,
ce qui vient de l’extérieur vous
manches quand vous êtes au
soleil) qui nous donnent le courage d’af
rend anxieux, vous commencez
indispensable pour
synthétiser la fronter l’extérieur? «C’est ce que
à ressentir de l’agoraphobie
|
vitamine D nécessaire aux
os. |
l’on appelle la plasticité
du cerveau, |
à chacune de vos brèves
sorties.
explique Sylvie Angel. Le
cerveau
Respirez!
Il est alors temps de
vous
est capable d’inverser la
tendance
poser les bonnes
questions.
|
Vous pouvez pratiquer un
peu de |
et de nous faire voir la
vie sous son |
|
cohérence cardiaque. Idéal
pour |
meilleur aspect si on lui
insuffle des |
Feuilleton
CC - HAVANG - WIKIMEDIA
COMMONS
En justes noces
|
- RةSUMة : En l’an 1913, au
château de Mareil- |
nfin ! il y a un peu
d’ambiance là- |
|
en-Vexin, la visite du
duc Théodore de Gorcy, |
haut, plaisanta
Maurice. La vieille |
|
fiancé de mademoiselle
Edmée, accompagné de |
fait son numéro. ہ la duchesse |
|
ses parents, se prépare
activement. Rodolphe, |
qui se plaignait
d’avoir parfois |
|
le frère d’Edmée, est
rentré la veille dans un |
peur dans son château
isolé, elle |
|
état d’ébriété avancé.
La comtesse douairière, |
a répondu que, pour
sa part, elle avait tenu |
|
Euphrasie de Boulaincourt,
fait une entrée remar- |
tête à vingt
Prussiens avinés qui voulaient |
|
quée. En bas, les
commentaires des gens de |
occuper le château
pendant la dernière |
|
maison vont bon train,
entre madame Vilniou la |
guerre, une nuit que
feu monsieur le comte |
|
cuisinière, madame
Serisy qui régente une partie |
était absent. Les
domestiques eux-mêmes |
|
de l’équipe, Berthe, la
nouvelle petite bonne, et |
étaient terrorisés,
mais Euphrasie, des- |
|
Adeline, la femme de
chambre de mademoiselle |
cendue en chemise de
nuit, les a mis en joue |
|
Edmée, tout le monde a
son avis sur la situation. |
avec un fusil et ils
ont fini par déguerpir. Et |
|
Si monsieur Morel reste
sur la réserve, Maurice, |
elle raconte ça en
imitant l’accent prussien ! |
|
le valet de chambre, ne
mâche pas ses mots. |
Tout le monde est
mort de rire, sauf mon- |
|
(Voir
Veillées no 3531.) |
sieur le comte, qui
est un peu gêné mais |
par Gabrielle Adam
|
qui n’arrive pas à
calmer sa mère ! Même |
puis, c’est madame
Edmée qui est venue |
|
|
Morel, debout devant
son buffet, a du mal |
me la commander
elle-même. |
|
|
à se retenir ! Bon,
ils n’ont pas roulé sous la |
- Eh bien, ça lui
fera au moins un petit |
|
|
table, ils savent se
tenir. Ils rigolent derrière |
plaisir dans la
soirée, la pauvre, dit Maurice |
|
|
leurs serviettes. |
en s’éloignant. |
|
|
- Et monsieur
Rodolphe ? demanda |
Avant de passer la
porte à battants par |
|
|
Adeline. |
laquelle il entrait
dans le saint des saints, |
|
|
- Oh ! lui… comme
d’habitude, il nous fait |
il planta un petit
doigt discret dans la gar- |
|
|
signe à tout bout de
champ pour qu’on rem- |
niture de crème
Chantilly. C’était pourtant |
|
|
plisse son verre. Sa
mère lui fait les gros |
vrai que c’était
toujours une réussite. |
|
|
yeux, mais il s’en
fiche. Monsieur le comte |
Enfin, ils
entendirent crisser sur le gravier |
|
|
lui a proposé de
l’accompagner demain pour |
les roues de la
voiture du duc qui s’éloignait. |
|
|
une visite des
fermes, que le duc veut voir, |
Il était temps, la
cuisinière, qui aidait |
|
|
et il a demandé à
quelle heure il devrait être |
Berthe à finir la
vaisselle, « sinon, on y |
|
|
prêt. Quand le comte
lui a répondu « neuf |
serait encore à Noël
», se plaignait de ses |
|
|
heures », il est
parti d’un grand éclat de rire |
jambes qui lui
rentraient dans le corps. Puis |
|
|
et a dit que c’était
dans ce cas hors de ques- |
elle défit son
tablier et éteignit les lumières, |
|
|
tion. Je vous dis pas
le froid que ça a jeté ! |
tandis que résonnait
l’appel de mademoi- |
|
|
Madame la comtesse ne
savait plus où se |
selle Edmée pour
Adeline et que monsieur |
|
|
mettre et si les yeux
de la vieille Euphrasie |
Morel, retiré dans sa
chambre, sirotait en |
|
|
avaient été des
pistolets… Bon sang, pour- |
claquant la langue,
un fond de carafe de |
|
|
suivit-il en avisant
la masse de vaisselle et |
vieux Bordeaux. |
|
|
de verres qui
s’entassaient à côté de l’évier, |
|
|
|
comment peut-on
bouffer et picoler autant ? |
|
|
|
Je n’ai pas compté le
nombre de services |
|
deline trouva la
jeune fille assise |
|
mais… |
|
dans son fauteuil
tendu de reps bleu, |
|
- Huit plats en tout,
deux desserts, et cinq |
A |
assorti aux rideaux
de sa chambre. |
|
vins différents ! le
coupa madame Vilniou. |
D’ordinaire, elle
accueillait sa femme de |
|
|
Mais en fait, ils
mangent et boivent peu. |
chambre avec un grand
sourire. Ce soir- |
|
|
- Y’aura des restes
pour nous, alors ? |
là, elle paraissait
morose et pressée de se |
|
|
- Jamais de restes
ici, tu devrais le savoir ! |
mettre au lit. |
|
|
Madame Vilniou gérait
en effet de main |
- Oh ! Adeline,
débarrassez-moi au plus |
|
|
de maître la somme
que lui allouait la com- |
vite de ce corset qui
m’étouffe. J’ai l’impres- |
|
|
tesse chaque mois. Il
n’y avait pas le moindre |
sion qu’il me serre
chaque jour un peu plus. |
|
|
gâchis. Au mieux,
elle récupérait les restes |
Quand donc nous
débarrassera-t-on de ces |
|
|
éventuels de viande
de la table des maîtres |
engins de torture ?
Je n’ai pourtant pas pris |
|
|
(si des invités
s’étaient décommandés à la |
de poids, qu’en
pensez-vous ? |
|
|
dernière minute, par
exemple) en les accom- |
- Certainement pas,
mademoiselle. Et il |
|
|
modant en hachis pour
le personnel. Mais |
paraît que ce soir,
vous vous êtes contentée |
|
|
c’était rare. De
toute façon, peu appréciaient, |
de grignoter. |
|
|
à part peut-être
monsieur Morel et Maurice |
La femme de chambre
défit la ceinture |
|
|
qui avaient le bec fin,
ces mets trop délicats |
de la magnifique robe
moirée d’Edmée et |
|
|
à leur goût. |
entreprit de délacer
sa maîtresse. La jeune |
|
|
- Bon alors, tu le
montes, ce dessert ? Tu |
fille poussa un
grand soupir de satisfaction |
|
|
crois sans doute
qu’ils vont venir le chercher |
à la fin de
l’opération. Elle demanda ensuite |
|
|
eux-mêmes ? tonna
soudain madame Vilniou. |
qu’on défasse ce
chignon « qui pesait une |
|
|
- Encore votre
charlotte aux pommes ? Ils |
tonne ». Une fois
toutes les épingles enle- |
|
|
ne s’en lassent pas,
à force ? |
vées, une cascade de
lourdes boucles brunes, |
|
|
- Apparemment non,
petit insolent ! Et |
héritées de sa
mère, tout comme l’étaient ses |
|
En justes noces
|
|
grands yeux bleus,
coula jusqu’à ses reins. |
Edmée baissa les yeux
et Adeline devina |
|
|
Adeline alla chercher
la chemise de nuit |
qu’elle avait vu
juste. |
|
|
qu’elle avait mise,
en entrant, à réchauffer |
- Oui. Oh! je sais
que c’est le lot de toutes |
|
|
sur un dossier de
chaise devant la cheminée |
les filles de ma
condition. Mais j’aimerais |
|
|
et aida Edmée à
l’enfiler. Puis elle entreprit |
qu’on mette dans la
chose un peu plus de |
|
|
de brosser sa
chevelure. |
romantisme, de
sentiments. |
|
|
|
Elle ajouta qu’elle
était pourtant de bonne |
|
|
|
volonté. ہ chaque fois qu’elle avait vu |
|
|
a jeune fille
restait silencieuse et jetait |
Théodore de Gorcy,
elle avait essayé de lui |
|
|
à Adeline dans le
miroir de doulou- |
trouver des
qualités, mais non, décidément, |
|
L |
reux regards.
Celle-ci crut com- |
elle n’y parvenait
pas. Elle le trouvait gentil, |
|
|
prendre que sa maîtresse
avait envie de |
certes, et très bien
élevé, soucieux de lui |
|
|
parler, comme elle le
faisait souvent. Mais |
faire plaisir, mais
cela n’allait pas plus loin. |
|
|
d’habitude, c’était
plutôt ses joies qu’elle |
- Et cette figure,
Adeline, mon Dieu, cette |
|
voulait partager. |
|
figure ! Et cet air
souffreteux ! Vous n’êtes |
|
|
- Quelque chose ne va
pas, mademoi- |
pas d’accord avec moi
? |
|
|
selle Edmée ? Où est
passé votre beau sou- |
La femme de chambre,
la brosse à che- |
|
|
rire? D’ordinaire,
vous rayonnez encore |
veux en l’air,
préféra éluder. |
|
|
d’énergie, même après
une longue soirée. |
- Vous serez
duchesse, mademoiselle, et |
|
|
Edmée ouvrit la
bouche puis la referma. |
riche. Vous faites
franchir à votre famille un |
|
Elle finit par dire: |
|
grand pas en avant.
Votre père, qui est la |
|
|
- Il y a que… je
m’ennuie. Papa m’interdit |
crème des hommes, ne
veut sûrement que |
|
|
de faire du cheval en
cette saison et, vous |
votre bonheur. |
|
|
le savez, rester
enfermée ou faire des tours |
- Je sais. Et je me
dis que je dois bien ça |
|
|
à pied dans le parc
ne me convient guère. |
à mes parents. Quand
je croise parfois au |
|
|
Accompagner maman
dans ses visites non |
village des filles de
mon âge, je me dis que |
|
plus. |
|
beaucoup voudraient
sûrement avoir eu mon |
|
|
- Le printemps sera
bientôt là. Vous |
existence. Mais en ce
qui me concerne, le |
|
|
pourrez bientôt aider
le vieux Marcel au |
prix à payer est
plutôt lourd. Et mon père |
|
|
jardin, reprendre vos
courses dans la cam- |
pense sûrement qu’il
ne peut guère compter |
|
|
pagne et me désespérer
en salissant vos |
sur Rodolphe pour
prendre dignement sa |
|
|
robes à un point
inimaginable ! |
suite… |
|
|
Cette remarque amena
un vague sourire |
Des larmes perlaient
à ses cils. Elle se |
|
|
sur le visage fermé
de la jeune fille. |
reprit et, avisant la
pendulette sur la che- |
|
|
- Pourquoi
n’allez-vous pas à Paris? Tiens, |
minée, elle s’écria: |
|
|
vous acheter de
nouvelles tenues ? |
- Mon Dieu ! je vous
fais veiller bien tard, |
|
|
- J’en ai déjà tant,
Adeline, que je les use |
Adeline ! Pour me
faire pardonner et vous |
|
|
à peine ! Je ne sais
plus quoi en faire. |
remercier de m’avoir
écoutée, je vais vous |
|
|
Un bruyant soupir
souleva sa poitrine. |
donner une robe. Il y
a longtemps que j’y |
|
|
- تtes-vous sûre qu’il n’y a que cela qui |
pense et, je vous
l’ai dit, je n’arrive pas à |
|
|
vous tourmente? Après
tout, vous n’avez |
les user. |
|
|
pas changé de vie
depuis l’hiver dernier et |
Elle se dirigea vers
sa grande armoire et |
|
|
vous vous en
accommodiez. Souvenez-vous, |
fourragea dans la
masse de vêtements. |
|
|
vous vous amusiez à
aller vérifier chaque |
- Tenez, celle-là.
Elle est magnifique. Je ne |
|
|
jour l’état des
chemins et vous alliez rendre |
l’ai portée qu’une
fois, au dernier bal chez |
|
|
visite à votre cheval
en revenant. |
les Gorcy justement. |
|
|
- C’est vrai… Mais il
s’est passé quelque |
Elle tendait à
Adeline une magnifique |
|
|
chose depuis l’hiver
dernier. |
robe crème, brodée de
minuscules perles. |
|
|
- Vous voulez parler
de vos fiançailles ? |
- C’est très gentil à
vous, mademoiselle, |
|
mais… je n’aurai jamais
l’occasion de porter |
dans cette affaire,
poursuivit-il, en ce qui |
|
une telle splendeur. |
concerne
l’agrandissement de nos terres |
|
- Oh ! mais bien sûr.
Pardonnez-moi si je |
par les siennes, qui
sont mieux situées et |
|
vous ai froissée.
Celle-là alors ? |
donnent davantage.
Alors, il essaie de faire |
|
Elle sortit cette
fois une robe en lainage |
monter les enchères. |
|
gris, moins ajustée,
qu’elle mettait parfois |
La comtesse le
regardait d’un air amusé. |
pour ses promenades.
- Je pourrai porter
celle-là, en effet. Merci
beaucoup, je ne sais
comment…
Mon Dieu, Henri, ne sommesJe suis plus grande que vous,
mais avec
vos talents de
couturière, vous saurez sûre
nous pas en train de
sacrifier notre
ment l’ajuster à votre
taille.
Adeline, rose de
plaisir, sortit de la
fille ? Elle si gaie, si
vivante !
chambre en souhaitant
une bonne nuit à sa jeune maîtresse.
- Eh bien! n’est-ce pas
ce que votre propre
’’
père a fait avec le
mien ? Avouez que la for
|
|
e l’autre côté de la
cloison (les che- |
tune des Epstein a
bien servi les intérêts de |
|
|
minées des deux
chambres parta- |
votre domaine, qui
périclitait quelque peu |
|
D |
geaient le même
conduit), la soirée |
si je me souviens
bien ? |
|
|
était commentée par
les maîtres de maison |
Le comte rougit
légèrement. |
|
|
et rendait un autre
son de cloche. Eugénie |
- Je ne nie pas que
notre mariage ait été, |
|
|
Epstein reposait déjà
sur les oreillers de |
entre autres, un
mariage d’intérêt. Mais je |
|
|
son immense lit.
Vingt-cinq ans plus tôt, |
suis très vite tombé
follement amoureux de |
|
|
Henri de Boulaincourt
l’avait enlevée à sa |
vous, et je le suis
encore, je vous l’assure. |
|
|
riche famille de
banquiers parisiens pour |
Il prit tendrement la
main de sa femme |
|
|
en faire une
comtesse. Il ne pouvait que |
dans les siennes,
puis, pris d’un doute, il |
|
|
s’en féliciter car, à
presque cinquante ans, |
demanda, inquiet : |
|
|
elle était encore
considérée comme une des |
- Et vous, vous ai-je
rendu heureuse ? |
|
|
plus belles femmes
de la région. On admirait |
- Oui, je peux vous
l’assurer. |
|
|
aussi la tenue
parfaite de sa maison. Lorsque |
Elle marqua un temps
d’arrêt, puis se |
|
|
le comte fit son
entrée dans la chambre, |
rembrunit. |
|
|
il s’assit sur le lit
et commença d’ailleurs |
- Mais vous étiez
plus séduisant que le fils |
|
|
par se féliciter de
la réussite de la soirée. |
Gorcy. Mon Dieu,
Henri, ne sommes-nous |
|
|
Rompus tous deux à ce
genre d’exercice par |
pas en train de
sacrifier notre fille ? Elle si |
|
|
leur éducation et la
longue pratique qu’ils |
gaie, si vivante!
Il semble ne vouloir que son |
|
|
en avaient, leurs
réceptions étaient rare- |
bien, mais il y a
certains aspects du mariage, |
|
|
ment ratées. Décidément,
Morel, le maître |
tout de même
importants, qui risquent de… |
|
|
de cérémonie, était
une perle rare, que beau- |
Le comte semblait ne
pas vouloir prendre |
|
|
coup de nobles des
environs leur enviaient |
en compte lesdits
aspects, mais avoua du |
|
|
d’ailleurs.
Toutefois, les deux époux sem- |
bout des lèvres qu’il
en était conscient. Il |
|
|
blaient moins
enthousiastes que d’habitude. |
revint bien vite aux
aspects économiques |
|
|
Le comte évoqua ce
qui s’était dit entre le |
de ce mariage. |
|
|
vieux duc et lui quand
les dames s’étaient |
- Le vieux duc
partage le même point de |
|
|
retirées au salon.
Gorcy avait, dit le comte, |
vue que moi sur la
gestion d’un domaine et |
|
|
contrarié, ramené sur
le tapis la question de |
le transmettra
sûrement à son fils. |
|
|
la dot d’Edmée, qu’il
le poussait depuis des |
- Eh bien, justement,
est-ce une bonne |
|
mois à augmenter. |
|
chose ? |
|
|
- Il sait que j’ai
plus à gagner que lui |
Henri de
Boulaincourt soupira : on |
En justes noces
|
touchait là la seule
pomme de discorde entre |
catarrheux de fiancé.
Avant de s’endormir |
|
les deux époux.
Eugénie reprochait souvent |
tout à fait, elle se
retourna vers son mari : |
|
à son mari d’avoir
une vision trop conser- |
- Et Rodolphe ? son
mode de vie ne t’in- |
|
vatrice des choses,
de mener ses affaires |
quiète pas ? |
|
trop prudemment, en
ne se risquant pas, |
- Un problème à la
fois, ma chère. |
|
par exemple, dans des
placements plus aléa- |
- Hum, Hum… |
|
toires, certes, mais
infiniment plus juteux en |
Le raclement de gorge
caractéristique s’en- |
|
cas de réussite. Il
était encouragé en cela par |
tendit depuis le fond
du couloir. Monsieur |
|
la comtesse
douairière, qui ne semblait pas |
Morel faisait son
entrée dans la cuisine. |
|
voir le temps passer
autour d’elle et en était |
Même quand il
s’agissait d’une journée ordi- |
|
restée aux valeurs,
dans bien des domaines, |
naire, il ne pouvait
s’empêcher d’amplifier le |
|
de l’Ancien Régime.
Ne se vantait-elle pas |
moindre événement
qui aurait pu contrarier |
|
souvent d’avoir
fréquenté le dernier roi de |
l’apparence de mécanique
bien huilée qu’il |
|
France et d’avoir été
reçue dans nombre de |
s’attachait à donner
à la maison. Sa vie était |
|
cours d’Europe?
Tandis qu’Eugénie, élevée |
un véritable drame et
il était, malgré son |
|
dans le monde risqué
de la finance, avait |
calme apparent,
perpétuellement sous ten- |
|
davantage le goût de
l’aventure. |
sion. Une des
cinquante horloges qu’on avait |
|
- Laissez-moi faire
comme je l’entends. |
oublié de remonter,
un tapis qui se déclouait |
|
L’essentiel est, qu’à
ma mort, le domaine |
dans un escalier, une
pièce d’argenterie mal |
|
n’ait rien perdu de
sa valeur. Occupez-vous |
astiquée, le
mettaient dans tous ses états. |
|
de vos bonnes œuvres. |
Ce qui donnait lieu à
des échanges, cour- |
|
|
tois, mais vifs, avec
son double féminin, qui |
|
|
elle, faisait preuve
d’autant d’efficacité tout |
|
uand il fronçait
ainsi les sourcils et |
en gardant un calme
olympien que mon- |
|
que son menton se
mettait à trembler, |
sieur Morel prenait
pour de l’indifférence. |
|
Q |
|
|
mieux valait opérer
un recul straté- |
Il l’invita ce jour-là,
une semaine après le |
|
gique. Il se calma et
prit un ton plus dégagé. |
fameux dîner, à le
suivre dans son bureau, |
|
- Et puis, Théodore
ne m’a pas l’air d’une |
avec un air de grand
mystère. |
|
santé très
florissante… |
- Madame Serisy,
commença-t-il en l’in- |
|
Eugénie s’indigna : |
vitant à s’asseoir
dans le fauteuil de l’autre |
|
- Oh ! à quoi
pensez-vous donc, Henri ? |
côté de sa table.
Vous me voyez très ennuyé. |
|
- ہ la même chose que vous, ma chère. |
Il croisa ses mains
sur son ventre. |
|
Des bruits courent
selon lesquels il aurait |
- Voilà l’objet de
l’entretien auquel je |
|
de sérieux problèmes
cardiaques et respi- |
vous ai convié. Oh!
rien de grave en soi, |
|
ratoires, il a eu le
croup, enfant, ce que ses |
j’en conviens, mais
voyez-vous, c’est le genre |
|
parents minimisent
bien sûr. Croyez-moi, il |
de détail qui peut
nuire à notre famille. |
|
vaut mieux hâter le
mariage. La duchesse |
- تtes-vous donc parent avec monsieur le |
|
semblait d’accord
pour cet été, non? D’autant |
comte pour toujours
vous associer ainsi aux |
|
plus qu’avec ces
rumeurs de guerre… |
Boulaincourt ? |
|
La comtesse ne
semblait pas au courant. Elle |
- Non, bien sûr que
non. Mais, voyez-vous, |
|
ne parcourait que des
catalogues de mode. |
c’est la seule
famille que j’aie jamais eue et |
|
- Les guerres dans
les Balkans inquiètent |
je m’y dévoue corps
et âme, en y mettant |
|
beaucoup et l’Europe
semble sur une pou- |
toute mon énergie,
toute ma bonne volonté |
|
drière. |
et, oserais-je le
dire, toute mon intelligence. |
|
Quittant sa robe de
chambre, il rejoignit |
Le moindre grain de
sable dans la machine |
|
sa femme dans le lit,
tandis qu’Eugénie, le |
peut enrayer tout le
système, et nous risque- |
|
cœur serré, revoyait
en pensée les tristes |
rions de courir à la
catastrophe. Madame |
|
regards de sa fille
au dîner et les sourires |
la comtesse
douairière me disait encore |
|
contraints qu’elle se
forçait à adresser à son |
l’autre jour: «
Morel, vous êtes l’âme de cette |
|
maison et je suis
sûre que vous hanterez le |
n’empêche. Vous
devriez mieux tenir vos |
|
|
château quand vous
serez… » |
filles. |
|
|
- Ah! vous l’aimez
bien aussi, la vieille |
L’intendante assura
qu’elle réglerait ce |
|
|
comtesse ! dit en
riant l’intendante. |
problème capital de
quelques millimètres |
|
|
Le majordome lissa
son bedon d’une main |
de poussière au plus
vite, tandis que Morel |
|
|
satisfaite. |
contournait
précipitamment son bureau |
|
|
- J’avoue que, sans
dire qu’elle m’honore |
pour remettre en
place son encrier, déplacé |
|
|
de son amitié, nous
partageons souvent un |
lui aussi de quelques
millimètres quand elle |
|
|
même point de vue sur
les choses, et qu’elle |
s’était levée. Puis
il quitta son bureau, se |
|
|
me témoigne des
marques non pas d’affec- |
demandant où il
pourrait aller fouiner pour |
|
|
tion, non, chacun à
sa place, mais, comment |
trouver quelque chose
à parfaire. Mais tout |
|
|
dire, d’une certaine
complicité. Je sens sou- |
était en place,
calme. |
|
|
vent dans ses propos,
toujours formulés par |
La journée n’offrait
aucun événement par- |
|
|
ailleurs dans la
langue la plus exquise… |
ticulier où exercer
sa méticulosité et le coup |
|
|
- Monsieur Morel,
venons-en aux faits. Je |
de feu du déjeuner
était encore loin. Mais il |
|
|
devrais déjà être
dans la bibliothèque où la |
avait entendu ce
matin le comte évoquer au |
|
|
comtesse m’attend
pour les comptes du mois. |
petit-déjeuner une
possible visite de l’arche- |
|
|
- J’y viens, j’y
viens. Figurez-vous qu’hier |
vêque dans les
semaines à venir. Il en fré- |
|
|
soir, pendant le
dîner, mes yeux sont tombés |
tillait d’avance.
Mais en attendant… tiens, |
|
|
sur la petite console
à gauche de la porte. |
s’il allait faire le
compte des bouteilles à |
|
|
Vous savez, le
cadeau de mariage du marquis |
la cave? Il y avait
bien une semaine qu’il |
|
|
d’Angevillers au
comte et à la comtesse. Fort |
n’avait pas mis le
nez dans les registres. |
|
|
belle pièce, par
ailleurs. Elle supporte un |
|
|
|
vase de vieux Chine,
d’une rare valeur, lui |
|
|
|
aussi, provenant je
crois de la dynastie Ming. |
|
ais en passant devant
la cuisine, où |
|
L’intendante
commençait à marquer des |
|
il jeta, par acquit
de conscience un |
|
signes d’impatience
évidents. |
M |
bref regard, son zèle
trouva sou- |
|
- Eh bien, le vase,
pour quelle raison, je |
dain matière à
s’exprimer. ہ côté d’un tas de |
|
|
l’ignore, a été
déplacé de quelques centi- |
légumes à demi
épluchés, madame Vilniou |
|
|
mètres et le rond
laissé par son socle dans |
et Berthe
s’extasiaient devant un chaton à |
|
|
le marbre fait
apparaître, c’est une vétille, je |
qui elles venaient de
donner du lait dans |
|
|
vous le concède,
une fine couche de poussière. |
une soucoupe. |
|
|
- C’est tout? C’est
pour me dire cela que |
Tel Jupiter tonnant,
il entra. Maurice, |
|
|
vous me faites venir
dans votre bureau en |
qui lisait son
journal dans un coin, se leva |
|
|
pleine journée ? |
paresseusement. |
|
|
- Je proteste,
madame Serisy, je proteste… |
- Hum, Hum !
quelqu’un peut-il m’expli- |
|
|
Son teint, déjà
sanguin, s’animait. Imaginez |
quer ce que fait
cet animal dans la cuisine? |
|
|
une seconde que les
yeux de madame la |
- Oh ! monsieur
Morel, regardez comme |
|
|
comtesse, qui est
placée juste en face, soient |
il est mignon! dit
Berthe, ébahis devant les |
|
|
tombés dessus ? |
grands yeux bleus. |
|
|
- C’est certain que
vos regards insistants à |
- Je n’en disconviens
pas, mais une bête |
|
|
cet endroit auraient
pu attirer son attention! |
à poils n’a rien à
faire dans un endroit où |
|
|
- Ou bien, pire, je
n’ose l’imaginer, qu’un |
la propreté la plus
rigoureuse doit régner. |
|
|
des invités de la
soirée Gorcy s’en soit aperçu? |
Berthe, je vous
prierais de mettre votre chat |
|
|
- Eh bien! si le
mariage de mademoiselle |
dehors. |
|
|
Edmée est annulé, on
saura pourquoi, mon- |
- Berthe n’est pas
responsable, monsieur |
|
|
sieur Morel,
répondit l’intendante sans ciller. |
Morel, intervint
Maurice. C’est moi qui ai |
|
|
Le majordome sembla
peu apprécier ce trait. |
ramené ce chat du
village où il allait être noyé… |
|
|
- Il n’empêche,
madame Serisy, il |
|
(à suivre) |
Il était
une fois…
Casablanca
اa, c’est
Hollywood!
Réalisé dans la hâte, avec
un scénario boiteux,
un metteur en scène caractériel, une star alcoolique et des
décors de carton-pâte, ce classique fête ses 80 ans. Mais par quel miracle ce
projet hasardeux est-il devenu un chef-d’œuvre?
|
|
’histoire de
Casablancacommence loin, très |
scénariste sous
contrat avec |
|
|
|
loin du Maroc.Nous
sommes sur l’autre rive de |
la Warner, chargé
de déve- |
Un duo |
|
|
|
|
inoubliable
pour |
|
L |
l’Atlantique, fin
1941. L’Amérique, ébranlée par |
lopper sa dimension politique |
|
|
|
|
|
une histoire |
|
|
l’attaque des
Japonais sur Pearl Harbor, vient d’en- |
avant d’être transmis à Casey |
|
|
|
|
|
mêlant
amour |
|
|
trer en guerre. Or,
Roosevelt entend bien mettre les |
Robinson, qui doit étoffer l’as- |
et
Résistance. |
|
|
studios de Hollywood
à contribution. ہcharge pour |
pect romantique du
récit. |
|
eux de produire
fictions et documentaires destinés
Un casting initial
à motiver les troupes
et àdénoncer l’idéologienazie.
surprenant
Heureux hasard, l’une
des têtes chercheuses de
|
la Warner, toujours
en quête de nouvelles idées de |
Au printemps 1942,
après |
|
scénarios, tombe à
New York sur Everybody Comes |
êtrepasséedemainenmain, la |
|
to
Rick’s(«Tout le monde vient chez Rick»), une |
trame du film se dessine:
Rick, |
|
pièce de théâtre
inspirée par le destin d’émigrés |
unAméricaincyniqueexpatrié |
|
fuyant le régime
nazi, dont on suit les pérégri- |
à Casablanca, voit
débarquer |
|
nations de
Marseille à Casablanca. Très vite, la |
l’un de ses amours
d’antan, |
|
pièce atterrit sur
le bureau du producteur Hal B. |
Ilsa, qu’il n’est
jamais parvenu |
|
Wallis, qui saisit
d’entrée le potentiel de l’histoire. |
à
oublier.Détailfâcheux,elleestaccompagnéedeson |
|
Il en achète donc
les droits, déboursant 20000 dol- |
mari, Victor, résistant
tchèqueactivement recherché |
|
lars, somme record
à l’époque. Reste à l’adapter |
par les Nazis. Un
choix s’impose à lui: céder à sa |
|
pour le cinéma.
Première retouche: le titre. Wallis |
passion ou tout
risquer pour aider le couple à fuir. |
|
le trouve trop peu
romanesque. Ce sera donc |
Romancehaletante, suspense,
combat antinazi, tout |
|
Casablanca,qui
conjugue exotisme et tension, la |
y est… sauf la fin!
En effet, la production n’arrive |
|
ville étant alors contrôlée par
le gouvernement de |
pasàsedécidersurledénouement. Or,
Hal B. Wallis |
|
Vichy. Il confie le script aux
frères Julius et Philip |
le sait, le temps joue contre
lui: la perspective d’une |
|
Epstein, qui ont déjà signé une
poignée de succès |
invasion alliée de
l’Afrique du Nord semble chaque |
|
pour la Warner et
sont réputés pour leur ironie |
jour plus proche et Casablancadoit
impérativement |
|
mordante. Certes,
ils sont volontiers fêtards, |
sortiravant. Il faut donctourner.
Et vite. Peuimporte |
|
indisciplinés et
possèdent une notion très per- |
la fin du film, on
l’écrira sur le plateau! |
|
sonnelle des
horaires de travail, mais c’est à eux |
Dès lors, priorité
est donnée au casting. Pour le |
|
que l’on doit les meilleures
répliques du film («De |
rôle de Rick, la
Warner songe à Ronald Reagan, qui |
|
quelle nationalité
êtes-vous?» - «Je suis alcoo- |
décline, car il
doit accomplir son devoir militaire. |
|
lique.»). Aussi
brillant soit-il, le script des frères |
Le choix se porte
sur Humphrey Bogart, arché- |
|
Epstein n’est pourtant, aux yeux
du studio, qu’un |
type du dur à
cuire, qui vient de triompher dans |
|
premier jet. Il est
donc confié à Howard Koch, |
Le
Faucon maltais.Pour Ilsa, le studio approche |
par Paul Lapaque
restituée avec un soin maniaque par Michael Curtiz. Réalisateur
chevronné et technicien hors pair, il maîtrise toutes les ficelles de
l’illusion,
fussent-elles improbables. Ainsi,
pour une scène
majeure, alors qu’il avait demandé un avion, il découvre en
arrivant sur le plateau une maquette en carton, bien plus petite qu’un modèle
réel! Qu’à cela ne tienne. Le cinéaste recrute des nains pour jouer les
mécaniciens au sol et noie l’appareil dans un brouillard artificiel. De même,
afin
d’éviter qu’Humphrey Bogart, qui
mesure une tête
de moins que sa
partenaire, n’ait l’air trop petit à l’écran, il improvise pour l’acteur un
marchepied
et des coussins adaptés. Enfin, il
accorde une atten
tion toute
particulière à Ingrid Bergman, la filmant
sous son profil
gauche qu’elle préfère, avec un filtre
vaporeux et un
éclairage, qui magnifie ses yeux dans tous les gros plans.
Malgrécesprécautions,
letournages’avèrepourle
moins chaotique. Curtiz,
d’unnaturel sanguin, sup
porte mal les sautes
d’humeur de Bogart, liées à la
foisàsonpenchant pourlabouteilleet
àsesdémêlés
avec l’ombrageuse Mayo, sa femme,
persuadée qu’il
entretient
uneliaisonavecIngridBergman! Jalousie
d’autant plus mal
placée que les deux partenaires,
quin’ontguèred’affinités,
separlentàpeineentreles
prises. Pour ne rien arranger, les acteurs s’agacent chaque jour
un peu plus des remaniements incessants du script et surtout d’en ignorer le
dénouement. Au point qu’un soir, n’y tenant plus, Ingrid Bergman va trouver les
frères Epstein, chargés de
|
Michèle Morgan.
Avec sa beauté énigmatique, l’ac- |
|
boucler l’histoire:
«Alors les gars, avec qui je pars |
|
trice auréolée du
succès de Quai des Brumes(1938) |
|
à la fin? Rick ou
Victor?» Ce à quoi ils répondent, |
|
sembleuneévidence.Maiselleexigeuncachetmiro- |
avec une souveraine
nonchalance: |
|
|
bolant. Hal B.
Wallis se rabat sur Ingrid Bergman, |
«On vous le dira
quand on le saura.» |
|
|
qui a gagné le cœur
des Américains avec une |
Ils finiront
évidemment par savoir. |
|
|
romance,
Intermezzo.Mais elle est sous contrat avec |
Casablancasort en novembre
1942. |
|
|
DavidO. Selznick, qui
l’asignéepour sept ans! C’est |
Timing parfait car, au même
moment, |
|
|
l’impasse. Par
bonheur, Selznick et Wallis trouvent |
les troupes
anglo-américaines |
|
|
un terrain
d’entente. Selznick autorise Bergman à |
débarquent en
Afrique du Nord. Le |
|
|
jouer dans
Casablancaen échange de 125000 dol- |
succès est donc au
rendez-vous et le |
|
|
lars et du «prêt»
d’Olivia de Havilland, alors sous |
duo Bogart-Bergman
devient l’un |
|
|
contrat avec la
Warner. Les prises de vues peuvent |
des couples
mythiques du 7eart. |
|
|
donc enfin
commencer, en mai 1942. |
Casablancarafle
dans la foulée trois |
|
|
|
Oscars: meilleur film, meilleur
réali- |
|
|
Tension à tous les étages |
|
|
|
|
sateur et meilleur
scénario. Des dis- |
|
|
Guerre oblige, pas
question de tourner en |
tinctions méritées
pour ce classique, |
|
|
décors naturels: le
film sera intégralement réa- |
qui incarne
désormais la quintes- |
|
|
lisé en studio, où
l’atmosphère de Casablancaest |
sence de l’âge d’or
hollywoodien. |
• |
Nos jeux de
HORIZONTALEMENT
MOTS CROISةS
- Il n’a aucune valeur. 2 - Fait tache
sur une fourrure. 3 - Sortir une vacherie. Chef-lieu du Tarn. 4 -
Avant-dernière grecque. Ber
A
B C D
E F G
H I J
ger à poils longs. 5 - Qui était donc
encore trop fade avant. Indo
lent arboricole. 6 - L’erbium. Erreur
révélatrice. 7 - Un prénom très
enlevé ! Dose de rayons. 8 - Prouvera
qu’il a bien appris sa poésie.
|
|
- Homme de loi.
Vieille gourgandine. 10 - Hellène en mer. 11 - Fait |
le tour du stade. Lieu d’unions. 12 -
Réprimande. Bien calé.
-
Seconderai. Vis ta vie. 14 - Sur-Tille. Embarcation à fond plat.
6
VERTICALEMENT
A - Peut servir de pansement. Supprimai.
B - Utilisera. Mettais
|
|
vachement bas. C - Demeure d’une fée.
Voleur des grands chemins. |
D - Sur place. Enfermé sans raison.
Sarment d’ivrogne. E - Il est
en tôle. Un spécialiste de l’usure. F -
Ouverture de conte. Remit de
l’ordre dans ses cheveux (se). Meurt une
nuit d’hiver. G - Treillis des
primeurs. Raffermit les tissus. H -
Passa un appel à distance. Canal
|
|
intérieur. I - Avec lui, on est sur
les charbons ardents… Emportaient |
nos aïeux. J - Troisième jour de la
décade, dans le calendrier répu
blicain. Ne manque pas d’appétit quand
elle est grosse.
La grille
se compose de 81 cases réparties en 9 carrés de 3 x 3 cases. Ces carrés sont
appelés SUDOKUS
«
régions». La grille doit être complétée avec tous les chiffres de 1 à 9, chacun
devant être utilisé
une fois (et une seule)
dans chaque ligne, chaque colonne et chaque région.
|
FACILE |
|
|
|
MOYEN |
|
|
|
DIFFICILE |
|
|
|
|
3 |
|
|
|
|
|
|
1 |
|
8 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
7 6 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
8 2 |
|
|
|
|
|
|
|
|
5 8 |
|
|
7 |
7 |
4 |
|
|
|
|
1 7 |
|
|
4 |
|
|
2 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6 |
|
|
8 |
|
|
1 |
8 |
|
8 5 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5 7 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2 5 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2 |
1 |
|
|
|
|
|
8 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Rayez sur la grille les
mots de la liste ci-dessous, sachant qu’ils y sont inscrits |
|
|
|
|
|
|
|
MOTS MةLANGةS |
|
|
|
|
horizontalement de
gauche à droite et de droite à gauche, verticalement de |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
haut en bas et de bas en
haut (mais jamais en diagonale), chaque lettre ne |
|
|
|
|
|
|
L’alphabet des insectes |
|
|
|
|
|
servant qu’une fois. Le
mot rayé vous indique la façon de procéder. Il restera |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
un mot sur la grille,
correspondant à la définition suivante: |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Délice de coccinelle. |
|
|
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… GRILLON |
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… SAUTERELLE |
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… TITAN |
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… LUCIOLE |
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… DROSOPHILE |
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… MOUCHE |
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… XYLOCOPE |
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N U E R O T H I T
N O N O C O L |
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… ةRISTALE |
… NبPE |
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… ZABRE DES |
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… FRELON |
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… PUNAISE D’EAU |
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CةRةALES |
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S U A D S O A T A T
la semaine
|
|
MOTS FLةCHةS |
|
Autour des gouttières |
|
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|
SERVI |
BINGO POUR |
DESCEND |
D’UNE |
|
COULE |
|
ہ LA LOUCHE |
LE CANADA! |
DE L’ALTAد |
PARTIE |
COURT |
DANS LA |
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SA TOISON |
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GOUTTIبRE |
AGITAI |
|
DES TRIPES |
ESPACE |
GOUTTIبRE |
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EST ةPAISSE |
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EN IMPRI- |
LA TERRE |
BERGبRE |
|
DE TEMPS |
|
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MERIE |
ENTIبRE |
OU CRAPAUD |
PUIS |
|
TOUT NOIR |
|
VU SUR |
|
LA BOBINE |
|
PASSE |
RبGLE |
POULET |
|
LA MAIN |
ہ SUIVRE |
FAISANDة |
|
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CERTAINS |
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DONT ON NE |
SONT |
VA AVEC |
|
PARLE PAS… |
LOURDS |
LE COUVERT |
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ENTRة |
AUTAN |
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EN ACTION |
POUR LUI |
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DIALECTE |
RESTE |
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CHINOIS |
COUCHة |
|
PAROLE |
SES BOULES |
LARGEUR |
|
EN L’AIR |
PEUVENT |
D’ةTOFFE |
|
|
FINIR |
|
|
DONC |
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IMITERAIS |
|
TOUFFU |
GOUTTIبRE |
UNE FLEUR |
LA
AUTRE
بRE
MATIبRE ہ EST SUR
GOUTTIبRE SON BORD
SUR
BOURG
|
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LE DIPLشME |
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QUI |
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FAIT PAR |
MةDIةVAL |
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LE BERGER |
DES ALPES- |
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PROCةDER |
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D’HUMAIN |
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AU MARIAGE |
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DE HOUX |
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DE TOUS |
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LE BOUT |
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|
LES CشTةS |
|
DU NEZ GELة |
TOUR |
DE COCHON
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POUR
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PARTIE JE VOUS CREUSةE:
EXPLIQUE
GOUTTIبRE
|
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VIVIER |
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DE BةBة |
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D’ALEVINS |
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ACTE DE |
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C’EST TOUT |
NAISSANCE |
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CHANGةS |
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LE SALUT |
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DU POUVOIR |
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SARAGOSSE |
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POINT
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TRAITة |
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DANS |
UN CRI
|
NOUS COغTE |
LE RةCIT |
EFFRAYANT
|
BEAUCOUP |
POULIE |
(EN) |
ہ GORGE
CHAUFFEUR
CICATRICE
|
DIVIN |
PARTI |
BOTANIQUE
POUR
FAIRE
|
POUR |
SA VIE |
EU
ةGARD ہ
MONTRER
LA
|
ةLARGI ہ |
DU BLEU |
GOUTTIبRE
|
L’ENCOLURE |
AUX YEUX |
EN EST UNE
LEUR COUP
EST
HASARDEUX
Jeux réalisés par Laurence Tournay.
Solutions page 41.
Les sœurs célèbres
Françoise et
Catherine
Unies pour le meilleur et p
Françoise, la journaliste, puis Catherine, la reine de la météo,
sont devenues des personnalités reconnues du petit écran. Femmes de conviction,
elles éprouvent leur fraternité face à la terrible maladie qui touche Catherine
depuis huit ans.
Catherine et
Françoise ont 9 et 7 ans lorsque la
famille s’envole une
première fois pour les ةtats
Unis pour y passer
tout l’été. Le voyage se répète les
années suivantes,
jusqu’en 1967, pour des séjours
durant lesquels monsieur Laborde
père donne sur
place des cours de
littérature française. Les filles
sont alors partiellement
scolarisées aux ةtats-Unis.
Adolescente, Françoise s’imagine comédienne et s’inscrit même au
conservatoire, à Bordeaux. Mais elle n’a guère de talent pour la comédie. Au
contraire de Catherine, qui obtient une licence d’anglais tout en suivant elle
aussi les cours du
conservatoire d’art dramatique de
leur ville natale.
Dès 1972, à 21 ans, elle apparaît
en Henriette Royer
Vernet dans la série à succès de Robert Mazoyer, Les
Gens de Mogador,sur la deuxième chaîne de l’ORTF, aux côtés notamment de
Marie-José Nat,
Jean-Claude Drouot et Marie-France
Pisier. Un an
plus
tard, elle joue dans sa première pièce, à Paris, L’ةglisede Louis-Ferdinand
Céline, puis enchaîne des petits rôles dans quatre films de Jean-Charles
Au départ divergentes, les
routes professionnelles
Tacchella. ہ la télévision, on la retrouve aussi
de Françoise et Catherine vont se croiser. dans
deux épisodes des Enquêtes du Commissaire Maigretavec Jean Richard. Sa voie
semble tracée.
|
|
es deux sœurs
Laborde se sont révé- |
Françoise lâche la
comédie à contrecœur. «Ma |
|
|
lées grâce à la
télé. Mais si l’une, la plus |
sœur voulait faire
du théâtre, elle l’a toujours dit |
|
|
jeune, la plus
blonde, la plus expansive, |
depuis qu’elle sait
parler, confiera Catherine. Et |
|
L |
l’a vécu comme une
vocation, l’autre, de |
quand j’ai décidé
de m’inscrire au conservatoire, |
|
|
deux ans son aînée,
dévouée durant près de trente |
elle m’en a
beaucoup voulu.» |
|
|
ans aux bulletins
météo de la Une, l’a pris comme |
|
|
|
|
Réunies sur la même chaîne |
|
|
un sacerdoce. Elle,
c’est Catherine, née le 8 mai |
|
|
|
à
Bordeaux. Sa petite sœur, c’est Françoise, |
Françoise se lance
donc dans des études de droit |
|
|
née le 1ermai
1953. Toutes les deux ont une aînée, |
des affaires,
jusqu’à obtenir un DEA à l’univer- |
|
|
Geneviève, restée
loin des projecteurs, et sont les |
sité Bordeaux 1,
avant de poursuivre son cursus |
|
|
filles d’un professeur d’anglais
et d’une couturière. |
aux ةtats-Unis, où elle décroche son diplôme à |
par Victor Cascales
ensuite Théodore en
1995), Françoise change de
chaîne et passe sur France 3.
Durant deux ans, elle
va y exercer comme
chef du service économie et
Laborde
rédactrice en chef adjointe. Puis ce sera France 2, avec les
mêmes fonctions. En 1997, l’emblématique Télématin,présentée par William Leymergie, l’enour le pire
gage
comme rédactrice en chef. On lui confie dans le mêmetempsLes4vérités,l’interviewpolitiquematinale.
Elleytiendralabarrejusqu’endécembre 2006.
|
l’université Washington &
Lee, en Virginie. Tandis |
Mais c’est son
poste de joker à la présentation des |
|
|
que sa sœur trace
sa route sur les planches ou |
journaux du
week-end, en lieu et place de Béatrice |
|
|
devant la caméra,
elle part en 1979, à 26 ans, pour |
Schِnberg, qui va la révéler au
grand public à partir |
|
|
Bruxelles où elle collabore à la
revue
Europolitique, |
de 1999. ہ l’annonce de la grossesse d’ةlise Lucet |
|
|
puis devient
correspondante pour la radio RFI. |
en septembre 2006,
France 2 lui confie les rênes |
|
|
Françoise passe
donc derrière le micro et s’impose |
du 13 heures.Une belle récompense
pour une jour- |
|
|
comme journaliste,
option économie et social, sur |
naliste polyvalente
et à la carrière déjà bien rem- |
|
|
l’antennedeRMCoùelletravailleentre1981et
1985, |
plie. En avril
2021, avec son franc-parler habituel |
|
|
enplein«tournantdelarigueur».
En1985, Françoise |
mais sans amertume,
Françoise Laborde évoquait |
|
|
Laborde est nommée
chef du service économie de |
la différence de
salaire avec sa grande sœur à |
|
|
TF1, puis devient
rédactrice en chef adjointe. Une |
l’époque. «Je
gagnais entre 6000 et 7000 euros par |
|
|
réussite express et
encore rare dans le PAF de |
mois pour le journal, c’est
environ la même somme |
|
|
l’époque pour une
jeune femme trentenaire. |
que je gagnais au
Conseil supérieur de l’audiovi- |
|
|
Catherine, elle,
parle aussi d’économies, mais |
suel [elle y est nommée en
janvier 2009 par Nicolas |
|
|
celles qui
s’imposent aux artistes…Un jour de jan- |
Sarkozy, alors président de la
République]. Ma sœur |
|
|
vier 1983, en
pleine grève des comédiens, elle est |
était plus payée
que moi, ça devait être dans les |
|
|
invitée en
compagnie de Henri Virlogeux, sur le |
euros
par mois. TF1 paye plus que le ser- |
|
|
plateau du 13 heuresd’Antenne 2
présenté alors par |
vice public.»
Catherine s’y essaiera pourtant, sur |
|
|
Noël Mamère. Tous
se battent pour une meilleure |
France 3, entre
1990 et 1993, à la présentation de |
|
|
indemnisationchômage.
Lesroutesprofessionnelles |
Parole
d’école. Touche-à-tout, on la retrouve aussi |
|
|
des deux sœurs Laborde vont se
croiser en 1988. La |
à la tête de Télévitrine,le téléachat de la Une. |
|
|
Unecherchealorsunenouvelleprésentatricemétéo, |
Cesdeuxtrajectoires également
réussies vont être |
|
|
pour succéder notamment àMuriel
Hees. Françoise |
bouleversées par une maladie
nommée «à corps de |
|
|
l’apprend et elle recommande à Catherine,
de poser |
Lewy», aux
symptômes proches d’Alzheimer et de |
|
|
sa candidature.
Bingo! Après un seul essai, elle est |
Parkinson, que l’on
diagnostique à Catherine en |
|
|
engagée dans un
service où l’inénarrable Alain |
.
Depuis, l’aînée a quitté le PAF, concluant son |
|
|
Gillot-Pétré fait
la pluie et le beau temps. Voilà les |
ultime bulletin
météo dimanche 1erjanvier
2017 |
|
|
deux sœurs réunies sur la même
chaîne! De sa voix |
par ces mots: «Je
vous emporte avec moi. Vous |
|
|
caressante,
Catherine présente sa première météo |
m’oublierez, moi
non. Je vous aime.» Catherine se |
|
|
le 11 juillet 1988,
alors que le temps est anormale- |
bat contre cette
«saloperie, mais à l’évolution très |
|
|
ment frais et pluvieux. Chaque
jour, durant près de |
lente» selon les
termes de Françoise. Cette der- |
|
|
trois décennies, sonbulletin,
sérieux, informé, mais |
nière donne
régulièrement des nouvelles de sa |
|
|
souriant va
encadrer les journaux de 13 heures et |
sœur désormais
installée sur l’île d’Yeu avec son |
|
|
heures. Entre-temps,
elle est devenue maman de |
mari, Thomas Stern. |
|
|
deux filles,
Gabrielle (1987) et Pia (1990). |
La maladie a
définitivement rapproché les deux |
|
|
|
sœurs, un temps
fâchées. En octobre 2020, dans |
|
|
Chacune sa route |
|
|
|
|
l’émission
Sept à huit,Françoise, émue, évoquait |
|
|
Dès 1993, l’année de la naissance
de son premier |
son aînée: «Ma
Catherine, toujours belle et sen- |
|
|
fils, Numa (Françoise et son
mari, Manuel Joaquim, |
sible… tu es comme
un oiseau fragile… élégante |
|
|
grand reporter de TF1, décédé en 2006,
accueilleront |
en dépit de tout.
Je t’aime.» |
• |
Toutes vos lettres
|
Cahiersont pu avoir une
suite écrite par |
nous le savons, des amies et amis de |
|
Béa, l’amie intime de Marie-Thérèse.
Il |
plume. Peut-être rencontrera-t-elle un |
Avis à nos lectrices
semblerait que, dans Les
Veillées,un ami ? Nous lançons notre bouteille à la Pour vos annonces,
petit article ait annoncé le décès de
mer en pensant qu’elle arrivera à bon
il faut écrire à :
Marie-Thérèse. Je me
suis tellement port. Merci au journal Les Veillées des Les Veillées des Chaumières,
attachée à cette femme
que j’aimerais Chaumières. Son adresse est la suiToutes vos lettres,
savoir si l’une d’entre
vous a lu ce bullevante : Mme Josy LAPضTRE, 6,
rue 40,
avenue Aristide-Briand
tin. Merci de me le
faire savoir par courFrançois-Morlé, Hameau de la Barratte, 92220 Bagneux
rier. Je vous serai très reconnaissante
58000 Nevers.
ou à l’adresse mail :
de vos réponses. Mme Pierrette SAدD,
redaction.veillees@
|
|
, rue Curial,
logement 873, Br H, |
●Je n’ai malheureusement pas reçu |
|
reworldmedia.com |
|
|
|
|
Paris. Mon adresse
mail est la |
de courrier pour mon anniversaire, le |
|
Pour les anniversaires, |
suivante : lila2709hotmail.com |
février dernier. Ce
jour-là, j’ai eu 80 ans |
|
nous vous prions |
|
et cela m’aurait fait tellement
plaisir de |
|
d’envoyer vos messages |
|
|
|
|
|
recevoir des mots des Veilleuses. Le |
|
deux mois avant parution. |
Perdu de vue |
|
|
|
|
avril 2021, j’ai perdu
mon fils, puis |
|
|
●Bonjour
à tous. Fidèle
Veilleuse |
un cousin. Alors, même si la date de |
|
|
depuis de nombreuses années, je |
mon anniversaire est passée, je serais |
|
Correspondantes |
|
|
|
|
souhaite retrouver un ami d’enfance, |
quand même très heureuse de recevoir |
|
Bonjour à toutes les Veilleuses. Je |
Thierry Dujardin, qui avait un frère |
du courrier. J’aime beaucoup ce jour- |
|
vous
écris afin de
vous demander |
jumeau, Philippe, qui habitait dans |
nal, je l’attends chaque semaine avec |
|
de publier mon annonce pour m’ex- |
l’Eure, à Surtauville. Si vous le
connais- |
impatience. Je vous remercie d’avance, |
|
cuser de n’avoir pu répondre à plu- |
sez, merci de lui transmettre mes
coor- |
chères Veilleuses. Mme Paulette |
|
sieurs personnes. Mon fils handicapé |
données, car je voudrais tant le
revoir. |
MALEZIEUX-VESQUE, 5, rue Hersent- |
|
a eu un très gros souci de santé, ré- |
Encore bravo pour la grande qualité |
Luzarche, 36290 Azay-le-Ferron. |
|
solu depuis. Je suis une maman seule, |
de votre superbe hebdomadaire, que |
|
|
âgée de 58 ans, et je recherche des |
je guette chaque fois pour la chaleur, |
●Ma chère Josette, Agnès, ton amie |
|
amies de plume pour échanger sur |
le soleil qu’il m’apporte. Mme
Isabelle |
de plume, te souhaite un très bon
anni- |
|
tous les domaines et me changer les |
DUPREY, 4, route du Neubourg, 27400 |
versaire pour tes 73 ans le 23 juin.
Que |
|
idées. Merci à toutes pour vos cour- |
Surville. Mon numéro de téléphone est |
cette journée te soit belle, tu le
mérites |
|
riers, merci infiniment de prendre
cette |
le suivant : 02-32-50-55-72. |
tant ! Mme Agnès MERWZOT, 13D, |
|
demande en
considération et mer- |
|
boulevard Voltaire, 21000 Dijon. |
|
ci d’exister. Cordialement. Mme Lylie |
|
|
|
|
Anniversaires |
|
|
BATTEL, 123, rue Albert-Dürer, bât B, |
|
●Maman est une lectrice des Veillées |
|
appt 49, 62100 Calais. |
●Nous sommes des amis de Mme Josy |
depuis de très nombreuses années. |
|
|
LAPضTRE
depuis fort longtemps et |
Maintenant qu’elle est alitée, impo- |
|
|
nous voudrions lui faire une surprise
en |
tente, je lui fais la lecture de la
revue. |
|
Recherches diverses |
|
|
|
|
passant cette annonce sur Les
Veillées |
Elle aura 98 ans le 18 juin. Elle
serait |
|
●Bonjour
à toutes les
Veilleuses. |
des Chaumières pour son
anniversaire, |
heureuse de recevoir quelques petits |
|
Avez-vous été ou êtes-vous encore, |
qui a eu lieu le 26 avril, même si la
date |
mots à cette occasion. ةtant originaire |
|
comme moi aujourd’hui, une amatrice |
est un peu dépassée. C’est une dame |
du Limousin, si elle recevait quelques |
|
des Cahiers de Marie-Thérèse ?J’ai
lu |
très gentille, très simple, partageant
de |
cartes de ce territoire (Dordogne,
Haute- |
|
ces Cahiersdans des livres qui
conte- |
nombreux problèmes avec les autres. |
Vienne…), cela lui ferait chaud au
cœur. |
|
naient, au début, un mot de l’éditeur.
ہ |
Elle aime dialoguer, partager et
donner |
Merci beaucoup et merci pour votre |
|
la fin était mentionné « Après ce pré- |
beaucoup aux autres. Aussi, nous pen- |
belle revue, très riche. Mme Denise |
|
sent roman se terminent Les Cahiers |
sons que cette annonce lui plaira
beau- |
MENUSIER, (maman s’appelle Renée), |
|
de Marie-Thérèse »et ces merveilleux |
coup car, étant seule, elle recherche, |
, rue du
Mont-Phaunus, 14400 Bayeux. |
|
par Suzanne de Arriba |
Feuilleton |
Les héritiers de Val-Vert
|
- RةSUMة: Cécilia est
invitée à déjeuner chez |
abriel et Cécilia
partirent le len- |
|
les Brétignac. Gabriel en est très
heureux. La |
demain de bonne
heure. Les |
|
jeune femme se sent tout de suite à
l’aise au sein |
petites départementales qu’ils |
|
de cette famille, et se met à rêver
d’une autre |
empruntaient
grimpaient vers |
|
vie, plus simple, à la campagne,
entourée d’en- |
des territoires plus
sauvages. |
|
fants. Mais Gabriel est si jeune… De
son côté, |
Ces voies étroites se
tortillaient entre les |
|
Sylvain apprend que la bergerie est en
vente et |
balmes rocheuses et
fendaient parfois des |
|
songe à revenir sur les terres de son
enfance. Il |
bosquets de pins. Les
jeunes gens s’accor- |
|
en fait part à Désirée qui approuve
son choix. |
daient une halte de
temps en temps pour |
|
Il lui avoue aussi les sentiments
qu’il éprouve |
admirer le paysage. Gabriel
montra à Cécilia |
|
pour elle, mais Désirée reste
distante. Elle est |
des sapins Douglas. |
|
encore sous l’emprise de Serge
Vancelot et ne |
- Tu sens? L’odeur de
ces conifères me |
|
peut se souvenir sans émotion du
baiser qu’il |
monte toujours à la tête.
J’adore! Le Douglas, |
|
lui a donné. Mais Serge malgré toute
l’affection |
c’est un arbre qui pousse très
vite. Son bois |
|
qu’il lui voue, ne songe pas à
l’épouser. Pour |
rouge est très
apprécié. |
|
l’heure Gabriel et Cécilia se sont
accordés une |
Avec Gabriel comme guide, Cécilia
appre- |
|
semaine de vacances et partent sur les
traces de |
nait à reconnaître
les arbres. Elle ignorait |
|
Stevenson. (Voir Veillées nos 3517 et suivants.) |
jusqu’à présent que,
seul des conifères, le |
mélèze arbore des épines caduques. Les
Les héritiers de Val-Vert
|
|
paysages se
succédaient, dans une nature |
pailletés d’or, sa belle bouche
ferme. C’était |
|
|
aussi changeante que
généreuse. En voi- |
un moment entre
parenthèses, il fallait en |
|
|
ture, on allait
certes plus vite que juché |
profiter, ne pas
évoquer un avenir incer- |
|
|
sur un âne! Aussi il
fallait s’arrêter sou- |
tain, pour elle qui était
habituée à la solitude |
|
|
vent pour apprécier
les sites et faire d’in- |
depuis l’enfance. Alors sa
lassitude s’envola |
|
|
téressantes
découvertes. Il y eut Pradelles, |
et elle se détendit
pleinement. La nuit était |
|
|
puis Langogne, - et
ils parlèrent de la bête |
tombée. Les flammes
créaient des chatoie- |
|
|
du Gévaudan - ensuite Cheylard-l’ةvêque, |
ments soyeux sur les
ustensiles en cuivre |
|
|
et ils poussèrent
jusqu’à la trappe de Notre- |
accrochés au mur,
face à la cheminée. |
|
|
Dame-des-Neiges, où
Stevenson avait fait |
Et lui, Gabriel, il
lui souriait de tout son |
|
|
halte, hébergé par
les frères cisterciens. |
cœur. Elle semblait
si heureuse ce soir, en |
|
|
- Si on couchait en route?
proposa Gabriel |
sa compagnie. Comme elle était
belle ! Rien |
|
|
quand ils
repartirent, un peu sonnés aussi |
que pour avoir connu cette jeune,
femme, la |
|
|
bien par l’altitude
que par l’atmosphère |
vie valait la peine d’être vécue!
« C’est donc |
|
|
mystique où ils
s’étaient immergés. |
cela, être amoureux? » se dit
Gabriel trans- |
|
|
Cécilia accepta.
Avant le Bleymard qu’ils |
porté par ce
sentiment qui lui était tombé |
|
|
se proposèrent de visiter le
lendemain, une |
dessus dès l’instant
où il avait vu Cécilia à |
|
|
petite auberge dans
les pins leur fit signe. |
Lyon. Un sentiment qui ne cessait
de croître. |
|
|
ہ cette
époque de l’année, ils avaient à leur |
Après le dessert,
savouré lentement, les |
|
|
disposition presque la totalité
des chambres. |
jeunes gens sortirent
sur la terrasse et |
|
|
Gabriel en retint
deux, les plus belles, qui |
regardèrent la lune
naviguer vers le milieu |
|
|
donnaient sur le mont
Lozère. Ils prirent |
du ciel. |
|
|
l’apéritif sur la terrasse, mais
le soir fraîchis- |
- Je suis épuisée,
avoua bientôt Cécilia |
|
|
sait et ils dînèrent
dans la salle à manger, |
dont les paupières
s’alourdissaient. Les yeux |
|
|
près de la cheminée
monumentale où l’on |
me piquent. Je
comprends à présent pour- |
|
|
alluma du feu exprès
pour eux. Gabriel com- |
quoi les enfants
croient au marchand de |
|
|
manda les spécialités
de l’établissement. |
sable ! Je vais me
coucher, Gabriel. |
|
|
Avant le dessert, il fit goûter à
sa compagne |
- J’y vais aussi, dit-il,
tournant la tête pour |
|
|
un fromage délicieux:
le pélardon. |
qu’elle ne puisse pas
lire dans ses yeux la |
|
|
- Au lait de chèvre,
précisa-t-il. Pas très |
question qu’il avait
envie de lui poser et qui |
|
|
différents de ceux
que fabrique grand-père |
aurait tout gâché. |
|
Seigle. |
|
Cependant il
s’approcha d’elle, pour un |
|
|
|
baiser d’ami. Leurs
joues se frôlèrent, et |
|
|
|
sans qu’il le veuille
les doigts de Gabriel |
|
|
écilia était
fatiguée, mais elle se |
se crispèrent sur les
épaules de la jeune |
|
|
sentait bien. Elle
réalisa qu’elle |
femme, cherchant sa
chaleur à travers le |
|
C |
n’avait pas pensé à
Patrick de toute |
vêtement léger. Et malgré elle,
Cécilia frémit |
|
|
la journée. Et elle
se persuada aisément |
sous l’étreinte de
ses doigts. |
|
|
qu’avec le temps elle pouvait
l’oublier… elle |
- Dors bien,
chuchota-t-il en prenant la |
|
|
croyait l’avoir fait,
d’ailleurs, ces dernières |
main de sa compagne
et la portant à ses |
|
années. |
|
lèvres. Fais de beaux
rêves. |
|
|
Gabriel choisit le
vin avec un sérieux qui |
- Nous partirons de
bonne heure, demain? |
|
|
amusa Cécilia. Le
sommelier leur servit |
- Nous partirons «
quand nous » ! C’est |
|
|
un excellent cru précédé
et accompagné |
une expression de ma
tante Esther, qui est |
|
|
du cérémonial
habituel. Elle trempa ses |
lyonnaise. Dors
aussi longtemps que tu vou- |
|
|
lèvres dans le
liquide aux reflets de rubis |
dras. |
|
|
et regarda son
compagnon. Elle aimait son |
Mais, le lendemain,
les premiers rayons |
|
|
visage plaisant,
taillé à grands traits, ses |
du soleil tirèrent
Cécilia d’un sommeil pro- |
|
|
yeux d’une nuance
extraordinaire, verts |
fond, qui l’avait
totalement reposée. Gabriel |
|
l’attendait, réveillé lui aussi
de bonne heure. |
merveilleusement
heureux. Je vis l’instant |
|
Ils prirent un
copieux petit-déjeuner, ras- |
qui passe. Et si je
le passe avec toi, c’est |
|
semblèrent leurs
affaires et repartirent. |
encore mieux. |
|
Comme ils se l’étaient promis,
ils passèrent |
- Tu es un sage! et pourtant tu
es si jeune! |
|
une partie de la
journée dans le village du |
- Arrête un peu avec
mon âge! protesta |
|
Bleymard, en plein
cœur de la Lozère. Ils |
Gabriel, d’un ton si
véhément que Cécilia |
|
rentrèrent par
d’autres petites routes, pre- |
sourit, amusée. |
nant leur temps. Ils admirèrent le mont
Aigoual dressé dans le lointain,
s’arrêtèrent
une fois encore pour
découvrir la jolie cité
|
de Florac,
sous-préfecture de la Lozère, au |
Gabriel, tu es un merveilleux |
cœur du parc national
des Cévennes. Ils y
ami. Mais je dois t’avertir !
|
trouvèrent un hôtel-restaurant
très confor- |
‘‘ |
table et y passèrent
leur seconde nuit. Ils
Ne t’attache pas trop à moi
revinrent par
Saint-Jean-du-Gard, puis ce fut Alès.
|
|
|
Après cette belle excursion,
Cécilia passa |
’’ |
|
|
|
de nouveau plusieurs
jours sans voir per- |
|
|
|
ls remontèrent par la
vallée du Rhône. |
sonne, emportée par
le courant impétueux |
|
|
|
Gabriel s’arrêta au bord
d’un vignoble |
de sa création que
les beaux panoramas |
|
|
I |
déjà vendangé. Une
cabane en pierre |
admirés avec Gabriel
avaient dynamisée. |
|
|
|
sèche, une borie,
venant d’autres âges, se |
Et, quand elle ne
peignait pas, elle rêvait, |
|
|
|
postait à l’horizon, veillant sur
les hectares |
flânait le long du
ruisseau ou lisait, tard, |
|
|
|
de ceps. Il émanait
de ce site agreste une |
dans son lit.
Parfois, elle pensait à Gabriel |
|
|
|
poésie subtile qui s’accordait
avec la douceur |
qui se comportait
avec elle avec tant de dou- |
|
|
|
du matin. Le soleil
imprimait des couleurs |
ceur et de prévenance. Il
acceptait d’être un |
|
|
|
roses sur les
feuillages des pieds de vigne |
ami, pourtant il
était amoureux. Elle était |
|
|
|
produisant un vin
qui, assura Gabriel, dis- |
bien obligée d’en tenir compte.
L’amour, chez |
|
|
|
tillait en bouche un
arôme de framboise. |
lui, était dénué
d’égoïsme. Mais Gabriel était |
|
|
|
- J’ai des images
plein la tête et le cœur, |
jeune et ardent et, quoi qu’il en
dise, un jour |
|
|
|
déclara Cécilia, et
tous ces paysages dont |
il voudrait
davantage, ou souffrirait vrai- |
|
|
|
nous avons pris des photos m’ont
donné ter- |
ment de la situation.
Comment faire pour |
|
|
|
riblement envie de
peindre. |
ne pas le blesser?
Fallait-il cesser de le |
|
|
|
- Nous allons rentrer, dit Gabriel
à regret. |
voir ? Renoncer à
cette relation précieuse ? |
|
|
|
Au début de
l’après-midi nous arriverons au |
Attendre que les
choses meurent d’elles- |
|
|
|
village. J’aurais
voulu que ce voyage ne se |
mêmes, avec son
départ de Val-Vert ? Car |
|
|
termine jamais. |
|
elle repartirait
fatalement. |
|
|
|
- Gabriel… tu es un merveilleux
ami. Mais |
On frappa. Cécilia se
leva et, sans réflé- |
|
|
|
je dois t’avertir! Ne t’attache
pas trop à moi. |
chir, tira la porte.
Alors elle tressaillit. |
|
|
|
Tu comprends ce que
je veux dire? Je ne |
Elle avait vu d’abord
les cheveux cuivrés |
|
|
|
veux pas que tu sois
malheureux à cause |
de Patrick Brétignac
et c’était comme si la |
|
|
|
de moi. Tu es si
jeune! Tu rencontreras |
lumière avait envahi
la maison. |
|
|
|
d’autres femmes. Et
l’une d’elles saura te |
- Bonsoir, Cécilia.
Est-ce que je peux |
|
|
plaire. |
|
entrer un instant ? |
|
|
|
- Je ne crois pas.
Mais ne t’inquiète pas |
- Bien sûr. |
|
|
|
pour moi, Cécilia. Il
vaut mieux vibrer et |
Elle referma la porte. Respirer à
fond… Se |
|
|
|
souffrir que de
rester indifférent. ہ mon |
maîtriser, garder son calme, ne
pas montrer |
|
|
|
avis ! Et dans mon
cas ! Mais je ne suis pas |
son trouble et sa
joie insensée… Quelques |
|
|
|
malheureux, en ce
moment. Je suis même |
jours plus tôt, elle pensait avoir
enfin oublié |
|
Les héritiers
de Val-Vert
|
le cousin de Gabriel. Mais non!
Il avait suffi |
|
qui se considérait comme ta
promise, malgré |
|
qu’il paraise pour
qu’à nouveau elle soit |
|
son jeune âge. Et tu
n’aimais pas l’idée que |
|
bouleversée. |
|
je puisse faire carrière. Une
artiste-peintre, |
|
Embarrassé de sa personne,
Patrick s’était |
|
pensez donc! Alors tu as cédé aux
pressions |
|
appuyé à la table. |
de ton père. |
|
|
- J’espère que je ne
te dérange pas? |
|
- Tu te trompes. Je
t’aurais épousée sans |
|
- Non. Seulement, je
ne m’attendais pas |
|
son approbation. Mais
tu as manqué de |
|
à ta visite! |
|
patience, tu es partie, et j’ai
cru devenir fou. |
|
- Tu te souviens…
chez les parents de |
|
- J’ai du mal à le
croire! Tu étais blessé |
|
Laura… J’ai reçu un
fameux choc en te |
|
dans ton amour-propre
autant que dans ton |
|
voyant avec mon jeune
cousin. |
|
soi-disant amour. Tu
étais furieux ! |
|
- Et tu as cru que je
venais te narguer, te |
|
Patrick se détourna des toiles
lumineuses |
|
provoquer ? |
|
et il laissa échapper
un soupir. Cette joute |
|
- Non, non, je
t’assure. En fait, tu ne pou- |
|
oratoire semblait
l’avoir épuisé. Il haussa |
|
vais pas savoir que
j’étais marié à Laura et |
les épaules. |
|
|
que je me trouverais
chez les Bertholon ce |
|
- Finalement, c’est mieux
ainsi. Nous |
|
jour-là. |
|
sommes trop
différents. Je suis quelqu’un |
|
- Je savais que tu
étais marié à ton amie |
|
de simple et tu es si
compliquée, Cécilia ! |
|
d’enfance, Patrick. |
|
Enfin, je constate
que ta peinture, ça a l’air |
|
- Et tu es venue
quand même ? Au risque |
|
de marcher. J’ai lu quelquefois
dans les jour- |
|
de me rencontrer ? |
|
naux d’excellentes critiques sur
tes exposi- |
|
- Oui. Le passé est
derrière nous. J’ai |
|
tions. Tu as la vie dont tu
rêvais, en somme. |
|
accompagné Gabriel, sans trop
d’hésitation. |
|
Elle éluda d’un geste
de la main et à son |
|
Toi et moi, nous nous
sommes revus. Nous |
tour questionna : |
|
|
avons surmonté la surprise et le
choc. Nous |
|
- Et toi ? Es-tu
heureux ? |
|
sommes des gens
civilisés, n’est-ce pas ? |
|
- Mais oui. Mon père me laisse de
plus en |
|
Cécilia s’étonnait de
prononcer ces mots |
|
plus de liberté pour
la gestion du domaine. |
|
avec calme, alors
qu’en elle, c’était la tem- |
|
Et ma femme m’a donné
deux enfants ado- |
|
pête et qu’elle ne
croyait pas du tout à ce |
rables. |
|
|
qu’elle racontait. |
|
- Alors pourquoi
es-tu venu, ce soir? |
|
- Si tu le dis,
Cécilia ! |
|
- Je ne sais pas,
Cécilia. ہ cause de nos |
|
Peut-être pour se donner une
contenance, |
|
souvenirs, peut-être. C’était
inutile et même |
|
Patrick s’écarta et
s’approcha du mur où la |
|
déplacé. Excuse-moi
de t’avoir dérangée. |
|
jeune femme avait
accroché quelques-unes |
|
|
|
de ses toiles. |
|
|
|
- Elles sont magnifiques, dit-il
d’une voix |
|
atrick s’en alla,
comme on fuit. Mais |
|
sourde. Cette
lumière, cette fluidité… Tu as |
|
le lendemain, dans la matinée, il
l’ap- |
|
tellement progressé ! |
P |
pela au téléphone. |
|
- Merci. Tu
t’intéresses à la peinture, |
|
- Je dois te parler,
Cécilia. Je n’ai pas fermé |
|
aujourd’hui ? |
|
l’œil de la nuit. De te revoir…
ça m’a complè- |
|
- Mais… oui. Parce
que je connais l’artiste. |
|
tement chamboulé. Hier, je me
suis conduit |
|
- Hier, tu ne
t’intéressais pas à la vraie |
|
stupidement. Cécilia…
je voulais te dire… |
|
Cécilia. Car on ne
peut pas dissocier l’ar- |
|
le passé est derrière
nous, bien sûr, mais |
|
tiste de la femme. |
|
nous pourrions peut-être renouer
des liens |
|
- Je t’aimais,
pourtant ! protesta Patrick. |
d’amitié ? |
|
|
Si tu m’avais laissé
le temps de grandir, de |
|
- Je ne crois pas
trop à l’amitié entre un |
|
mûrir… notre histoire
aurait eu une issue |
|
homme et une femme qui ont été
des amou- |
|
heureuse. |
|
reux. ہ
quoi cela nous mènerait-il, Patrick? |
|
- Je n’en suis pas certaine. Il y
avait Laura, |
|
- Ne nous posons pas
de questions. Hier, |
|
tu tremblais quand je
suis entré. Tu étais |
|
- Tu aimes le
Dauphiné, Cécilia. La |
|
perturbée, même si tu
essayais soigneuse- |
|
preuve… tu y es
revenue. Mais pas seule- |
|
ment de le cacher. Ne
dis pas le contraire. |
|
ment pour la beauté
des paysages. Dis-moi |
|
Cécilia, je te
l’avoue : depuis que je t’ai vue |
|
franchement, c’est pour Gabriel?
Pour moi? |
|
chez les Bertholon, je ne pense
plus qu’à toi, |
|
- Nous en avons parlé
l’autre soir. Ne crois |
|
à ce bonheur que nous avons
gâché. Ose dire |
|
pas que tu sois seul en cause. Je
suis revenue |
|
que tu ne souhaitais
pas me revoir ? |
|
aussi parce que cela me faisait
plaisir. Pour |
|
Elle restait muette. Quel homme
curieux, |
|
peindre, exorciser
mes souvenirs, qui sait. |
|
ce Patrick, mélange
de tendresse et d’in- |
|
- Souvenirs dont je
fais partie. |
|
flexibilité ! Ce
qu’elle cherchait en lui, hier, |
|
|
|
c’était qu’il sache
rester fort tout en étant |
|
|
|
sensible et tendre.
Cependant la tendresse |
|
ls déjeunèrent dans
un restaurant |
|
ne signifiait pas la
compréhension de l’autre. |
|
réputé, puis ils flânèrent
dans les alen- |
|
Et Patrick était
hermétique à ses propres |
I |
tours, traversèrent
un pont, s’accou- |
|
désirs. |
|
dèrent à la
balustrade. En contrebas l’Isère |
|
ةtait-il trop
tard aujourd’hui? Bien sûr. Il |
|
roulait des eaux du
même vert que les yeux |
|
était marié, il avait des
enfants. Beaucoup de |
|
de Gabriel. En se
rappelant le jeune homme, |
|
choses dans une vie
peuvent être remises |
|
et tout ce qu’ils
avaient partagé pendant |
|
en question,
toutefois Cécilia ne se voyait |
|
leur grande virée en
Ardèche et dans les |
|
pas dans le rôle de
celle qui fait voler en |
|
Cévennes, Cécilia
ressentit un étrange |
|
éclats une famille.
Mais cet amour, qu’ils |
|
malaise. Il lui
semblait le trahir. Patrick |
|
n’avaient pas vécu
jusqu’au bout ? Soudain, |
|
pensait lui aussi à
son cousin. |
|
aux yeux de la jeune femme, il
devenait pré- |
|
- Cécilia, réponds
franchement à cette |
|
cieux, comme tout ce
qui est inachevé. |
|
question: Gabriel, qu’est-il
exactement pour |
|
- Cécilia ! réponds !
supplia Patrick de la |
toi ? |
|
|
même voix sourde. Je
voudrais te rencon- |
- Un ami. |
|
|
trer… seul à seule.
Ailleurs qu’au village. |
|
- Pas davantage ? |
|
Dis oui! |
|
- Un ami, Patrick,
c’est déjà merveilleux. |
|
Elle accepta,
consciente néanmoins de |
|
Nous n’avons jamais
été des amis, toi et moi. |
|
commettre une erreur.
Elle se coucha tôt, |
|
- Nous étions des
amoureux, nous nous |
|
après un repas
frugal. Pourtant, contre toute |
|
sommes aimés avec passion. Et
cela compte! |
|
attente elle dormit
bien. Elle reprenait des |
|
déclara Patrick
âprement. Malheureusement |
|
forces, elle se
préparait inconsciemment à |
|
j’ai tout gâché. Oh ! Cécilia !
Que m’arrive-t- |
|
une nouvelle
expérience, dont la nécessité |
|
il? Je n’ai aucun droit de regard
sur ta vie et |
|
était inscrite au
plus profond de son être. |
|
je suis jaloux de mon
cousin. De ce gamin ! |
|
Patrick vint la
chercher de bonne heure. |
|
J’ai tellement
regretté, après ton départ. |
|
Elle était prête. Ils
décidèrent de passer la |
|
- Cela ne t’a pas
empêché d’épouser Laura. |
|
journée à
Saint-Marcellin, à une trentaine |
|
Patrick ne trouva
rien à répondre à cette |
|
de kilomètres de leur
village. Cette esca- |
|
évidence. Ils retournèrent dans
le centre de |
|
pade les excitait. Et
puis, dans cette jolie |
|
la bourgade. Un banc
les accueillit, un peu |
|
commune, située entre
le Vercors et les |
|
à l’écart. Patrick s’allongea sur
les planches |
|
Chambarans, personne
ne les connaissait. |
|
et posa sa tête sur les genoux de
Cécilia. Son |
|
- Nous avons de la
chance, Cécilia, il fait |
|
regard la suppliait
et la bravait aussi. Elle |
|
beau ! |
|
inclina la tête. Leurs bouches se
touchèrent. |
|
Patrick semblait
plus jeune. Ses yeux verts |
|
Un baiser les unit.
Patrick attira Cécilia à |
|
brillaient. Il
riait, sans raison, et puis deve- |
|
lui. Mais quand il se
fit trop pressant, elle |
|
nait grave. |
lui échappa. |
|
|
- Il fait toujours
beau, l’automne, dans ta |
|
- Retournons vers la
voiture. On nous |
|
région ! |
|
regarde, arrête, je
t’en prie, arrête ! |
Les héritiers
de Val-Vert
|
|
- Je me fiche de ce
que pensent les gens. |
dit qu’il avait pris
sa journée pour rencon- |
|
|
- Quelqu’un peut te
reconnaître. |
trer des clients. |
|
- Pas ici, Cécilia. |
|
Gabriel la scrutait.
Elle ne voulut pas |
|
|
- ةcoute, Patrick… nous ferions mieux |
mentir. |
|
|
de rentrer, dit-elle.
Je n’ai plus envie de me |
- Il lui a menti,
c’est vrai. Nous étions |
|
balader. |
|
ensemble à
Saint-Marcellin. |
|
|
- Comme ça tombe
bien, riposta Patrick, |
- Je m’en doutais. Je
te mets en garde, |
|
|
sombrement. Moi non
plus ! |
Cécilia ! Patrick va
te reprendre ! |
|
|
|
- Non. Il n’en est
pas question, c’est un |
|
|
|
ami désormais. |
|
|
abriel lui aussi
avait proposé à Cécilia |
- Je suis jaloux. |
|
|
de passer la journée
avec lui. Elle |
- Ne dis pas cela.
Patrick m’a déclaré la |
|
G |
avait accepté,
espérant oublier un |
même chose. Je ne
veux pas être un objet |
|
|
peu Patrick et leur
sortie qui s’était mal ter- |
de discorde entre vous. Et puis
aujourd’hui |
|
|
minée. Parce
qu’elle avait eu peur! Elle savait |
Patrick a femme et
enfants. Je crois que je |
|
|
à présent avec quelle passion il
la voulait et, |
ferais mieux de
repartir. C’était une mau- |
|
|
pour elle, renouer
avec lui des liens d’inti- |
vaise idée de revenir
au village. |
|
|
mité, c’était un
danger, elle ne voulait pas |
Gabriel prit un air
affolé. |
|
|
retomber dans ses
bras, même s’il la trou- |
- Non, Cécilia,
non ! pas encore ! |
|
|
blait toujours
autant. Et il n’était pas ques- |
Pardonne-moi. Je ne
dirai plus rien qui |
|
|
tion d’être celle qui
brise un ménage. Elle |
puisse te contrarier.
Je ne porterai pas de |
|
|
devait cesser de le
voir. Malheureusement, |
jugement sur ton
histoire avec Patrick. |
|
|
c’était plus facile à
dire qu’à faire! |
Elle retint un soupir. Il ne
dirait plus rien, |
|
|
Gabriel donna un coup
de klaxon pour |
mais le résultat
serait le même. Gabriel l’ai- |
|
|
avertir Cécilia qu’il
était arrivé. Elle était |
mait et Patrick
assurait qu’il n’avait jamais |
|
|
prête et n’attendait
que ce signal. |
cessé de l’aimer, de
regretter. Et elle, dans |
|
|
Elle ferma rapidement
sa porte et se |
tout cela ? |
|
|
dirigea vers le jeune
homme, adossé à sa |
Il faisait beau et
Cécilia décida de se |
|
|
voiture. Il était
vêtu d’une façon décon- |
détendre, d’oublier
un peu ces tensions et |
|
|
tractée qui lui
allait bien. Il avait attaché |
cette angoisse qui
lui donnaient le vertige |
|
|
en arrière ses
cheveux longs mais soignés, |
quand elle se
penchait sur son avenir. Elle |
|
|
ce qui dégageait son
visage, lui donnait un |
voulait oublier la
journée passée avec son |
|
|
air plus grave.
Gabriel, lui, resta saisi par |
premier amour et la
culpabilité qu’elle res- |
|
|
la beauté, le charme de Cécilia,
dont le teint |
sentait. Reprendre
leur relation ne pouvait |
|
|
délicat était mis en valeur par
un ensemble |
la mener à rien, sinon à devenir
la maîtresse |
|
bleu roi. |
|
de Patrick. Et elle
ne voulait pas de cela, |
|
|
Il la complimenta
d’une voix sourde: |
pas plus qu’elle ne
voulait qu’il casse son |
|
|
- Tu es très belle!
Je vais faire des envieux. |
mariage pour elle.
Elle pensait à ses enfants. |
|
Patrick, peut-être. |
|
Elle ne leur
souhaitait pas vivre ce qu’elle |
|
|
Elle le regarda, surprise par la façon
bru- |
avait enduré quand
son père avait quitté |
|
|
tale dont il avait
prononcé le nom de son |
sa mère. |
|
cousin. |
|
Et puis, de sortie en
sortie, de dimanche |
|
|
- Tu l’as revu,
n’est-ce pas? |
en dimanche, elle se
sentait plus proche de |
|
|
- Comment le sais-tu
? |
Gabriel et ne se
focalisait plus autant sur |
|
|
- Je devine tout
quand il s’agit de toi. |
leur différence
d’âge. |
|
|
Elle s’était assise
près de lui. Gabriel ne |
Ce jour-là, après un
déjeuner dans un |
|
|
se décidait pas à
démarrer et crispait ses |
excellent restaurant,
les jeunes gens flâ- |
|
mains sur le volant. |
|
nèrent dans les
environs, puis ils rega- |
|
|
- J’ai croisé sa jeune épouse,
hier. Elle m’a |
gnèrent le village. |
|
- Tu veux rentrer
tout de suite au Plannet? |
léger bruit dans les
haies. Ce n’était qu’un |
|
demanda Gabriel. |
oiseau ou le vent qui
froissait les feuil- |
|
- Non ! Prends plutôt
ce chemin-là, à |
lages, alors
l’animal, tout bête, regardait |
|
droite! |
son maître qui riait. |
|
- Tu veux qu’on aille voir la
fameuse ber- |
- Comment s’appelle-t-il
? demanda la |
|
gerie de la Rochette?
Sylvain s’y trouve |
jeune femme. |
|
peut-être. Tu sais
qu’il est rentré ? |
- Fine… c’est une
fille! Une descendante |
|
- Oui, je veux bien, mais pas
tout de suite. |
de mes « Fifille ». |
|
Pas aujourd’hui. Tu bifurqueras
avant. Je |
Cécilia se pencha pour caresser
la chienne |
|
voudrais aller voir
tes grands-parents. Je |
et Fine la
débarbouilla de sa langue rose. |
|
les aime beaucoup. |
Gabriel regardait en souriant.
Car « qui aime |
|
- Et c’est
réciproque. Ils ont été très tou- |
les bêtes, aime les
gens », songeait le jeune |
|
chés par ton geste.
Ils adorent cette toile que |
homme qui avait
entendu sa mère proférer |
|
tu as créée pour eux. |
cet adage des
dizaines de fois. |
|
Gabriel arrêta le
véhicule à l’entrée du |
Le ciel resplendissait
de tout l’or du cou- |
|
chemin et ils poursuivent à pied.
Alphonse, |
chant et Cécilia
imagina pour la chèvrerie |
|
planté devant la
chèvrerie, leur fit signe puis |
une autre version
dans une explosion de |
|
alla à leur
rencontre. |
couleurs flamboyantes. |
|
Un chien courut vers
eux, la queue bat- |
Ils passèrent un
moment avec le vieux |
|
tante, jouant à faire le fou ou
prenant un air |
couple si heureux de
les accueillir. |
|
redoutable quand il
se produisait quelque |
(à suivre) |
|
|
|
|
SOLUTIONS DES JEUX DES PAGES 30-31 |
|
|
|
|
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|
MOTS CROISةS |
|
SUDOKU |
|
MOTS FLةCHةS |
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A B C D E F G H
I J |
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3 9 1 7 5 8 4 6 |
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P
L O I
M L E |
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7 1 9 8 6 2 5 3 |
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C O L
I F I C
H E T |
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5 8 4 3 2 7 1 9 |
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C O L O M B E L
L E A S A |
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2 5 8 4 1 3 6 7 |
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O
O C E L L
E R |
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A T E |
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E R I P
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1 4 3 6 7 9 2 5 |
|
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M U G
I R A
L B I |
|
6 3 2 5 9 1 8 4 |
|
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|
T
A B O U S A G I |
|
S U D |
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4 6 7 2 3 5 9 8 |
|
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P S
I |
B R
I A R D |
8 2 5 9 4 6 7 1 |
|
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G O B O W L
I N G L
E |
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9 7 6 1 8 4 3 2 |
|
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R E
S A L E
E A I |
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F
E U I L L
U |
T O
I T |
P |
|
|
E R L
A P S U S |
|
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|
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|
6 7 8 9 5 2 4 1 |
|
R
E S B
E S
T I A L |
|
|
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|
|
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5 1 2 3 4 8 7 6 |
|
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S A B
I N E R E M |
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B E A U |
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G L U |
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|
8 2 1 7 6 5 9 3 |
|
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S
R E C I T E
R A |
|
7 8 3 4 9 1 6 5 |
|
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Z
I N C |
B
L E U I |
|
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9 3 5 6 8 7 2 4 |
|
|
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E
V I N
G O T O N |
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|
4 6 7 2 1 9 3 8 |
J
E |
I
E |
A R M E |
|
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|
|
3 4 9 1 2 6 5 7 |
|
|
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E G E
E N N E G |
|
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|
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|
|
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|
C R
I |
F R A
I |
|
2 5 6 8 3 4 1 9
|
|
O L
A M A I
R I E |
1 9 4 5 7 3 8 2 |
Z O O N
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I N A 12 T A N C E
F E R U
P
U Y D E D O M E S I L
9 6 5 8 4 1 7 3
|
|
A
I D E R A I |
E
S |
8 7 3 2 6 4 9 5 |
|
|
|
|
|
|
D E C O R O V
I N E U T |
|
|
|
|
3 5 1 9 7 6 8 2 |
|
|
|
I
S |
P
I N A S S E |
|
|
|
|
|
|
2 3 4 6 1 7 5 8 |
H
E C R U A B Y M E |
1 8 7 3 2 9 6 4
C H E R H
I L E
R A R
6 4 8 5 9 2 3 1
MOTS MةLANGةS
|
7 1 9 4 5 3 2 6 |
O
E V A S E
C E R N E |
Le mot qui répond à l’énigme est:
5 9 2 1 3 8 4 7
|
4 2 6 7 8 5 1 9 |
T U Y A U T E R
I E D E
S |
Puceron.
Cap sur…
Madère,un
jardin sur l’océan
ةlue
«meilleure destination insulaire d’Europe», l’île est un éden
pour tous ceux qui aiment
marcher dans une nature aux reflets changeants.
|
|
ans ce jour à peine naissant, |
nuit - par un lever ou un
coucher |
bénédiction pour les
marcheurs. |
|
|
un océan cotonneux et figé |
de soleil au belvédère du
Pico do |
«Vous n’êtes pas sujet au
vertige? |
|
D |
s’étend à nos pieds. ہ l’ho- |
Arieiro. ہ
1818 m d’altitude, c’est le |
demande Ricardo Carvalho, l’enfant |
|
|
rizon, les premières
lueurs dorées |
troisième plus haut sommet de l’île. |
du pays. Alors c’est parti! Vous avez |
|
|
s’étalent, virant en longues traînées |
Avec ses quasi-sœurs -
Açores, |
de la chance, le temps est
dégagé, |
|
|
cramoisies, annonçant bientôt l’ap- |
Canaries et îles du
Cap-Vert, unis |
vous allez pouvoir apprécier le pay- |
|
|
parition de l’astre. L’éclat du disque |
par de profonds liens telluriques -, |
sage dans toute sa splendeur.» L’un |
|
|
solaire, déchirant le
couvert nua- |
Madère forme la
Macaronésie. |
des plus fameux treks
madériens |
|
|
geux, révèle un paysage de
côtes |
Quelques perles jetées
au-delà |
relie le Pico do Arieiro au Pico Ruivo |
|
|
entaillées par l’océan
Atlantique, |
des Colonnes d’Hercule et
qui |
(point culminant de l’île,
à 1862 m). |
|
|
une splendeur! En octobre
2021, |
furent, pour les Grecs
anciens, les |
Le chemin parfaitement
tracé, |
|
|
Madère a d’ailleurs
remporté le prix |
«îles des Bienheureux»,
car cen- |
dallé même, enchaîne les
tunnels, |
|
|
World Travel Awards dans
la caté- |
sées accueillir leurs
défunts. |
les volées d’escaliers et
les à-pics |
|
|
gorie «meilleure
destination touris- |
Est-ce le climat de
Madère, par- |
vertigineux. Autour de nous, un pay- |
|
|
tique insulaire d’Europe». |
faitement doux toute
l’année, qui |
sage de reliefs abrupts et
de pics |
|
|
Il est coutume de
commencer |
la fit juger favorable à
une paix |
acérés. ہ ces hauteurs, Madère |
|
|
son séjour - ou de finir
une belle |
éternelle? Il est en
revanche une |
affirme sa véritable
nature, fille du |
par Jean-Philippe Noël
|
volcanisme, née des
soubresauts |
kmet est
classée au patri- |
longueur est de 2000 à
3000 km, |
|
|
terrestres il y a six millions d’années. |
moine mondial naturel par l’Unesco. |
on ne sait pas exactement,
recon- |
|
|
Jamais amarrée à aucune
terre, |
Le Vereda das Funduras
(«le che- |
naît Liliana. La plus
longue mesure |
|
|
elle ne doit sa richesse
biologique |
min des profondeurs») débute près |
plus de 100 km.» Les sentes qui les |
|
|
qu’au hasard des vents et des cou- |
du belvédère de Portela et
sa vue |
longent, destinées à leur
entretien, |
|
|
rants. Car, même dans ce
paysage |
plongeante sur les
localités de Porto |
sont devenues des
promenades |
|
|
minéral, la bienheureuse
n’oublie |
da Cruz et Faial, dominées chacune |
aux allures
d’expédition. Accrochés |
|
|
pas qu’elle est l’île aux
fleurs; si la |
par la masse rocheuse de
Penha |
à flanc de falaise,
traversant les |
|
|
lande à bruyères domine
dans cette |
de ہguia, « le rocher de l’aigle » |
forêts, parés de bouquets d’horten- |
|
|
zone rocailleuse, la
violette jaune |
(même si ce rapace ne
réside pas |
sias, d’anthuriums, de
bougainvil- |
|
|
de Madère dispute les
moindres |
sur l’île). La randonnée
s’enfonce |
lées, d’agapanthes ou d’oiseaux de |
|
|
interstices aux délicates orchidées |
ensuite à l’intérieur de la forêt où
les |
paradis, plus de 1000 km
de canaux |
|
|
des rochers, les grasses
aeonium |
branches tortueuses des
lauriers |
sont praticables à pied!
La Levada |
|
|
ou les élégantes
vipérines. |
charpentent des voûtes sombres à |
do Caldeirao Verde,
construite au |
|
|
Plus surprenant, dans cet
uni- |
travers lesquelles des percées lumi- |
XVIIIesiècle, transporte l’eau depuis |
|
|
vers si peu maritime, nidifie l’un des |
neuses sont des spots sur les feuil- |
les montagnes les plus
élevées de |
|
|
oiseaux de mer les plus
menacés |
lages d’un vert flamboyant. C’est le |
l’île pour arriver au Caldeirao Verde, |
|
|
d’Europe, le pétrel de
Madère. Il ne |
domaine du pigeon trocaz, mais le |
un petit lac alimenté par une impres- |
|
|
revient dans son nid
qu’une fois la |
bel oiseau endémique est
devenu |
sionnante chute d’eau. Même si on |
|
|
nuit tombée. Lors de leurs
visites |
aussi rare que sa sylve protectrice. |
y est rarement seul, le
lieu est idéal |
|
|
nocturnes, les oiseaux émettent des |
Outre son aspect
patrimonial, |
pour reprendre des forces
en cro- |
|
|
cris qui ressemblent à des
gémis- |
cette forêt joue un rôle important en |
quant dans un bolo de mel (gâteau |
|
|
sements. «Longtemps, les
locaux |
tant que «productrice
d’eau», car |
de mélasse), l’une des friandises de |
|
|
ont cru que ces plaintes
étaient les |
elle capte l’humidité des
brumes. |
la gastronomie locale.
Avant qu’on |
|
|
appels des âmes
souffrantes des |
«Grâce à sa capacité à condenser |
le quitte, Ricardo nous convie à une |
|
|
bergers morts sur ces
montagnes», |
sur ses branches l’eau des
brouil- |
dernière balade un peu
moins fré- |
|
|
raconte Ricardo. Ces
bergers qui, |
lards, raconte Liliana
Gonçalves, |
quentée. La Boca do Risco,
(«le |
|
|
tout au long du parcours,
ont taillé |
notre guide, le laurier de
Madère |
col dangereux»), ne porte pas bien |
|
|
dans les tufs volcaniques
des |
est surnommé “l’arbre
fontaine”.» |
son nom. |
|
|
grottes qui leur servaient de refuges. |
|
Comme toute île du monde, |
|
|
|
Des falaises d’émeraude |
|
|
|
|
|
Madère a son sentier
côtier, une |
|
|
Envoûtantes randonnées |
|
|
|
|
|
Sorti de la forêt, le
chemin traverse |
promenade en balcon sur
l’Atlan- |
|
|
Difficile, dans ce paysage
miné- |
les poios. Ces cultures en
terrasses |
tique. Sur la côte nord-est,
l’an- |
|
|
ral, de comprendre comment
l’île |
abritent de nombreux petits jardins |
cienne trace des contrebandiers se |
|
|
a pu prendre le nom de
Madère, |
potagers dans lesquels
mûrissent |
joue des falaises d’émeraude et du |
|
|
qui signifie «bois»! ہ l’arrivée des |
patate douce, avocat,
mangue et |
fracas azuré de l’Océan.
Un spec- |
|
|
premiers colons, au XVesiècle, une |
quelques pieds de canne à
sucre. |
tacle grandiose qui rend le randon- |
|
|
forêt s’étendait sur une grande par- |
Tout cela ne pousserait
pas sans |
neur bienheureux! |
• |
|
tie de ces terres. La
forêt laurifère, |
un incroyable réseau
d’aqueducs |
|
|
|
ou laurisylve, abondait aux Açores, |
qui, s’enfonçant loin dans
les val- |
|
|
|
à Madère et sur les îles
occiden- |
lées inaccessibles,
transportent |
|
|
|
tales des Canaries. Pour faire pous- |
l’eau des montagnes vers
les jar- |
|
|
|
ser la canne à sucre, alors or blanc |
dins du sud. Forçats,
esclaves et |
|
|
|
de la région, la hache et
la houe |
ouvriers portugais ont mis
leur vie |
|
|
|
ont eu raison de ces bois
uniques. |
en péril pour creuser dans
la roche |
|
|
|
Aujourd’hui, Madère en
conserve, |
ces canaux d’irrigation,
les
leva- |
|
|
|
tel un trésor, une vaste
étendue. |
das, qui servirent d’abord
à alimen- |
|
|
|
S’étageant entre 300 et
1300 m |
ter les cultures de canne
à sucre, |
|
|
|
d’altitude, la laurisylve
couvre |
puis toutes les
plantations. «Leur |
|
|
|
C’est arrivé le… |
par Astrid Delarue |
Charles Lindbergh
réussit la
traversée de l’Atlantique
Parti la veille de New York, l’«aigle solitaire» est accueilli
en héros à l’aéroport du Bourget, près de Paris, le 21 mai 1927 au soir.
Charles Lindbergh entre dans l’Histoire en étant le premier à traverser
l’Atlantique en avion sans escale. Un véritable exploit!
|
|
ell, I dit it ! »
(«Eh |
heures après son
décollage, la nuit |
chance, douze jours
seulement |
|
|
bien, je l’ai
fait!») |
tombe. Il est privé
de repères et |
avant Charles Lindbergh: Charles |
|
|
Tels sont
les |
n’a d’autre choix
que de raser les |
Nungesser et
François Coli, des |
|
W |
quelques mots que |
vagues pour rester
concentré. |
Français eux aussi. Ils ont
disparu |
|
Charles Lindbergh
prononce à sa |
|
|
avec leur avion, L’Oiseau
blanc,au- |
|
|
|
ہ bord d’un «
cercueil volant » |
|
|
sortie de l’avion ce soir du
samedi |
|
|
dessus de l’Atlantique. |
|
mai
1927. Le pilote est épuisé. |
|
Lindbergh connaît les risques, il |
Pour tenter à son tour de relever |
|
Le défi qu’il vient
de relever est |
|
l’a dit en montant dans son mono- |
le défi et outre
ses qualités de |
|
tout bonnement extraordinaire: |
|
plan: «Je viens
d’entrer dans ma |
pilote, Lindbergh a
misé sur deux |
|
parcourir en avion les 6300 km
qui |
|
cellule de condamné
à mort. Si |
choses: la chance,
car il en faut, |
|
séparent New York
de Paris, sans |
|
j’arrive à Paris,
c’est qu’on m’aura |
de toute évidence.
Et la prépara- |
|
escale et, qui plus est, en
solitaire. |
|
gracié. » Et il
n’est pas le seul à |
tion. En effet,
l’avion, conçu spé- |
|
Il est parti la
veille. Ce matin |
|
craindre le pire.
La Fox, qui a |
cialement pour
l’occasion, a fait |
|
du 20 mai, sur la
piste de l’aéro- |
|
flairé le scoop et
profité de l’évé- |
l’objet de toutes
les attentions. |
|
drome Roosevelt
Field, Charles |
|
nement pour
réaliser à l’aéro- |
Doté d’un moteur d’une puissance |
|
Lindbergh ouvre à
fond les gaz |
|
drome Roosevelt
Field le premier |
pouvant atteindre
220 chevaux et |
|
de son monoplan NX-211 rutilant. |
|
reportage sonore de
l’histoire du |
d’un réservoir de
1934 litres de |
|
Il est 7h52.
L’avion, baptisé Spirit |
|
cinéma, n’en a pas
moins com- |
capacité, le Spirit
of St. Louisest |
|
of St.
Louis,peine à décoller et il |
|
paré le Spirit of
St. Louisà
un «cer- |
un petit bijou.
Mais on n’a rien |
|
rebondit plusieurs fois sur la
piste |
|
cueil volant». Et
cette inquiétude |
sans rien et pour
pouvoir pro- |
|
avant de prendre
enfin son envol |
|
est légitime :
avant Lindbergh, |
fiter au maximum de
ces techni- |
|
et de disparaître
dans la brume. |
|
d’autres ont tenté
la traversée de |
cités, Lindbergh a choisi de ne
rien |
|
ہ son bord, Charles Lindbergh, |
|
l’Atlantique pour
gagner le prix |
emporter d’autre que l’essence
ser- |
|
ans,
alors jeune pilote pour |
|
Orteig, du nom du
propriétaire |
vant à faire
tourner le moteur. Ni |
|
l’US Air Mail, est aussi
déterminé |
|
d’hôtels new-yorkais.
Deux ans |
bagage, ni
parachute, ni même de |
|
qu’inexpérimenté en
matière de |
|
plus tôt, ce dernier a
effectivement |
radio. Tout juste
quelques sand- |
|
vol au long cours. |
|
fait savoir qu’il offrirait 25000
dol- |
wiches et un peu
d’eau. |
|
Au bout de trois heures, il est
déjà |
|
lars au premier qui
réussirait |
C’est ainsi équipé
qu’il survole |
|
fatigué. Il faut
dire que sa concentra- |
|
le vol New
York-Paris. En sep- |
l’Océan, luttant contre le
sommeil, |
|
tion est au maximum. Dépourvu de |
|
tembre 1926, il y a
donc eu René |
mais aussi contre
le temps. Pour |
|
visibilité à l’avant, - elle est
bouchée |
|
Fonck. L’avion de
ce pilote fran- |
dompter le premier,
il a gardé la |
|
par l’énorme
réservoir d’essence -, |
|
çais n’a pas eu le temps de
décoller |
fenêtre du cockpit ouverte.
Le |
|
il navigue en plein
brouillard à |
|
qu’il s’est écrasé sur la piste,
tuant |
froid l’aide à se
maintenir éveillé. |
|
l’aide d’un
périscope latéral, avec |
|
deux membres de l’équipage. Puis |
Pour le second, il
ajuste sa trajec- |
|
l’Océan pour seul compagnon. Huit |
|
deux autres hommes ont tenté leur |
toire et sa hauteur: lors d’un
orage, |
il reprend de l’altitude.
Quand de la glace se forme sur ses ailes, il fait un petit crochet vers le sud.
Au bout de l’aventure,
la consécration
Lindbergh est à bout de forces et ne sait plus très bien où il
en est. Il vole depuis vingt-huit heures à une vitesse moyenne de
km/h et à 50 mètres d’altitude,
lorsqu’il aperçoit les côtes irlandaises. Encore quelques
efforts… Le soleil se couche quand il passe au-dessus de Cherbourg. Enfin,
peu avant 23 heures, heure locale,
il atteint Le
Bourget. Là, près de 150000 personnes l’accueillent
sous les applaudissements et avec
des cris de joie. De bout en bout, durant 6300 kilomètres et
trentetrois heures et demie, cette aventure aura mêlé rêve et danger,
|
tenant en haleine
des foules |
Son
exploit retentissant |
|
entières de
curieux. |
lui a
valu le statut de héros |
mondialement célèbre.
Les questions des
journalistes,
des plus convenues aux plus anec
dotiques, voire délicates, fusent:
comment a-t-il
fait pour rester éveillé? Il n’a pas réussi, expli
|
quera-t-il. Mais,
s’il piquait du |
au lendemain du
statut de total |
long de sa carrière
de pilote, son |
|
|
nez, son avion
piquait lui aussi, |
inconnu à celui de
héros mondia- |
expertise sera
sollicitée dans les |
|
|
ce qui le faisait aussitôt sursauter. |
lement célèbre. Son
nom rejoint |
plus hautes
sphères. Cette célé- |
|
|
Comment a-t-il
uriné? La vérité |
ainsi ceux d’autres hommes entrés |
brité n’en sera pas
moins assom- |
|
|
est assez crue,
mais tout compte |
avant lui dans la légende de
l’avia- |
brie par des événements tragiques |
|
|
fait évidente: dans
sa combi- |
tion, comme les
frères Orville et |
comme l’enlèvement et
l’assassinat |
|
|
naison, bonne à
jeter, d’ailleurs. |
Wilbur Wright, deux
Américains |
de son fils, âgé de
2 ans seule- |
|
|
A-t-il eu peur?
Bien sûr. Toutes |
ingénieurs, chercheurs, construc- |
ment, en 1932.
L’affaire, grande- |
|
|
les réponses qu’il donne aux
jour- |
teurs et pilotes.
En 1903, ils ont |
ment médiatisée, sera qualifiée
de |
|
|
nalistes seront
autant de détails |
effectué le premier vol motorisé
de |
« crime du siècle». |
|
|
qui rythmeront le
récit qu’il fera |
l’Histoire. Ou
Louis Blériot, sur- |
De même, sa
sympathie pour |
|
|
plus tard de son
expédition dans |
nommé «l’homme qui tombe», qui |
Hitler et son antisémitisme
affiché |
|
|
The Spirit
of St. Louis,un
livre cou- |
a réussi la
première traversée de |
lui vaudront de perdre l’estime
de |
|
|
ronné du prix
Pulitzer en 1954. |
la Manche par les
airs, en 1909. |
nombre de ses
admirateurs. Nul, |
|
|
Pour le pilote, qui
gagne dès |
|
cependant, ne remettra jamais en |
|
|
|
Triste destin |
|
|
|
lors le surnom
d’«aigle solitaire», |
|
cause ce statut de
pionnier qu’il a |
|
|
c’est la
consécration. En sus des |
La nouvelle
notoriété de |
dignement gagné en
volant entre |
|
|
dollars
promis, il acquiert |
Lindbergh ne le
quittera pas, |
New York et Paris
en 1927, un |
|
|
la renommée,
passant du jour |
jusqu’à sa mort, en
1974. Tout au |
samedi 21 mai. |
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Série
Les Paimpolaises à la page
Premier chapitre pencha pour vérifier les
rayons du bas.
Rien sous le Trivial
Pursuit ni sous le jeu
de dames ou le nain jaune. Est-ce
que Daniel
artine jeta un œil à la
penl’avait déplacé ?
|
|
dule. Les filles
arrivaient |
Martine n’était pas
une fée du logis et, |
|
|
dans trente minutes: il était |
même si elle
s’efforçait de maintenir sa |
|
|
temps de préparer le
jeu et |
maison propre, elle
devait admettre qu’un |
|
M |
de sortir la théière. |
léger désordre régnait
continuellement entre |
|
|
Elle referma son
roman et se leva de son |
ses murs. Il y avait
toujours plusieurs livres |
|
|
fauteuil. ہ soixante-dix ans, elle était encore |
empilés sur les
meubles, et des magazines |
|
|
en excellente santé.
Il y avait bien ce genou |
de mots croisés
traînaient sur les fauteuils. |
|
|
qui la titillait un
peu l’hiver, mais on était |
Le crayon et la gomme
glissaient sous les |
|
|
en plein mois d’août
et elle se sentait aussi |
coussins et le linge
à repasser envahissait |
|
|
souple et alerte
qu’une jeune fille de vingt |
le moindre espace
vide. |
|
ans! |
|
Mais depuis que
Daniel habitait ici, elle |
|
|
Elle ouvrit le
placard des jeux de société |
découvrait une
nouvelle forme de bazar: |
|
|
pour sortir le Scrabble et fronça
les sourcils. |
certains objets
apparaissaient soudain à |
|
|
- Flûte, marmonna-t-elle, j’étais
certaine |
des endroits
complètement farfelus. Ainsi, |
|
de l’avoir mis ici… |
|
quand elle sortait
ses souliers du meuble à |
|
|
Elle rangeait
toujours la boîte sur cette |
chaussures, elle devait veiller à
ne pas faire |
|
|
étagère. Où
était-elle passée? Martine se |
tomber les chaussettes empilées
par Daniel. |
Les Paimpolaises à la page
|
|
D’après lui, ce qui concernait
les pieds devait |
voir les promeneurs
sur le chemin qui |
|
|
être placé au même
endroit, que pouvait- |
menait à la pointe de
Guilben. Mais pas de |
|
|
elle répondre à ça ?
Il avait même réorga- |
Daniel en vue. |
|
|
nisé le garde-manger.
Jusqu’ici, Martine |
ہ tout hasard, elle appela : |
|
|
s’était contentée de séparer le
sucré du salé |
- Daniel ? |
|
|
et c’était déjà très
bien. Mais son nouveau |
- Oui, ma chérie? |
|
|
compagnon, lui, s’appliquait à
classer les ali- |
Il était en bas,
juste sous la fenêtre, si près |
|
|
ments selon leur
apport calorique ! |
du mur qu’elle ne
pouvait pas le voir. Le |
|
|
Il avait expliqué à Martine que
son métier |
visage levé vers
elle, il fit quelques pas en |
|
|
exigeait qu’il surveille sa ligne
de très près. |
arrière en
brandissant une truelle: |
|
|
Car Daniel Descharmes
était chanteur pro- |
- Je replace une ou
deux pierres de la |
|
|
fessionnel. Il se
produisait dans toute la |
lucarne du garage.
Tout va bien ? |
|
|
France et reprenait
les refrains de Jo Dassin, |
Elle sourit malgré elle. Les
cheveux gris et |
|
|
Jacques Brel ou Hervé
Vilard avec une élé- |
épais, les yeux bleus et brillants,
un éternel |
|
gance incroyable. |
|
sourire aux lèvres et un corps
qui ne devait |
|
|
Excellent interprète, mais piètre
composi- |
rien aux apollons s’exhibant sur
les plages : |
|
|
teur, il misait tout sur son
physique de chan- |
Daniel était le plus
bel homme qu’elle ait |
|
|
teur de charme. « Je
ne suis pas Richard |
vu de toute sa vie.
Encore maintenant, il |
|
|
Anthony, disait-il
d’un air malicieux, je ne |
rencontrait beaucoup
de succès auprès des |
|
|
peux pas me permettre de perdre
mon phy- |
femmes. Mais plutôt
que de se sentir jalouse, |
|
|
sique de jeune homme,
moi. » |
elle était aussi
fière qu’une adolescente sor- |
|
|
ہ présent, il y avait donc une balance |
tant avec le plus
beau garçon du lycée. |
|
|
dans la salle de
bains et un vélo d’apparte- |
Elle reprit bien vite
ses esprits: il était |
|
|
ment dans la chambre
d’amis, et Martine |
peut-être beau, mais
ce n’était pas une |
|
|
n’y voyait aucun
inconvénient. Une seule |
raison pour lui
cacher ses affaires ! |
|
|
chose l’inquiétait
pour le moment : l’heure |
- Est-ce que tu as vu le
Scrabble? Les filles |
|
|
approchait et elle n’avait
toujours pas remis |
ne vont pas tarder,
je ne le trouve pas ! |
|
|
la main sur le
Scrabble! |
- Regarde sur la
terrasse. |
|
|
- Il ne l’a quand même pas rangé
ailleurs? |
La terrasse se
trouvait sur le côté gauche |
|
|
Après tout, cet homme
était plein de sur- |
de la maison et
Martine préférait ne pas |
|
|
prises. Elle passa
dans la cuisine. |
se pencher davantage
: ce serait le meilleur |
|
- Daniel ? |
|
moyen de finir la
tête la première dans les |
|
Pas de Daniel. |
|
hortensias. Elle
referma la fenêtre, des- |
|
|
|
cendit l’escalier,
traversa la salle à manger |
|
|
|
et le salon puis
sortit sur la terrasse. |
|
|
lle monta à l’étage.
Il s’installait par- |
Le plateau de
Scrabble trônait au centre |
|
|
fois dans la petite bibliothèque
pour |
de la table. Les
chevalets en plastique vert |
|
E |
se reposer, ou bien il pédalait
sur son |
étaient à leur
place, et même la théière atten- |
|
|
vélo en écoutant des
chansons d’Adamo. |
dait patiemment que
les trois joueuses s’ins- |
|
|
Personne en haut.
Elle ouvrit la fenêtre de |
tallent. Un parasol,
ouvert et incliné juste |
|
la chambre d’amis. |
|
comme il le fallait,
les protégerait du soleil |
|
|
D’ici, la vue sur la
baie de Paimpol était |
pendant qu’elles admireraient la
mer. Daniel |
|
|
magnifique. Le soleil d’été
faisait luire mille |
avait pensé à tout. |
|
|
reflets sur l’eau
turquoise et les hortensias |
- Je mettrai l’eau à
chauffer quand elles |
|
|
embaumaient l’air
marin. Sur la jetée, des |
arriveront, dit-il en
la rejoignant. |
|
|
vacanciers flânaient au milieu
des mouettes |
Elle poussa un soupir d’aise:
elle avait tout |
|
|
venues réclamer un
morceau de gaufre ou |
pour être heureuse. Un compagnon
dévoué |
|
|
de pain au chocolat.
Plus près de la maison, |
et sincère, une jolie
maison, un fils aimant |
|
|
au bout de son vaste jardin,
Martine pouvait |
- même s’il vivait
très loin d’ici - et des |
|
amitiés
indéfectibles. Justement, des voix |
Martine posa le livre
à côté des tasses. |
|
féminines résonnèrent
soudain : |
- Il t’a plu?
demanda-t-elle à Babette. |
|
- Il y a quelqu’un? |
Babette réajusta ses lunettes sur
son nez: |
|
- Ohé ! |
- اa
ne vaut pas un bon vieux roman poli- |
|
Se sachant attendues,
Babette et Josy |
cier, mais oui, ça
m’a plu ! |
|
s’étaient permis
d’entrer par la porte don- |
- Tant mieux, je le
proposerai peut-être |
|
nant sur la rue, de l’autre côté
de la maison. |
au club de lecture le
mois prochain. |
|
Martine les
accueillit à bras ouverts. |
- Ah, mais
d’ailleurs, c’est ce dimanche |
votre fête !
Martine hocha la tête.
osy revenait probablement de chez le coiffeur : elle arborait
une chevelure
J
rousse coupée court,
qui la faisait res
|
sembler à un écureuil
espiègle. Elle chan- |
Il y a peu de chances
que |
geait de couleur de
cheveux comme de
ça la passionne. Mais je ne sais
chemise et celle-ci, au moins, lui
allait par
faitement. En effet,
Martine gardait un mau
plus comment la dérider…
vais souvenir du noir
corbeau de l’an passé
et du bleu électrique que son amie
avait fiè
|
rement arboré le jour
de la fête nationale. |
Plus de vingt ans
auparavant, alors qu’elle |
|
|
’’ |
|
Roux, c’était très
bien. |
travaillait encore à la
bibliothèque, elle avait |
|
Babette la dépassait
d’une bonne tête. |
fondé un club de lecture avec
quelques col- |
|
Comme Martine, elle ne faisait
jamais d’ex- |
lègues. D’autres
personnes les avaient peu |
|
travagance capillaire
et gardait ses cheveux |
à peu rejoints et,
chaque été, on organi- |
|
gris au naturel. Dès les beaux
jours, un hâle |
sait la fête du club
de lecture : une sorte de |
|
doré lui donnait un
air resplendissant. |
kermesse destinée à
se faire connaître et à |
|
- Je t’ai
rapporté ton livre,
dit-elle à |
recruter de nouveaux membres. Cet
objectif |
|
Martine en
l’embrassant. |
était rarement atteint, mais
c’était l’occasion |
|
Martine prit le roman
que lui tendait |
pour tout le monde de
se retrouver autour |
|
son amie et regarda
le portrait de l’autrice |
d’un verre de cidre. |
|
sur la quatrième de
couverture. Françoise |
- Je viendrai avec
Chloé, dit Babette, ça |
|
Bourdin avait
toujours une place à part |
l’amusera peut-être. |
|
dans son cœur
d’ancienne bibliothécaire. |
Josy fit une moue
dubitative. |
|
Bien entendu, elle
chérissait les écrits de |
- Je sais bien,
ajouta Babette d’un air |
|
Marguerite Yourcenar,
Colette ou George |
désolé, à quatorze ans il y a peu
de chances |
|
Sand! Mais
Françoise Bourdin était comme |
que ça la passionne.
Mais je ne sais plus |
|
une vieille copine
qu’on était toujours |
comment la dérider.
Elle passe son temps à |
|
content de retrouver. |
bouder dans sa chambre ou bien
vissée sur |
|
- Je vais faire chauffer l’eau,
glissa Daniel |
son téléphone. |
|
avant de s’éclipser. |
- On peut la
comprendre, répondit Josy. |
|
Josy s’installa à
l’ombre. |
Si on me forçait à
passer les vacances d’été |
|
- Celui-là, on a bien
fait d’aller le cher- |
chez ma mamie sans me
demander mon |
|
cher,
plaisanta-t-elle. |
avis, moi aussi je
ferais la tête ! |
|
L’été précédent,
elles étaient parties |
- Ses copains lui
manquent. Mais c’était |
|
toutes les trois à
l’aventure sur un coup de |
le but : ses parents
veulent l’éloigner d’une |
|
tête, pour retrouver l’amour de
jeunesse de |
petite bande qui ne
fait que des bêtises. |
|
Martine. Après une
folle épopée jusqu’à |
- S’ils pensent qu’elle a de
mauvaises fré- |
|
Bourges, elles avaient retrouvé
le chanteur, |
quentations, dit
Martine en s’asseyant, ils |
|
et les amoureux ne
s’étaient plus quittés. |
ont bien raison de
l’éloigner ! |
Les Paimpolaises à la page
|
- Vraiment ? demanda
Josy pendant que |
pour les rejoindre
sur la terrasse et Josy se |
|
Daniel revenait avec
la bouilloire. Comme |
rembrunit: elle détestait
Jean-Paul Ménard. |
|
quand tes parents
voulaient t’éloigner de |
Derrière sa barbe blanche
soigneusement |
|
Daniel alors ? |
taillée et son
sourire de gentil grand-père, |
|
Martine se sentit
rougir: son amie avait |
Jean-Paul n’était rien d’autre
que le roi des |
|
visé juste. C’était à
cause de son père qu’elle |
casse-pieds. Il
faisait partie d’un nombre |
|
n’avait pas pu
épouser le jeune chanteur |
incalculable de clubs
et d’associations de |
|
quand ils avaient tous
les deux vingt ans. |
la ville, convaincu
que se faire élire tréso- |
|
Elle entendait encore
la voix menaçante |
rier de la Confrérie
des amateurs de sar- |
|
du chef de famille :
« Ma fille épousera un |
dines à l’huile lui
assurait le respect de |
|
homme respectable, pas un
saltimbanque! » |
ses concitoyens.
Depuis quelques années, |
|
Il avait tout fait pour les
séparer et il y était |
il était même le
président du club de lec- |
|
parvenu. Pour un
temps du moins. |
ture. Pauvre Martine! |
|
Daniel prit un air de
mauvais garçon : |
Josy détestait lire
et se figurait mal qu’on |
|
- J’étais une très mauvaise
fréquentation! |
puisse y prendre du plaisir, mais
si en plus |
|
- Le blouson noir de
Paimpol, rigola Josy. |
il fallait côtoyer Jean-Paul
Ménard une fois |
|
Elle appréciait beaucoup
Daniel. Même |
par semaine, ce club
était un vrai attrape- |
|
s’il chantait des choses un peu
trop mièvres |
nigaud! |
|
à son goût, elle reconnaissait en
lui des tré- |
- Bonjour, Jean-Paul!
sourit Martine. |
|
sors d’humour et de gentillesse.
Et surtout, |
Babette et Josy
plongèrent dans le sac de |
|
il rendait Martine
heureuse: c’était tout ce |
lettres de Scrabble en murmurant
un vague |
|
qu’elle lui
demandait. |
salut. Josy croisa le
regard de son amie qui |
|
|
se composait un
visage impassible. Elle |
|
|
aussi, détestait
Jean-Paul Ménard. |
|
osy fixa rêveusement
un petit bateau |
ہ l’époque où Babette était encore pro- |
|
à voile qui partait
vers le large. Elle |
fesseur de yoga, il
avait créé l’Association |
|
J |
|
|
aussi avait eu des
hommes dans sa vie. |
Relaxation et Pilate
et lui avait soufflé une |
|
Mais il fallait sans
cesse leur recoudre un |
bonne partie de sa
clientèle pendant au |
|
bouton ou étendre
leur linge : si c’était ça, |
moins une année. La méthode de
Jean-Paul |
|
l’amour, elle
préférait passer son chemin. |
consistait à emmener
les gens se baigner |
|
Aujourd’hui elle vivait seule,
puisque c’était |
dans la Manche en plein mois de
décembre |
|
le seul moyen d’être
libre. Et quand elle |
pour « revigorer le
cœur ». |
|
voyait Babette passer la
serpillière ou éplu- |
C’était sans doute efficace pour
le rythme |
|
cher les carottes pendant que
Georges lisait |
cardiaque, mais
beaucoup moins pour la |
|
tranquillement le journal dans
son fauteuil, |
relaxation: dès
l’année suivante, Babette |
|
elle ne regrettait
rien. |
avait retrouvé
l’intégralité de sa clientèle, |
|
Pourtant, certains soirs, quand
la solitude |
désireuse de revenir
à des pratiques plus |
|
se faisait lourde,
Josy aurait bien recousu |
douces. Mais elle
nourrissait toujours, à |
|
tous les boutons du
monde contre un peu |
l’égard du roi des casse-pieds,
une rancœur |
|
de compagnie. Quelqu’un avec qui
partager |
bien enracinée. |
|
son quotidien,
quelqu’un à qui raconter sa |
Soudain, la voix
d’Adamo, sortie de nulle |
|
journée. Ou tout
simplement quelqu’un |
part, se mit à
chanter : « Vous permettez, |
|
à côté de qui se
lover devant
Autant en |
monsieur, que
j’emprunte votre fille… » |
|
emporte le
ventles soirs d’hiver… |
- C’est ma sonnerie
de téléphone, dit |
|
Soudain, une voix la
tira de ses pensées. |
Daniel en s’éloignant
pour décrocher. |
|
- Bonjour, messieurs
dames! |
Pendant ce temps,
Jean-Paul se planta |
|
Jean-Paul Ménard
venait de pousser le |
sous le parasol. |
|
portillon qui donnait
sur le chemin de la |
- Martine, dit-il
d’une voix sombre, j’ai |
|
baie. Il remontait
tranquillement l’allée |
une terrible nouvelle. |
|
Babette et Josy
redressèrent la tête. |
|
- اa
ne doit pas être si compliqué. Et puis |
|
Comment ça, une
terrible nouvelle ? |
|
Martine n’est pas un
perdreau de l’année, |
|
- La fête du club de
lecture n’aura pas |
|
elle a quand même
fondé ce club. |
|
lieu. Je sais, c’est une
catastrophe, mais nous |
|
- Bien sûr ! mais rien n’est
encore prêt, je |
|
n’avons pas le choix. |
|
devais m’occuper de tout ça cette
semaine… |
|
Josy respira à
nouveau. Si c’était ça, |
|
- Je vous aiderai
aussi, déclara Babette. |
|
une catastrophe dans
la vie de Jean-Paul |
|
اa occupera un peu Chloé. |
|
Ménard, on se demandait comment
il avait |
|
Josy tapota la main
de Babette. Parfait. |
|
vécu la guerre. Elle
s’apprêtait à lui lancer |
|
Quand elles étaient toutes les
trois, rien ne |
|
une pique bien sentie,
mais en voyant le |
|
pouvait les arrêter. |
|
visage déçu de
Martine, Josy eut un pince- |
|
- Qu’est-ce que tu en
dis, Martine? |
|
ment au cœur. |
|
- Je dis que c’est une excellente
idée! Pars |
|
- On annule, mais
pourquoi? demanda |
|
tranquille, Jean-Paul,
on s’occupe de tout ! |
|
l’ancienne bibliothécaire d’une
petite voix. |
|
Il resta sans voix,
hocha enfin la tête et |
|
- Ma belle-sœur de Guingamp s’est
cassé |
|
s’en fut par là où il
était venu. Martine se |
|
la jambe et
Jacqueline tient à ce que nous |
|
tourna vers ses amies
: |
|
allions la soutenir.
Nous partons demain |
|
- On va y arriver,
hein, les filles? |
|
soir. Je ne serai pas
là pour tout organiser, |
|
- Mais bien sûr,
répondit Babette. Même |
|
la fête est donc
annulée. |
|
toute seule, tu
ferais cent fois mieux que |
|
Cette fois, Josy laissa échapper
un hoquet |
ce cornichon. |
|
|
d’indignation. Mais
quel prétentieux! |
|
Martine regarda Jean-Paul qui
s’éloignait |
|
Comme si le monde
s’arrêtait de tourner |
|
sur le chemin de la baie, les
épaules légère- |
|
dès que « Monsieur le
président » n’était |
|
ment tombantes. Il
aimait se sentir indis- |
|
plus là ! |
|
pensable et elle eut un peu de
peine pour le |
|
- Mais on pourrait
quand même essayer, |
|
président : on lui
avait signifié un peu trop |
|
tenta Martine. Après
tout, on l’a déjà fait |
|
rapidement qu’on
pouvait se passer de lui. |
|
les autres années. |
|
Elle tenterait de le
réconforter dès qu’elle |
|
- Parce que je
m’occupais de tout ! Bien |
|
en aurait l’occasion. |
|
sûr, quand tout va
bien, on croit que c’est |
|
|
|
facile, mais tu ne te
rends pas compte du |
|
|
|
travail inouï que ça
demande ! |
|
aniel revint alors
sur la terrasse, le |
|
Martine baissa la
tête et caressa triste- |
|
téléphone à la main
et un sourire |
|
ment le livre de
Françoise Bourdin posé |
D |
incertain sur le
visage. |
|
devant elle. L’annulation de la
fête la peinait |
|
- Qu’est-ce qui se
passe, mon chéri? |
|
sincèrement.
Jean-Paul prit un air contrit: |
|
- C’était Christophe. |
|
- Je suis désolé, Martine. Mais
je te laisse, |
|
- Qui est Christophe?
demanda Josy. |
|
je dois encore voir
les autres membres du |
- Mon fils. |
|
|
club, je tiens à leur
annoncer moi-même la |
|
Martine et Daniel
avaient passé des décen- |
|
mauvaise nouvelle… |
|
nies éloignés l’un de
l’autre et ils avaient |
|
Au moment où
Jean-Paul tournait les |
|
vécu leur vie. Alors que Martine
avait sage- |
|
talons, Josy s’écria: |
|
ment épousé Claude,
l’homme imposé par |
|
- Je n’ai rien à
faire cette semaine, moi. |
|
ses parents, Daniel avait
papillonné à droite |
|
Je peux aider
Martine. |
|
et à gauche avec une
insouciance de jeune |
|
Le président lui lança un regard
méfiant. |
|
homme. Entre deux
concerts, Daniel avait |
|
- L’aider à quoi ? |
|
même pris le temps de
faire des enfants. |
- ہ organiser votre kermesse!
|
- Tu as déjà organisé
une fête associa- |
(à suivre) |
tive, Josy?
|
Elle lui offrit son
plus beau sourire: |
Anne RONDEPIERRE |
La bonne cuisine
Grandes salades
de
printemps
César, niçoise et taboulé,
on bouscule ces classiques et leur sauce
pour en faire des plats complets, gourmands, sains et
originaux.
Taboulé
de
quinoa aux fraises
pour 4
personnes préparation : 25 min cuisson : 10 min
Ingrédients : 60 g de quinoa
• 350 g de
fraises de France • 1/2 concombre •2 oignons nouveaux • 1/2 botte de radis
roses •4 brins de menthe •4 brins de coriandre
(ou de basilic)
•1/2
citron (jus)
•4
c. à soupe d’huile d’olive •poivre •sel.
Réalisation
- Rincez le quinoa et faites-le cuire 10
min dans de l’eau bouillante salée. ةgouttez-le.
-ةqueutez les fraises et coupez-les en deux ou quatre,
selon leur taille.
Rincez et séchez le concombre, cou
pez-le en morceaux ou en tranches
fines. ةmincez
les oignons. Nettoyez
les radis et coupez-les en lamelles.
Effeuillez et ciselez les herbes. - Mettez tous ces ingrédients avec
le quinoa dans un saladier. Mélangez
le jus de citron et l’huile d’olive,
salez
et poivrez. Versez sur le taboulé et
remuez doucement.
- Servez
frais ou à
température ambiante.
par Caroline Alice
Salade César au poulet, tomates cerises
et avocats
pour 4 personnes - préparation : 25 min
- cuisson : 15 min
|
Ingrédients : 4
escalopes de pou- |
Réalisation |
Préparez la sauce: mélangez tous les |
|
|
-Faites cuire les œufs 6 min dans de |
ingrédients. |
let •16 tomates cerises •2 avocats
|
l’eau bouillante. |
-Mêlez les 3 salades et disposez-les |
•4œufs•1citron(jus)•2oignons
- Ouvrez et
dénoyautez les avodans les assiettes. nouveaux •8 tranches de lard •80 g
cats. ةpluchez-les et coupez-les en - Répartissez dessus les tomates de
mesclun
•80
g de jeunes pousses
lamelles. Arrosez de
jus de citron. cerises, les avocats, les escalopes, • 60 g de salade iceberg •copeaux
|
ةmincez les oignons
nouveaux. |
le lard, les œufs et les oignons. |
de parmesan •huile d’olive. Pour la
-Cuisez les escalopes
de poulet dans - Parsemez de copeaux de parmesauce: 300 g de fromage blanc •4 c.
une poêle huilée et
faites dorer les san, puis servez avec la sauce et des à soupe de vinaigre
de cidre
•2
c. à
tranches de lard dans
une poêle à sec. tranches de pain grillé. soupe de miel •poivre •sel.
La bonne cuisine
Taboulé de chou-fleur au pamplemousse
pour 4 personnes -
préparation : 20 min - pas de cuisson - réfrigération 1 h bouquets. Placez-les
dans le bol du les morceaux de pamplemousse. Ingrédients: 1/2 chou-fleur •1 pam
robot, mixez et
pulvérisez pendant Mélangez le tout avec le chou-fleur. plemousse rose bio •1 avocat •2 c.
à
15 s ou bien râpez-les finePréparez la vinaigrette: fouettez tous à soupe de
coriandre ciselée
•1
c.
ment. Transférez le
chou-fleur dans les ingrédients dans un bol. Versez à soupe de menthe
ciselée
•30
g
|
|
un grand saladier et salez immédia- |
cette vinaigrette sur la salade. |
|
de pistaches émondées •1/2 c. à |
|
|
|
café de sel Cérébos ةquilibre fin. |
tement. Mélangez bien et réservez. |
- Ajoutez la coriandre et la menthe, |
|
Pour la vinaigrette:
1 citron vert (jus) |
-Coupez les extrémités du pample- |
puis mélangez à nouveau. |
|
|
mousse, puis pelez-le à vif. Prélevez |
-Réservez au réfrigérateur pour 1 h. |
|
•5 cl d’huile d’olive •1 c. à soupe |
|
|
|
|
ensuite les suprêmes avec délica- |
- Pendant ce temps, concassez les |
|
de vinaigre de cidre • 1/2 c. à café |
|
|
|
de sel Cérébos ةquilibre fin. |
tesse. Recoupez chaque suprême |
pistaches au pilon ou à l’aide d’un |
|
|
en trois. |
grand couteau plat. |
|
Réalisation |
- ةpluchez l’avocat
et coupez-le |
-Au moment de servir, parsemez les |
|
- Coupez le 1/2 chou-fleur en petits |
en gros dés de la même taille que |
pistaches sur la salade. |
Salade de lentilles au
pamplemousse
pour 4 personnes
préparation : 20 min - cuisson : 10 min
Ingrédients:
300 g de lentilles corail • 2 pamplemousses roses •2 c. à soupe de baies
de goji
•2
c.
à
soupe de cranberries •100 g de copeaux de Sbrinz AOP •quelques brins de
ciboulette. Pour la vinaigrette: 2 c. à soupe de jus de citron ou d’orange •4 c. à café d’huile
d’olive
•2
c. à café de miel
•poivre •sel.
Réalisation
- Rincez les lentilles à l’eau claire et
faites-les cuire selon les indications du paquet. Passez-les sous l’eau froide
et égouttez-les.
- Pelez les pamplemousses à vif à l’aide
d’un couteau bien aiguisé, puis prélevez les suprêmes (c’est-à-dire la chair
sans la peau).
Préparez la vinaigrette: émulsionnez
tous les ingrédients.
-Assaisonnez
les lentilles avec la vinaigrette, mélangez. Ajoutez les baies de goji et les
cranberries, puis posez
les suprêmes de pamplemousse dessus.
Parsemez de
copeaux de fromage et de ciboulette
ciselée.
Salade niçoise aux gnocchis
pour 6 personnes
préparation : 10 min - cuisson : 20 min
Ingrédients
: 1 kg de haricots verts • 10 tomates cerises • 1/2 oignon rouge en tranches •100 g de thon à l’huile
d’olive •7 gdebeurre•1sachetdegnocchisàpoêlertraditionGiovanni
Rana
•4
œufs durs
•huile
d’olive extra-vierge •vinaigre de vin
rouge •poivre •sel.
Réalisation
-Plongez les haricots verts dans une
casserole d’eau bouillante
salée
et faites cuire 15 min. ةgouttez et laissez
refroidir. - Coupez les tomates cerises en deux, mettez-les dans un plat de
service avec l’oignon, le thon et les haricots verts. Mélangez. Assaisonnez
d’huile d’olive, de vinaigre, de sel et de poivre. - Faites fondre le beurre
dans une poêle. Ajoutez les gnocchis et laissez revenir à feu moyen en remuant.
- Transférez les gnocchis bien dorés
dans le plat. Ajoutez les œufs durs coupés en quartiers, mélangez et servez.
Nos amis les animaux
Des animaux à l’hôpital
Si ce type d’initiative reste rare en France, des établissements
hospitaliers commencent à ouvrir leurs portes à nos compagnons à quatre pattes,
pour le plaisir et le bien-être des patients.
|
|
es bienfaits de la
présence |
, les
propriétaires de chiens |
dans les services de soins
pallia- |
|
|
animale sur le tempérament |
et de chats à recevoir la
visite de |
tifs. Chiens, chats,
lapins, cochons |
|
L |
humain sont nombreux et |
leur compagnon à quatre
pattes. |
d’Inde ou tortues offrent
une paren- |
|
|
ont fait leurs preuves
depuis long- |
Pour les malades, les
bénéfices |
thèse enchantée aux
malades, |
|
|
temps. Néanmoins, les
hôpitaux, |
sont énormes. En plus de
les aider |
leur apportant un peu de
dou- |
|
|
qu’ils soient publics ou
privés, |
à mieux supporter leur
séjour à |
ceur. Si ce type
d’initiatives tend |
|
|
se montrent toujours
extrême- |
l’hôpital en leur
procurant bien- |
à se développer dans les Ehpad et |
|
|
ment réticents à l’idée
d’accueillir |
être, satisfaction et détente, conti- |
les instituts médico-sociaux, elles |
|
|
des bébêtes à poils ou à
plumes. |
nuer de voir leur animal constitue |
demeurent trop rares en
France, |
|
|
L’hygiène demeure le principal motif |
souvent une motivation
supplé- |
au sein des hôpitaux.
Certains, |
|
|
invoqué par les directeurs d’établis- |
mentaire pour aller mieux
et ren- |
heureusement, n’hésitent
pas à |
|
|
sements ainsi que par les
équipes |
trer à la maison. |
franchir le pas. Zoom sur quelques |
|
|
soignantes. Pourtant, un protocole |
Certains hôpitaux
organisent |
initiatives originales. |
|
|
très strict permet de réduire quasi- |
des séances de médiation animale |
|
|
|
|
|
William et ses chiennes |
|
|
ment à zéro les risques d’infection. |
(ou zoothérapie), notamment dans |
|
|
|
ہ ce jour, en
France, seul le ser- |
les services d’oncologie
pédia- |
William Lambiotte et ses
quatre |
|
|
vice de réanimation de l’hôpital |
trique, pour les enfants atteints de |
chiennes soignent les
troubles |
|
|
Cochin, à Paris, autorise,
depuis |
cancer, ainsi que pour les adultes, |
psychiatriques. ہ l’établissement |
par Karine Touboul
|
public de santé mentale de
la |
à l’extérieur. Les traitements médi- |
En 2016, Hassen décide de |
|
Somme, à Amiens, ce sont
les |
camenteux sont réduits, voire sup- |
quitter le monde de la
scène pour |
|
chiens qui soignent les
malades. |
primés. 325 patients, de 6 à 98 ans, |
rejoindre celui de
l’hôpital. Il fonde |
|
Tout commence en 2010. William |
ont été pris en charge par
William |
l’association Les Sabots
du cœur. |
|
Lambiotte, infirmier
psychiatrique |
et ses infirmières à
quatre pattes. |
Depuis maintenant six ans,
lui et |
|
au sein de l’établissement, possède |
|
Peyo interviennent à la
demande |
|
|
Peyo, le cheval médecin |
|
|
une double casquette, puisqu’il tra- |
|
des professionnels de
santé pour |
|
vaille également comme
compor- |
En 2011, Hassen
Bouchakour, |
apaiser et réconforter les
enfants |
|
tementaliste et éducateur
canin. |
cavalier et dresseur
équestre, fait |
atteints de cancer ainsi
que les |
|
Ayant constaté, depuis de
nom- |
l’acquisition de Peyo, un
étalon de |
adultes en soins
palliatifs. Comme |
|
breuses années, les multiples bien- |
six ans au tempérament fougueux. |
n’importe quel membre du
person- |
|
faits des chiens sur les
humains, il |
Ensemble, le tandem
parcourt le |
nel soignant, le cheval
déambule |
|
propose à sa direction de mettre en |
monde entier pour
participer à |
dans les couloirs des
établisse- |
|
place des séances de
cynothéra- |
des compétitions et se produire en |
ments hospitaliers de Calais, Lyon, |
|
pie (soins avec pour
médiateur un |
spectacle. Mais, au fil du
temps, |
Dijon, Angers et Le Mans.
C’est tou- |
|
chien, dit «thérapeutique»),
à des- |
Hassen remarque que sa
mon- |
jours lui qui mène la
danse puisqu’il |
|
tination des patients,
dont la plu- |
ture se dirige
spontanément vers |
choisit lui-même les
patients aux- |
|
part souffrent de
pathologies très |
les plus fragiles, comme les enfants |
quels il rend visite.
Accompagné |
|
lourdes, comme des bouffées déli- |
atteints de cancer ou les personnes |
d’Hassan et de l’équipe soignante, |
|
rantes, des crises de
paranoïa ou |
âgées ou malades.
Intrigué, il se |
il pénètre dans leur chambre. Avec |
|
d’importants accès de
violence, |
rapproche alors de
vétérinaires, |
une extrême douceur et une
infi- |
|
envers les autres ou
eux-mêmes. |
neurologues, psychologues et psy- |
nie tendresse,
l’impressionnante |
|
Depuis maintenant douze
ans, |
chiatres pour tenter de décrypter le |
bête pose son museau sur
leur |
|
William intervient avec
ses quatre |
comportement de son
cheval. |
main ou sa tête contre
leur épaule. |
|
chiennes, qui sont
devenues ses |
Durant quatre ans, des
études |
Une connexion magique se
crée. |
|
collègues de travail. ةvie et Fatou, |
sont menées, montrant que
Peyo |
Grâce à sa présence
bienveil- |
|
deux cavaliers king charles, Zoé, un |
possède un fonctionnement
céré- |
lante, «docteur Peyo»,
comme on |
|
golden retriever et Louna,
un ber- |
bral unique. Actuellement,
une |
le surnomme, réconforte
ainsi les |
|
ger allemand, composent
cette |
équipe de scientifiques
planche |
patients, permettant de réduire les |
|
équipe de choc. Les
séances, |
sur sa capacité instinctive à détec- |
doses d’anxiolytiques et
d’antal- |
|
prescrites sur ordonnance
par les |
ter les cancers et les tumeurs ainsi |
giques, et accompagne,
dans la |
|
médecins de l’hôpital, comportent, |
que sur son choix
d’accompagner |
paix et la sérénité, certains malades |
|
pour chaque patient, des
objectifs |
les personnes en fin de
vie. |
jusqu’à leur dernier
souffle. |
précis à atteindre, comme la
stimulation sensorielle, la motricité
Les animaux de la ferme aussi
ou encore la capacité à
commu
Depuis
l’été 2019, des ânes, poneys, moutons
niquer. Caresses, brossages, jeux,
et
poules ont élu domicile au sein des
promenades en laisse dans le parc
Hôpitaux
de Saint-Maurice (Val-de-Marne).
ou à l’extérieur du centre
et pique
L’association
آnes en ville, dont l’objectif est
niques avec les chiens font
partie
de
développer les contacts entre les hommes
du programme de soins.
et
les ânes, tout en créant des coins de
Bien que, scientifiquement
et
nature
en ville, a aménagé un espace extérieur
rationnellement, il soit
impos
de 10250 m, en plein cœur de ce complexe sible
d’expliquer les bienfaits de
hospitalier
de l’Est parisien. L’association
la cynothérapie, les
résultats sont
anime
ainsi des ateliers de médiation animale
impressionnants. Les
troubles du
destinés
aux patients des services de
comportement diminuent, l’anxiété
gériatrie
et de psychiatrie, ainsi qu’aux enfants
Peyo, un cheval
disparaît, l’estime de soi s’améliore. en suite de soins et en réadaptation.
au grand cœur.
Les patients s’ouvrent aux autres et
Allons au jardin
Le
chardon bleu
Roi
incontesté des Alpes
Plante emblématique des Alpes, le chardon bleu est aujourd’hui
une espèce rare et menacée. Rencontre avec cette belle des montagnes dont la
couleur bleu acier fascine les amoureux de la nature.
|
|
vec ses élégantes fleurs |
Hautes-Alpes, ainsi que
dans le |
si des mesures de
conservation |
|
|
bleutées, cette plante
her- |
massif de la Vanoise, en
Savoie. |
spécifiques n’étaient pas
prises. |
|
A |
bacée vivace a très tôt reçu |
Le panicaut des Alpes
apprécie |
Heureusement, le panicaut
des |
|
|
le nom de chardon bleu.
Pourtant, |
les sols calcaires, entre
1200 et |
Alpes est protégé au niveau national |
|
|
ce chardon bleu des Alpes (eryn- |
100 m
d’altitude. Il s’épanouit |
depuis l’arrêté du 20
janvier 1982. Il |
|
|
gium alpinum),également
appelé |
dans les
prairies aux herbes |
est donc formellement interdit de le |
|
|
panicaut des Alpes, n’a de chardon |
hautes, les pâturages et
les cou- |
cueillir, de l’arracher ou
de prélever |
|
|
que le nom. Il est en
réalité ratta- |
loirs d’avalanches. ہ noter que l’on |
tout ou partie de la
plante. |
|
|
ché à la famille des
Apiacées, des |
trouve également eryngium alpi- |
Le chardon bleu est
également |
|
|
plantes à fleurs qui
appartenaient |
numsur
d’autres sites en Europe, |
protégé au niveau européen dans le |
|
|
auparavant aux
Ombellifères. |
notamment dans le massif du Jura |
cadre du réseau Natura 2000, dont |
|
|
Ce chardon déguisé est donc un |
et dans les Dinarides, un
massif |
l’objectif est de maintenir la
biodiver- |
|
|
cousin de la carotte, de la coriandre |
montagneux des Balkans. |
sité de certains sites
naturels dans |
|
|
et du persil, et mesure 30 à 60 cm. |
|
l’Union européenne. Si la
cueillette |
|
|
|
Une espèce protégée |
|
|
|
Au sommet de sa tige se
trouve |
|
a fragilisé l’espèce, ce
ne fut pas la |
|
|
une inflorescence: de
minuscules |
D’une grande beauté, le
char- |
seule menace. L’évolution
des pra- |
|
|
fleurs blanches groupées
en tête |
don bleu des Alpes a été
victime |
tiques agricoles en
montagne l’a |
|
|
oblongue. Cette
inflorescence est |
de son succès et a
longtemps été |
également mise en danger.
Avec |
|
|
entourée, à sa base, d’une
dizaine |
l’objet d’une cueillette
intensive. On |
des terres fauchées et pâturées trop |
|
|
de bractées d’un somptueux
bleu |
en retrouvait des bouquets
séchés |
tôt dans la saison, les
populations |
|
|
métallique. Finement
découpées, |
dans chaque maison
traditionnelle |
de chardons bleus, qui n’avaient pas |
|
|
ces bractées forment une collerette |
alpine, mais aussi dans les établisse- |
le temps de monter en
graines, ont |
|
|
épineuse caractéristique. |
ments touristiques de la
région. On |
eu tendance à régresser. |
|
|
Surnommé «la reine des Alpes», |
le replantait à foison dans les
jardins. |
Des mesures de protection
ont |
|
|
le chardon bleu est une espèce qui |
Dès 1974, le botaniste
Pierre |
donc été mises en place
ces der- |
|
|
fleurit en juillet et
août. Il fait par- |
Gensac, professeur à
l’université |
nières décennies pour favoriser
le |
|
|
tie du patrimoine
naturel et culturel |
Savoie-Mont-Blanc de
Chambéry, |
panicaut des Alpes sans empêcher |
|
|
des Alpes depuis des siècles. Dans |
alertait sur une possible
disparition |
l’activité agricole. Parmi
celles-ci: |
|
|
certains villages, la fête
du char- |
du chardon bleu. C’est
«une plante |
une fauche et un pâturage
tardifs |
|
|
don bleu était un temps fort de l’an- |
très ramassée dont la
cueillette |
après la floraison, la clôture tempo- |
|
|
née. Aujourd’hui, on peut
encore |
devrait être interdite»
préconisait- |
raire de parcelles, le débroussaillage |
|
|
l’observer dans son
habitat natu- |
il. Depuis, l’Union internationale
pour |
pour limiter le
développement de |
|
|
rel. En France, les
populations les |
la conservation de la nature a classé |
plantes ligneuses,
l’aménagement |
|
|
plus importantes se
trouvent dans |
le chardon bleu parmi les
plantes |
de sentiers de randonnée
pour évi- |
|
|
la vallée du Fournel, au
cœur du |
proches du seuil des
espèces |
ter de piétiner cette flore fragile,
etc. |
|
|
parc national des ةcrins, dans les |
menacées ou qui pourraient
l’être |
Le chardon bleu est ainsi
devenu |
Trop cueillie
pour sa grande beauté,
la plante est
aujourd’hui protégée.
|
une espèce parapluie: en
le proté- |
que ces chardons bleus
n’ont pas |
températures jusqu’à -15 °C. L’hiver, |
|
geant, d’autres espèces végétales et |
été prélevés dans leur milieu naturel. |
il faudra surtout
veiller à le proté- |
|
animales, associées à
son écosys- |
Cette plante, qui fleurit en été, est |
ger de l’humidité et des attaques de |
|
tème, sont également
impactées. |
très appréciée des
insectes pollini- |
mildiou qui font pourrir
ses racines. |
|
|
sateurs (abeilles, bourdons et papil- |
|
|
Le chardon bleu au jardin |
|
|
|
|
lons). Elle doit être cultivée en
pleine |
Carole BOURSET |
|
Menacé, le panicaut des
Alpes |
terre, et non en pot,
car ses racines |
|
|
est donc rare à observer
dans son |
sont profondes et
pivotantes. Le |
|
Ne les confondez pas
milieu naturel. On peut
toutefois en chardon bleu a besoin d’un maxi
Le chardon bleu des Alpes est
plutôt
contempler dans de
nombreux jarmum d’ensoleillement, mais craint
simple à reconnaître, au jardin
comme
dins alpins en France,
notamment les
fortes chaleurs estivales. Il aime,
dans son milieu
naturel. Toutefois,
le merveilleux jardin
botanique du bien entendu, les jardins de mon
il ne faudrait pas le confondre
avec
col du Lautaret, dans les
Hautestagne,
mais peut s’épanouir ailleurs,
l’azurite (echinops
ritro).Si
ces deux
|
Alpes. Il s’épanouit également dans |
à condition d’être
planté dans un |
|
|
|
|
espèces végétales ne se
ressemblent |
|
les jardins et potagers.
Très déco- |
sol pauvre, frais et
bien drainé. Les |
guère, elles sont pourtant toutes
deux |
|
ratif, il permet de
réaliser de magni- |
semis précoces se font
dès l’au- |
appelées chardon bleu. Mais echinops |
|
fiques bouquets de fleurs séchées. |
tomne sous châssis non
chauffé |
ritroest, lui, un
véritable chardon. |
Il appartient donc à la famille
Vous pourrez vous en procurer des ou dès mai, directement en place.
des
Astéracées. C’est une plante qui
plants en jardinerie ou
sur les marPrenez
garde aux limaces et escar
pousse
spontanément sur le pourtour
chés. Attention toutefois: ils doivent gots,
friands des jeunes pousses!
méditerranéen,
se plaisant dans des
être vendus avec un
certificat offiLe chardon bleu est toutefois une
paysages de garrigue. On le
reconnaît
ciel mentionnant la date
et le lieu espèce végétale facile à vivre. Il ne
facilement à ses jolies
inflorescences
de récolte, et le nom du
cultivateur. nécessite ni arrosage, ni engrais,
en forme de petites boules
bleutées.
Cela vous permettra d’être
certain ne craint pas le gel et résiste à des
Enfant dans les roses trémières
Berthe
MORISOT (1841-1895)
|
Le musée des Veillées |
Collection privée |
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